Alors que les deux têtes de l'exécutif, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, devaient prendre dimanche 2 juin les arbitrages définitifs concernant la délicate réforme de la politique familiale, Ségolène Royal leur a adressé une mise en garde par média interposé.
«Il y a un modèle français de la politique familiale», a rappelé l'ancienne ministre de la Famille (2000-2002) pour mieux souligner qu'il s'agit de «quelque chose de très précieux» auquel «il faut toucher avec beaucoup de prudence».
Entre une baisse des allocations pour les plus riches ou un nouveau coup de rabot du quotient familial, quelle solution aura la faveur de l'exécutif? Le Premier ministre l'annoncera ce lundi 3 juin. Officiellement, les deux pistes sont encore sur la table mais une modulation des allocations familiales pour les ménages les plus riches semble tenir la corde.
«Que les plus hauts revenus aient les mêmes allocations, non! Ça sera revu», a prévenu le président de la République dès la fin du mois de mars. Jean-Marc Ayrault a glissé, mi-avril, que 15% des familles, les plus aisées, seraient concernées.
Royal évoque une «vraie question de société»
Attention, prévient là encore Ségolène Royal. Si la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes admet qu'«il faut résoudre le déficit de la branche famille», elle souligne que la question de «l'universalité des prestations» ne se pose pas à la légère. «Est-ce que demain on va aussi mettre des conditions de ressources pour les remboursements de soins?» s'interroge-t-elle. «C'est une vraie question de société.» Le débat divise, en effet, jusque dans les rangs de la majorité. «C'est vrai qu'au dessus d'un certain revenu les allocations familiales ont moins de sens», reconnaît-elle également. «La logique, c'est que les choses soient un peu plus justes.» En même temps, avance-t-elle, il ne faut pas décourager les plus aisés de contribuer, car «on a besoin de la solidarité des plus riches envers les moyens et les plus pauvres».
Le gouvernement s'est engagé à rétablir l'équilibre de la branche famille de la sécurité sociale d'ici à 2016 et à trouver un milliard d'euros en 2014. Selon le rapport du président du Haut conseil de la famille, Bertrand Fragonard, diminuer les allocations pour les ménages de deux enfants gagnant environ 5000 euros par mois et les diviser par quatre au-delà de 7100 euros, permettrait une telle économie. D'après un récent sondage, les deux tiers des Français y sont favorables.
Copé fustige les options envisagées par le gouvernement
De toute façon, souligne Ségolène Royal, «il faut préciser quel est l'horizon, en quoi est-ce que ça va sauver le système» et «comment est-ce qu'on règle le problème des ressources de la branche famille avant de rogner les prestations». «Est-ce que c'est juste que ce soient uniquement les salaires» qui payent les cotisations sur la famille, s'était-elle interrogée peu avant, glissant que «peut-être les revenus du capital» pourrait financer aussi la politique familiale.
Dans une interview à «La Provence», Jean-François Copé s'insurge, lui, contre les options envisagées par le gouvernement. «L'une ou l'autre constituerait une entaille incroyable au caractère universel de la politique familiale alors qu'elle est efficace», tonne le président de l'UMP, déplorant qu'«une fois encore, le gouvernement cherche à faire entrer dans la catégorie des riches une classe moyenne supérieure qui contribue par son travail à la réussite de notre pays».
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