
Angela Merkel a confirmé, jeudi 10 septembre à Berlin, que le constructeur automobile américain General Motors (GM) a décidé de vendre sa filiale allemande Opel à l'équipementier canadien Magna. GM avait annoncé plus tôt la vente de cette filiale à la société Magna, adossée à la banque russe Sberbank, comme le voulait le gouvernement de la chancelière allemande.
GM avait le choix entre le fonds belge RHJ International et le consortium russo-canadien conduit par Magna et Sberbank, dont le constructeur russe GAZ est partenaire. Il s'agit d'une victoire pour la chancelière allemande, qui a affiché sa préférence pour Magna-Sberbank. Et ce alors que les rumeurs d'une volte-face de GM, soudainement pris d'envie de conserver ses marques européennes, se faisaient plus denses.
ÉPIQUES NÉGOCIATIONS
Le pari politique était très risqué, tout comme pour son challenger social-démocrate (SPD), le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, qui s'était lui aussi publiquement engagé à sauver Opel et ses 25 000 emplois en Allemagne. Au total, GM emploie 50 000 personnes environ en Europe. Le vice-président de GM a précisé que l'offre de rachat prévoyait la fermeture progressive de l'usine d'Anvers, en Belgique, qui emploie plus de 2 000 personnes et compte de nombreux sous-traitants dans la région.
Le feuilleton Opel tient l'Allemagne en haleine depuis de longs mois. L'opinion publique allemande considère comme sienne la marque à l'éclair bien qu'elle soit depuis quatre-vingts ans dans le giron de GM. Après d'épiques négociations à Berlin, souvent de nuit, le sort d'Opel semblait scellé à la fin mai, quand GM et Magna étaient déjà parvenus à signer une lettre d'intention, avec la bénédiction des autorités allemandes.
L'américain était alors au bord de la faillite, et les pouvoirs publics, américains comme allemands, n'imaginaient pas accorder de massives aides financières, en prenant le risque que l'argent parte à l'étranger. Mais très vite, GM, sorti en quelques semaines d'un processus éclair de faillite qui lui a permis d'assainir ses finances, a voulu reprendre la main dans les négociations et jouer du rapport de force avec Magna. Quitte à reprendre tout le processus depuis le début.
Source : lemonde.fr 10-09-2009