
Bernard Kouchner s'est dit opposé au retour forcé des Afghans en situation irrégulière dans leur pays. Interrogé sur ces propos, Eric Besson a dit qu'il n'était "pas là pour polémiquer".
Bernard Kouchner a gardé son franc-parler. Après avoir qualifié la semaine dernière le président afghan, Hamid Karzaï, de "corrompu", le ministre des Affaires étrangères s'est prononcé mardi contre l'expulsion du territoire français d'Afghans en situation irrégulière vers leur pays.
Près d'un mois après le retour forcé de trois Afghans à Kaboul, la polémique est donc loin d'être close. "Je pense que ce n'est pas comme ça qu'il faut faire, surtout quand on se bat là-bas (…) Je pense que ce n'est pas utile, je l'ai dit à Eric Besson (…) et au Président", a déclaré Bernard Kouchner sur France Inter. Si plusieurs élus de la majorité s'étaient exprimé en ce sens, le chef de la diplomatie française est le premier ministre à dire son opposition aux reconduites forcées en Afghanistan.
La mise au point de Besson
Interrogé à la sortie du conseil des ministres, Eric Besson a répondu qu'il n'était "pas là pour polémiquer avec Bernard Kouchner et [ses] collègues du gouvernement". Et de rappeler que le locataire du Quai d'Orsay "était présent à New York dans la même pièce que le président de la République quand il a annoncé des retours forcés". "J'imagine que s'il avait un désaccord majeur, il a eu l'occasion de s'en expliquer" avec Nicolas Sarkozy, a ajouté le ministre de l'Immigration, rappelant qu'en la matière, il prend ses "directives" auprès "du président de la République et du Premier ministre".
La reconduite à la frontière de trois Afghans le 20 octobre dernier avait créé une vive émotion. Outre les associations, plusieurs voix de la majorité s'étaient élevées pour dénoncer cette politique. Eric Besson, lui, avait justifié sa décision, estimant que le fait d'être originaire d'un pays en guerre n'ouvrait pas systématiquement la voie à l'accueil en France, assurant que d'autres reconduites de ce type suivraient, si la situation de leur région d'origine était jugée suffisamment sûre. Des propos qui n'avaient fait qu'attiser la polémique: peu après l'expulsion de ces trois Afghans, on apprenait que les trois hommes n'étaient pas originaires de la région de Kaboul, prétendument plus sûre, mais de trois provinces peu ou pas sécurisées.
Source : lejdd.fr 10-11-2009