
Les commémorations du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin ont fait la part belle au symbole et à l'émotion lundi, dans la capitale allemande.
Même la pluie, persistante en fin de journée, n'aura pas terni la fête. Un véritable "jour de fête", aux dires de la chancelière Angela Merkel, qui s'est emparé ce lundi des rues de Berlin. Vingt ans, jour pour jour, après la chute du Mur qui séparait en deux la capitale allemande, plus de 100 000 personnes, illustres ou anonymes, ont célébré avec ferveur et enthousiasme ce 9 novembre 1989 historique pour l'Allemagne, l'Europe, voire le monde. "Pour moi, cela a été l'un des moments les plus heureux de ma vie", a d'ailleurs témoigné la chancelière allemande, originaire de l'ex-RDA, face à la foule massée devant la porte de Brandebourg, en début de soirée.
Avant elle, plusieurs dirigeants étrangers, justement arrivés ensemble par l'imposante porte de Brandebourg, qui marquait la séparation entre Berlin Est et Berlin Ouest vingt ans plus tôt, ont également pris la parole. "La chute du mur de Berlin sonne aujourd'hui comme un appel à combattre les oppressions, à abattre les murs qui, à travers le monde, divisent encore des villes, des territoires, des peuples", a notamment déclaré Nicolas Sarkozy, qui a achevé son discours dans la langue de Goethe: "Wir sind Brüder, wir sind Berlin" ("Nous sommes frères, nous sommes Berlin", ndlr), a-t-il lancé avec force.
La surprise Obama
Tour à tour, le Britannique Gordon Brown, le Russe Dmitri Medvedev ou l'Américaine Hillary Clinton se sont eux aussi exprimés à la tribune, abrités sous un parapluie. La secrétaire d'Etat qui a d'ailleurs apporté un "cadeau" dans la capitale allemande, sous la forme d'un discours vidéo enregistré par l'un des grands absents du jour (avec l'ex-chancelier Helmut Kohl, affaibli par la maladie), Barack Obama. "Peu d'entre nous auraient prédit qu'un jour l'Allemagne unie serait dirigée par une femme venue du Brandebourg (ville siutée en ex-RDA, ndlr) ou que leur allié américain serait dirigé par un homme d'origine africaine", a déclaré le président des Etats-Unis. "Mais la destinée humaine est ce que les hommes en font".
Et en 1989, le peuple est-allemand a effectivement su forcer son destin. Seul, ou plus exactement avec le concours d'un homme, acclamé en héros aujourd'hui comme il y a vingt ans: Mikhaïl Gorbatchev. De Moscou, celui qui était alors secrétaire général d'URSS a observé d'un œil approbateur le délitement du régime autoritaire d'Erich Honnecker. "Vous avez laissé faire les choses courageusement et c'était plus que ce que nous avions escompté. Merci de tout cœur", lui a d'ailleurs chaudement rendu hommage Angela Merkel ce lundi, avant de franchir, en sa compagnie, mais également celle de Lech Walesa - qui, à la tête de Solidarnosc, avait mis au printemps 1989 un terme au joug communiste en Pologne - le Bösebrücke, premier poste-frontière à avoir été ouvert dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989.
Particulièrement marquant, ce moment ne fut pas le seul chargé en intensité lundi dans la capitale allemande. Wagner et Schönberg joués par l'orchestre du Staatsoper de Berlin, dirigé par Daniel Barenboïm - alors que l'image de Mstislav Rostropovitch, décédé en 2007, jouant du violoncelle au milieu de la foule au lendemain de la chute du Mur trottait dans les esprits - en a été un autre. Comme, lorsqu'aux alentours de 21 heures, Lech Walesa, sous les vivats de la foule, a poussé, entraînant les autres, le premier des mille dominos géants décorés par des artistes venus du monde entier et symboliquement dressés sur le tracé du "Mur de la honte". Un feu d'artifice très applaudi et le concert du groupe américain Bon Jovi ont alors clôturé ce jour d'unité entre les peuples. Un "jour de fête", assurément. Historique, à bien des égards.
Source : lejdd.fr 10-11-2009