
Si le nombre de chômeurs à la recherche d'un emploi à temps plein a légèrement baissé en juin par rapport à mai, le nombre total d'inscrits au Pôle emploi a augmenté... malgré un nombre de radiations important.
Sans champagne ni trompettes. Le gouvernement s'est félicité avec retenue après la publication des chiffres du chômage, hier lundi. Une «bonne surprise» pour le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, alors que Chrsitine Lagarde, ministre de l'Economie, s'est elle «réjouie».
Il faut dire que cette annonce de diminution de demandeurs d'emploi en juin intervient après onze mois consécutifs de hausse du nombre d'inscrits en catégorie A. De quoi noter un léger mieux sur le front du chômage à condition de ne pas se pencher trop près sur les chiffres et, en l'espèce, dans les lettres.
Catégorie A signifie que les chômeurs relevant de ce régime sont «à la recherche d'un emploi» (sic) et «n'ont pas travaillé dans le mois», dixit le ministère de l'Emploi. Ces infortunés étaient 18.600 de moins fin juin en métropole (-0,7% par rapport à fin mai), soit 2,524 millions de personnes tout de même.
En revanche, si l'on ajoute les chômeurs exerçant une activité réduite, classés eux dans les catégories B et C, le nombre global de chômeurs (c'est-à-dire A+B+C) a augmenté de 9.200 inscrits, pour représenter 3,634 demandeurs d'emploi en métropole, 3,850 millions avec les départements d'outre-mer.
Double tendance
C'est la première leçon à tirer de ces chiffres: l'emploi à temps partiel ne cesse d'augmenter: Fin juin, environ un tiers des inscrits, soit 1,110 million de personnes, exerçait une activité réduite. Ce qui est le miroir d'une double tendance.
Primo, les chômeurs ne restent pas les bras croisés en attendant un job à temps plein et acceptent de travailler avec des horaires réduits... et les salaires qui vont avec.
Secundo, c'est aussi le signe que les entreprises, aux trésoreries malmenées par les effets de la crise économique et aux carnets de commande de plus en plus réduits, se montrent de plus en plus prudentes et proposent des missions au coup par coup et calquées sur leur activité en fort ralentissement.
Ce qui pourrait expliquer l'amélioration constatée sur le front de l'emploi des moins de 25 ans, plus aptes à occuper ces emplois estivaux, notamment dans le secteur touristique.
Découragés ou radiés
Autre chiffre qui tempère l'espoir né de la publication de ces chiffres: si l'on prend en compte les chômeurs inscrits en catégorie E c'est-à-dire les demandeurs d'emplois en stage, en formation ou en maladie, ou encore les inscrits en catégorie E (contrats aidés) dont le nombre ne cesse de croître, plus de quatre millions de personnes étaient inscrites au Pôle emploi fin juin, sur une population active estimée à quelque 28 millions par l'Insee.
Le Pôle emploi, justement. Les chiffres communiqués hier indiquent que le nombre de demandeurs d'emploi sortis des chiffres du chômage en raison de la «cessation d'inscription [au Pôle Emploi] pour défaut d'actualisation» augmente de 19,3% fin juin par rapport au mois précédent.
En clair: 33.000 personnes qui étaient inscrites au chômage fin mai ne sont plus comptabilisées faute de s'être rendu au Pôle emploi. Sans doute des non-indemnisés ou des découragés par les lourds dysfonctionnements constatés au nouvel organisme de placement et d'indemnisation des demandeurs d'emploi... Ou encore tout simplement radiés par un système informatique qui a déjà fait montre de ses limites dans la bascule entre l'ANPE et le Pôle emploi.
Source : liberation.fr 28-07-2009