Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a lancé l'idée d'un couvre-feu ciblé sur les délinquants de moins de 13 ans. Une réponse justifiée par la hausse des délits chez les mineurs pour le ministre. Une réponse électoraliste pour l'opposition.

Lors des "rencontres de Beauvau" organisées avec des élus de la majorité présidentielle mardi soir à Paris, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a avancé l'idée d'un couvre-feu ciblé sur les délinquants de moins de 13 ans.

La part des mineurs (dans la délinquance) a augmenté de près de 5% en un an, pour atteindre 18% a justifié le ministre, en ajoutant que cette délinquance des mineurs était également "de plus en plus violente, avec l'apparition d'armes blanches et d'armes létales". Elle est par ailleurs "de plus en plus jeune et elle se féminise", a-t-il souligné. Dans ces conditions, "je suis de plus en plus partisan d'une mesure qui aurait le mérite de la simplicité, de la lisibilité et de l'efficacité: qu'un jeune de moins de 13 ans qui aurait déjà commis un acte de délinquance ait une interdiction de sortie nocturne s'il n'est pas accompagné d'un adulte", a-t-il dit.

Les garçons ne seraient pas seuls visés par cette mesure, si elle était mise en pratique, dans la mesure où "sont apparues des bandes de filles", a-t-il constaté. Pour l'heure il ne s'agit pas d'une proposition mais d'une simple réflexion, a précisé le ministre. Si elle était retenue, il reviendrait aux préfets de prononcer ces interdictions de sortie.

"On se moque du monde"

Cette idée a aussitôt suscité les critiques de l'opposition. Le Premier secrétaire du parti socialiste Martine Aubry a rappelé sur RTL que 22 lois ont déjà été votées sur le thème de la sécurité depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy, avec, a-t-elle dit, des résultats qui pourtant s'aggravent sur ce terrain. Elle a aussi fait remarquer que les moyens matériels et humains étaient en baisse dans le projet de budget pour 2010. "Vous pensez vraiment qu'il va y avoir des policiers pour aller contrôler la nuit pour voir si un jeune qui est dans la rue a moins de 13 ans ou plus, s'il a été condamné et s'il peut sortir ? On se moque du monde", a-t-elle ajouté.

Pour elle, la solution est ailleurs: "On ferait mieux de remettre de la police de proximité, qui puisse accompagner les gens, aller rencontrer les familles, les convoquer, leur expliquer qu'il y a des choses qui ne vont pas", a-t-elle conclu.

 Source : lejdd.fr   04-11-2009