Deux mois après le lancement du grand débat sur l'identité nationale, Eric Besson a tenu un premier rapport d'étape lundi après midi. Face aux journalistes, le ministre de l'Immigration a qualifié les travaux en cours d'"encourageants" et essayé de balayer les polémiques. Sans forcément convaincre.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Eric Besson a fait sien le proverbe lundi après-midi au ministère de l'Identité nationale. Face aux journalistes, réunis pour un premier rapport du sulfureux débat lancé début novembre, l'hôte des lieux n'a pas fait dans la demi-mesure: pour lui les travaux engagés se révèlent à ce stade "très encourageants". Mieux, le débat sur l'identité nationale, relayé dans le pays par des réunions publiques en préfectures et sur la toile via un site internet spécialement dédié, rencontre, toujours selon Eric Besson, "un immense succès populaire". On est alors loin, aux yeux du ministre, du tollé que suscite cette entreprise dans les rangs politiques - surtout à gauche, mais également à droite – et dans les milieux intellectuels.

Des polémiques que le ministre a pris soin de balayer lundi au cours de son intervention. Alors que de nombreuses voix ont réclamé la fin du débat, Eric Besson a confirmé que celui-ci serait pérennisé, sans doute tout au long de l'année 2010. En outre, le successeur de Brice Hortefeux a révélé que tout le spectre politique - "du Front national au Parti communiste" – participait, directement ou indirectement, à ces travaux. Enfin, et il s'agit sans nul doute du point le plus sensible de cette initiative, "le débat n'est pas focalisé sur l'immigration et l'islam", a martelé Eric Besson. A l'appui de sa sentence, le ministre a relevé que "moins d'un tiers" des 50 000 contributions postées en ligne employaient des mots-clés tels que "islam, voile, burqa ou immigration". "Les médias se sont focalisés sur quelques dérapages", a-t-il encore dénoncé. Signe que selon lui, et même si le nombre de modérateurs sur le site est passé en quelques semaines "de 3 à 25", "le caractère de défouloir raciste, donné par certains au débat, n'a pas fonctionné". Une conclusion qui, évidemment, est loin de faire l'unanimité.

Avant même ce premier bilan, François Bayrou avait qualifié le débat de "microcosmien". "C'est un sujet dont on a voulu l'utilisation pour capter des voix à des fins électorales, et que ça ne tourne pas bien", avait déclaré le président du Modem lundi matin sur les ondes de France Info. Dans l'après-midi, le PCF a lui demandé au gouvernement "de mettre un terme à ce débat" et à sa "surenchère odieuse de déclarations racistes, xénophobes et islamophobes". "C'est tout simplement obscène, indigne de nos valeurs républicaines", conclut le communiqué venu de la place du Colonel-Fabien. Du côté des Verts, Eric Besson est accusé de "faire du baratin" et ne trouve finalement que Frédéric Lefebvre pour venir à son secours ce lundi. Au cours d'une conférence de presse, le porte-parole de l'UMP a, à son tour, accusé l'opposition et la presse de "caricaturer" de débat. "Je considère que c'est grave", a-t-il ajouté.

 
Source : lejdd.fr   04-01-2010

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