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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 11:14














A trois mois de la conférence de l'ONU sur le climat où plus de 190 pays doivent unir leurs efforts contre le changement climatique, l'économiste Eloi Laurent, du Centre de recherches en économie de Sciences Po, dénonce le jeu de dupes qui risque d'avoir lieu du 24 au 29 décembre prochain à Copenhague.

 

 

Comment progressent les négociations en cours entre pays industrialisés et pays émergents sur la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre?


Les discussions sont au point mort depuis la conférence de Bali, en décembre 2007. Les pays développés ont un problème manifeste de crédibilité, lié d'une part à leur responsabilité historique dans le changement climatique, d'autre part à la faiblesse de leur engagement en faveur de l'adaptation dans les pays pauvres. D'après les experts du GIEC [ndlr : groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat], il leur faudrait diviser par quatre leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, voire davantage. Or, les propositions mises aujourd'hui sur la table par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon sont très loin de cet objectif.

L'autre point d'achoppement est celui du financement des mesures d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Ces derniers en seront les premières victimes, en particulier en Afrique où la pénurie d'eau pourrait concerner un quart de la population au cours des prochaines décennies, selon le GIEC. L'Asie est également concernée au premier chef. Les nations industrialisées ne peuvent pas demander au monde en développement une croissance soutenable sans y apporter un soutien financier substantiel. L'ONU estime que cette aide devrait se monter à 100 milliards d'euros par an. Or, là aussi, les engagements des pays riches sont loin d'être à la hauteur.

 

Dans un récent article, vous parlez de "grand bluff" de la part de l'Union européenne et des Etats-Unis. Pouvez-vous expliciter?


Avec le "paquet climat énergie", l'Union européenne conserve certes son leadership dans la lutte contre le changement climatique, mais le détail de l'accord est très en retrait par rapport à ses ambitions initiales et son efficacité écologique est douteuse quand on y regarde de près. Par exemple, le système communautaire d'échange de quotas d'émission [ndlr : marché carbone européen], sur lequel repose la stratégie européenne, a montré des limites évidentes dans la fixation d'un signal-prix suffisant et stable pour le carbone. Ce marché est également laxiste, car il autorise les Etats membres à réaliser jusqu'à 50% de leurs réductions d'émissions d'ici à 2020 en dehors du territoire européen, via les mécanismes de développement propre du protocole de Kyoto. Or, les évaluations disponibles de ce mécanisme montrent qu'un à deux tiers des projets financés n'aboutissent pas à de véritables réductions d'émissions.

De son côté, l'administration Obama s'est employée à donner des gages idéologiques aux Républicains et des assurances économiques aux Démocrates qui, mis ensemble, décrédibilisent la stratégie américaine de développement durable. La proposition actuellement en débat au Congrès, et soutenue par la Maison Blanche, fixe ainsi un objectif intermédiaire de réduction des émissions bien trop bas - 17% de réduction des GES par rapport à 2005 en 2020- pour brutalement accélérer la marche après 2020 - 42% de réduction en 2030 et finalement 83% en 2050. Les États-Unis vont donc rester englués au cours de la prochaine décennie, au mieux dans la procrastination, au pire dans une logique de concurrence déloyale reposant sur le gain économique espéré des efforts écologiques consentis par les nations concurrentes. En outre, il y a toujours un risque que le "Protocole de Copenhague" - si accord il y a finalement- ne soit pas ratifié par le Congrès américain, comme ce fut le cas de Kyoto, car la majorité démocrate est très serrée au Sénat.

 

Dans ces conditions, que peut-on espérer à Copenhague?


Si les engagements des pays industrialisés en restent là, jamais les pays émergents, en particulier la Chine et l'Inde, n'accepteront de se fixer d'objectifs contraignants de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. On sera néanmoins tenté, par principe, de ne pas critiquer le texte qui sortira des négociations de Copenhague, l'alternative étant l'échec pur et simple. Mais il faudra bien faire les comptes : comparer ce qu'exige la science à ce que peut la politique. On peut espérer, dans le meilleur des cas, la fixation d'objectifs ambitieux de réduction d'émissions pour les pays développés, des montants décents et prévisibles d'aide au développement durable pour les pays pauvres et peut-être une meilleure coordination internationale des marchés du carbone, qui ne permettront toutefois de résoudre qu'une partie du problème climatique, et encore à condition d'être sérieusement contrôlés. Il restera de toute façon aux États à mettre en place une véritable fiscalité sur le carbone.

 

            

Source : lejdd.fr  11-09-2009

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