Sans avoir invité les autres syndicats, la CGT a défilé seule dans la rue jeudi 6 février contre le pacte de responsabilité. Force ouvrière, pourtant sur des positions similaires, appelle à la mobilisation le 18 mars prochain.
Ils étaient déjà plusieurs milliers de personnes dans la rue jeudi 6 février au matin (entre 3.000 et 35.000 à Marseille, entre 1.000 et 1.500 à Lille). Ils étaient entre 3.800 et 16.000 à Paris dans l'après-midi. Tous ont défilé à l'appel de la CGT contre le pacte de responsabilité. Mais aucun autre syndicat n'était invité.
Un scepticisme unanime
Pourtant, toutes les grandes formations syndicales doutent de l'efficacité du dispositif. Certes, quand François Hollande a annoncé son pacte, le 31 décembre dernier, seule la CGT avait annoncé une opposition totale. Mais elle a été imitée par les autres organisations après la conférence de presse de François Hollande, le 14 janvier, puis son discours de vœux aux acteurs de l'emploi la semaine suivante.
Force ouvrière (FO), FSU et Solidaires ont ainsi déclaré vouloir "refuser de signer un chèque en blanc au patronat". La CFE-CGC et la CTFC préfèrent rester optimistes mais craignent de ne pas avoir été entendus par le Premier ministre, qui a reçu les partenaires sociaux le 27 et 28 janvier. Quelques jours plus tard, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a dit à son tour, dans un entretien au Monde, avoir "beaucoup de doutes sur la volonté d'engagement du patronat".
Pourquoi la CGT défile seule
La CGT a choisi de faire cavalier seul et n'a contacté ni ses alliés dans les mobilisations contre la réforme des retraites (Solidaires, FSU, FO) ni la CFDT. Pourquoi ce choix? D'abord, la date de la manifestation avait été fixée en novembre dernier, avant l'annonce du pacte de responsabilité. A l'origine, la CGT voulait manifester "contre la politique d'austérité du gouvernement". Désormais, le mot d'ordre cible "le pacte d'irresponsabilité" de l'Etat.
Mais la CGT a pris le risque de la comparaison avec les défilés parisien et lyonnais de la Manif pour tous, qui ont rassemblé dimanche entre 100.000 et 540.000 personnes. "Le risque est de ne rien faire dans cette période et de laisser un boulevard au patronat ou à l’extrême droite", a expliqué Mohammed Oussedik, un membre de la direction CGT interrogé par l'AFP. "De toute façon, le gouvernement n'est sensible qu'au patronat ou à la droite", a estimé jeudi sur BFMTV son secrétaire général, Thierry Lepaon, citant les exemples de la révolte bretonne contre l'écotaxe ou du projet de loi Famille.
Les motivations de la direction de la confédération pourraient aussi être d'un autre ordre. Selon des sources syndicales, elle serait "sous la pression des militants". "La CGT n'a pas réussi à mobiliser contre la dernière réforme des retraites (celle du gouvernement Ayrault adoptée à l'automne dernier, Ndlr) et Thierry Lepaon (aux commandes de la CGT depuis le 22 mars 2013, Ndlr) n'a pas, à leurs yeux, encore fait ses preuves", explique-t-on.
Vers une journée d'action commune?
Même si elles n'ont pas été contactées, la FSU et Solidaires ont tout de même rejoint les cortèges jeudi à Bordeaux, Toulouse et Rennes. Jointe par l'AFP, Annick Coupé, dirigeante de Solidaires, s'est dite "assez surprise qu'il n'y ait eu aucune démarche nationale unitaire" pour préparer cette action alors qu'il existe des "convergences" entre son syndicat et la CGT. La CFDT, qui a pourtant signé une déclaration commune avec la CGT contre le pacte de responsabilité, a de son côté estimé que la mobilisation de jeudi était trop "anti-Hollande".
Force ouvrière a fait un autre choix : le syndicat laisse au gouvernement jusqu'en mars prochain pour faire avancer les choses. Afin de maintenir la pression, la centrale a annoncé une journée de manifestations le 18 mars, quelques jours avant le premier tour des élections municipales. Et, histoire de se démarquer de la CGT, FO a invité les autres organisations à la rejoindre. Si FSU et Solidaires ont déjà répondu par l'affirmative, Thierry Lepaon a affirmé qu'il "examinerait cette offre".
D'ici là, la phase de consultation autour du pacte de responsabilité sera terminée et le rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale sera rendu. Jeudi, Pierre Gattaz, le patron du Medef, a d'ailleurs proposé de rencontrer avant la fin février les syndicats. Ces derniers auront alors l'occasion de faire front commun.
Source : leJDD.fr 06-02-2014
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)