
Malgré le refus par la direction du Modem de donner suite à son offre d'alliance en vue des régionales de 2010, la présidente de Poitou-Charentes ne désespère pas de parvenir à un accord, localement.
Elle le dit elle-même, elle est "obstinée". Lundi 7 décembre, Ségolène Royal, certes "déçue" par le refus de la direction du Modem de nouer alliance avec elle dès le premier tour des élections régionales dans son fief de Poitou-Charentes, est repartie à la charge. "Je ne baisse pas les bras", a-t-elle certifié au micro de France Info, moins de 48 heures après avoir créé le buzz du week-end politique en proposant "cinq places éligibles" sur ses listes à des responsables du Mouvement démocrate.
Toutefois, si son offre ne varie pas, la démarche si. Samedi, le lourd pavé qu'elle avait jeté dans la mare politique avait largement éclaboussé le congrès du Modem à Arras (Pas-de-Calais), obligeant ses leaders à se découvrir, le tout dans une certaine improvisation. Ce lundi, changement de tactique, la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 se détourne des cadors du parti pour se concentrer sur ses élus locaux
Bayrou change de ton
"François Bayrou doit leur laisser la possibilité de décider", a-t-elle jugé. "Je leur ai proposé de constituer un groupe autonome à l'assemblée régionale, ça me paraît tout à fait normal." Principale cible, Elisabeth Delorme Blaizot, seule élue Modem du conseil régional de Poitou-Charentes et qui, par le passé, avait déjà été approchée par la présidente Ségolène Royal. "J’ai été tentée par le poste de vice-présidente qu'on me proposait," a même reconnu cette dernière, dimanche, dans les colonnes du JDD, ajoutant que "sur la croissance verte, les énergies renouvelables, Ségolène fait des choses bien".
Insuffisant toutefois pour que l'élue centriste franchisse le Rubicon. Pour l'instant? Au Modem en tout cas, on semble prendre la menace au sérieux. Après avoir poliment décliné l'offre de Ségolène Royal dimanche, François Bayrou s'est montré moins aimable lundi matin, au micro d'Europe 1. "Ségolène Royal est un acteur souvent démonstratif du jeu politique français, ce qu'elle fait c'est souvent rigolo", a-t-il déclaré, grinçant, voire condescendant. "Je pense avoir été d'une clarté absolue, je pense qu'elle a parfaitement compris, je pense qu'elle sait exactement de quoi il s'agit", a-t-il enchaîné avec fermeté, visiblement soucieux de clore le plus rapidement possible cette embarrassante affaire.
De Guignol aux Simpson
Il faut dire, à sa décharge, qu'en plus d'avoir médiatiquement court-circuité le congrès d'Arras, Ségolène Royal a permis à la droite de railler à nouveau le positionnement politique, pas toujours très clair, du leader centriste. Jean-François Copé, notamment, s'est engouffré dans la brèche. "François Bayrou reste au fond de lui un homme de droite, (qui) a décidé de changer de personnage, de passer à gauche pour essayer de faire croire que c'est là qu'est son nouvel univers", a jugé, lundi matin, le patron du groupe UMP à l'Assemblée nationale. "Le moins que l'on puisse dire, c'est que je regarde avec beaucoup d'intérêt la manière dont les femmes et les hommes gauche l'accueillent", a-t-il ajouté, goguenard, faisant référence aux nombreuses voix, qui, au PS, ont une nouvelle fois fait part de leur opposition à toute alliance avec le centre.
Sur une même ligne ironique, Frédéric Lefebvre a lui renvoyé les deux "stars" du week-end dos-à-dos. "On a notre Grand-Guignol, pas quotidien mais assez régulier," a-t-il déclaré en conférence de presse. "C'est un feuilleton qui amuse peut-être les commentateurs mais je ne suis pas certain que cela amuse beaucoup les Français. Je suis même certain du contraire", a-t-il ajouté. Enfin, et toujours sur un ton hâbleur, Dominique Bussereau, adversaire direct de Ségolène Royal en mars prochain, s'est lui demandé "si la prochaine (offre d'alliance de sa rivale, ndlr), ce n'était pas de demander aux Simpson s'ils ne sont pas libres pour entrer sur la liste!". Une comparaison à faire rire… jaune François Bayrou.
Source : lejdd.fr 07-12-2009
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