
Rachida Dati, toute nouvelle eurodéputée, s’est déjà fait remarquer à Strasbourg. Mercredi 16 septembre, elle aurait copieusement insulté un de ses camarades lors d’une réunion du Parti populaire européen. Le motif? Jean-Paul Gauzès aurait refusé que lui soit accordée la rédaction d’un rapport sur les fonds spéculatifs. L'intéressée dément formellement.
Rachida Dati a de l’ambition. Elle vise la mairie de Paris en 2014, et à plus brève échéance, elle a de l’appétit pour un poste de député en 2012. Et dans l’immédiat, dans le cercle restreint du Parlement européen, l’ancienne Garde des Sceaux souhaitait se voir attribuer la rédaction d’un rapport – très attendu – sur les fonds spéculatifs, dont les députés européens du Parti Populaire européen (PPE) – où siègent l’UMP et le Nouveau Centre - doivent se charger. Rachida Dati a "eu quelques exigences pout ne pas dire quelques caprices", selon France Inter, ce jeudi matin.
Sauf que dans l’esprit de ses collègues du PPE, cela ne marche pas ainsi. Lors d’une réunion à huis clos du mouvement, il lui aurait été expliqué, rapporte le correspondant de la radio à Strasbourg, que "toute nouvelle élue, elle ne connaît rien à la procédure parlementaire européenne, très différente de celle de l'Assemblée nationale française et que, de surcroît, ses compétences en matière financière restent à démontrer". Le groupe du PPE lui propose alors un autre rapport, refusé aussi sec par l’ancienne ministre.
Rachida Dati dément
Jean-Paul Gauzès, eurodéputé français, spécialiste du sujet* et coordinateur du groupe, s’est alors proposé pour rédiger ce fameux rapport, "dans un souci d’apaisement", et avec toutes les personnes intéressées par le dossier, précise le journaliste. Mais ce refus et la porte de sortie envisagée par son collègue aurait tourné à l’incident. "Explosion de colère" de Rachida Dati, qui d’après des témoins, "agonit alors d’injures son collègue" et "finit par voter contre lui". Et le journaliste de conclure: "Du jamais vu dans une assemblée habituée à la mesure et à la concertation". Deux traits de caractères que Rachida Dati devra adopter rapidement si elle veut s’intégrer au Parlement européen où la médiatisation à outrance passe mal dans un univers parfois décrit comme très codifié et bureaucratique.
Une version fermement démentie par l'eurodéputé, qui a donné au Nouvelobs.com sa version des faits. "L’attribution des rapports s’est faite il y a 16 jours à Bruxelles. Il n’y a jamais eu de joute verbale entre nous. Je ne souhaite aucune polémique, juste faire mon travail de député européen le mieux possible. Je n’ai jamais été contactée par ce journaliste (de France Inter) qui a rapporté ces rumeurs. Je suggère qu’on me laisse travailler en paix", s'est-elle expliqué. Selon ses collaborateurs, joints par le JDD.fr, il y avait huit candidats à l'attribution de ce rapport. Et ce serait Gauzès qui se serait "auto-attribué" la mission. Rachida Dati aurait alors fait savoir sa "surprise": "Elle a fait une simple suggestion, pour débattre des modalités d'attribution. Elle ne se serait jamais permis de faire ça", raconte son camp, qui juge les propos rapportés par France Inter "inacceptables et absurdes". La députée, déjà raillé pour son engagement avant son arrivée au Parlement, "fait son travail alors que l'hémicycle est vide", font savoir ses collaborateurs. Au final, Rachida Dati s’est vu confier un rapport "sur la proposition de Règlement concernant le programme européen d'observation de la Terre (GMES)", rapporte le service de presse du PPE.
(*) : Il a été nommé coordinateur des députés PPE-DE à la Commission des Affaires économiques et monétaires.
Source : lejdd.fr 17-09-2009