On le sait, la priorité du Gouvernement est la lutte contre le chômage. On sait aussi que le Président de la République, son Premier Ministre et la plupart des Ministres concernés ont dit et répété que la courbe du chômage serait « inversée » avant la fin de l’année 2013. Aucun économiste sérieux n’a jamais cru en cette promesse. Aussi faut-il, depuis un ou deux mois regarder avec beaucoup d’attention les chiffres donnés par Pôle Emploi et ne pas se contenter des commentaires gouvernementaux qui vont, bien évidemment, essayer de nous faire croire que l’objectif est atteint donc que la politique mise en œuvre était la bonne !...
Rappelons tout d’abord que Pôle Emploi considère qu’il y a trois catégories principales de « chômeurs »
Catégorie A : Ceux qui sont sans emploi du tout
Catégorie B : Chômeurs ayant exercé une activité réduite au cours du mois
Catégorie C : Chômeurs ayant exercé une activité réduite sur plusieurs mois.
La catégorie la plus médiatisée est évidemment la Catégorie A. Les catégories B et C correspondent à des emplois souvent très précaires de quelques heures par semaine.
Chômeurs de catégorie A : baisse de 0,6 %
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité (catégorie A) a chuté de 20.500 (-0,6%) en octobre en métropole et s'élève désormais à 3 275 200 personnes. "L'inversion de la courbe du chômage est entamée", "mais la bataille est devant nous, nous devons confirmer, amplifier, inscrire dans la durée", a déclaré Michel Sapin à l'AFP. Excepté les bons chiffres du mois d'août, en partie imputables à un "bug", le nombre d'inscrits à Pôle emploi en catégorie A (sans activité) n'avait plus baissé depuis deux ans et demi, en avril 2011. C’est donc un élément positif dans l’évolution du chômage en France.
Hausse des catégorie B (+3,7%) et C(+4%)
Si l'on prend en compte les chômeurs de catégories B (ayant exercé une activité réduite courte au cours du mois) et C (ayant exercé une activité réduite sur plusieurs mois), on arrive au chiffre record de 4.883.000 personnes inscrites à Pôle Emploi. En tout, les chômeurs de catégorie B ont augmenté de 3,7 % et ceux de catégorie C, de 4 %, soit une augmentation de 39.600 personnes pour ces deux catégories en octobre. Des chiffres qui doivent faire relativiser les précédents. D’ailleurs ils ont fait réagir Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste, vendredi sur i-Télé. Il "ne croit pas, loin de là", à une inversion de la courbe du chômage.
Radiations administratives en forte hausse ?
La fausse bonne nouvelle du mois de septembre, où un bug de l'opérateur SFR avait laissé croire à une baisse du nombre de chômeurs, ne s'est pas réitérée. Cette fois, les chiffres annoncés par Pôle Emploi ont bien été validés. Pour preuve, les cessations d'inscription pour défaut d'actualisation ont baissé de 7,4 % en octobre. Pas d'erreur technique donc, mais un autre chiffre est tout de même à signaler, celui des radiations administratives (absence à une convocation, déclarations inexactes ou mensongères, etc.) : sur le mois d'octobre, elles ont concerné 11.000 demandeurs d'emploi, soit une hausse de 25,8 % par rapport à septembre et + 35,5¨sur un an. Un chiffre qui aurait évidemment demandé quelques explications !... Mais Michel Sapin n'y voit pas de "phénomène particulier".
Incidences des contrats aidés
Bien évidemment les « bons chiffres » d’octobre sont dus, en très grande partie, à l’incidence des contrats aidés : « emplois d’avenir » ou « contrats de génération » et aussi aux stages de formation destinés aux jeunes. 100 000 devaient en bénéficier en 2013. Durant les trois premiers trimestres de 2013, ce sont 80 000 contrats qui ont été signés. Sur le seul mois d’octobre le nombre de personnes en contrats aidés en stage ou en formation a augmenté de 16 000 (chiffre à rapprocher des – 20 500 chômeurs de catégorie A)
Certes on ne peut que se réjouir pour les jeunes, notamment ceux qui sont sans qualification qui trouvent par ce biais une entrée dans la vie active et une rémunération. Ces emplois aidés contribuent à faire baisser le nombre des chômeurs chez les moins de 25 ans : - 2,3 % en octobre et – 4,5% sur les six dernier mois.
Selon le ministre du Travail, "l'inversion de la courbe du chômage des jeunes, amorcée il y a six mois, est déjà effective et s'inscrit dans la durée". "Il faut continuer à se battre pour faire baisser le nombre des chômeurs de toutes les catégories, celui des jeunes, évidemment, c'était le cœur de notre politique, mais aussi celui des plus âgés, et de ce point de vue là, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir", a-t-il poursuivi.
Trompe l’œil ou mesure efficace ?
La question qui se pose à propos de ces emplois aidés, qu’il fallait surement faire compte tenu de l’importance de la crise, c’est la pérennité de ces emplois, une fois que l’État sera libéré de ses engagements.
Si certains voient dans ces contrats jeunes un trompe-l'œil, pour d'autres, cette mesure est un motif de satisfaction supplémentaire : le ministre du Travail, Michel Sapin, a affirmé vendredi que les contrats de génération, idée phare de François Hollande, "marchent très bien" dans les petites entreprises où 15.000 contrats ont été signés, et "des dizaines de milliers" dans les grands groupes.
Conclusion (provisoire)
Contrairement à ce que disent les uns ou les autres à la lecture de ces chiffres il n’y a pas de victoire sur le chômage et il ne peut d’ailleurs pas en avoir avec une croissance qui va être voisine de zéro pour 2013 et qui est prévue à 0,9 en 2014. Avec près de 5 millions de chômeurs, un chômage de longue durée qui s’amplifie, des seniors de 50 ans qui peinent à retrouver un emploi, les mesures prises par le gouvernement sont-elles suffisantes. Probablement non !.. Et cela évidemment ils auront bien du mal à l’admettre…
Jean Pierre ECHAVIDRE
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