
A l'issue de la prière du vendredi, conduite par l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani dans l'université de Téhéran, des milliers de partisans du candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi, ont commencé à manifester vendredi 17 juillet, dans une première démonstration de force du camp contestataire depuis celle du 20 juin, qui avait dégénéré en affrontements violents avec les forces de l'ordre.
Dans son prêche, le premier depuis deux mois, Akbar Hachémi Rafsandjani, soutien du candidat conservateur modéré Mir Hossein Moussavi durant la présidentielle, a estimé que la confiance des Iraniens avait "été perdue" lors de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad et qu'elle devait être "regagnée".
"Notre principale mission est de retrouver la confiance que le peuple accordait", a-t-il poursuivi dans son prêche, diffusé par des médias iraniens. M. Rafsandjani a annoncé avoir une solution débattue au sein de l'Assemblée des experts et du Conseil de discernement, deux institutions qu'il dirige : il a alors appelé à la libération des manifestants encore emprisonnés. Dans cette situation, "il n'est pas nécessaire que des gens soient emprisonnés. Nous ne devrions pas laisser nos ennemis nous blâmer et nous ridiculiser pour des détentions. Nous devrions nous tolérer mutuellement", a-t-il proclamé.
Après le prêche, les partisans de Moussavi ont commencé à se rassembler dans le centre de Téhéran. Selon des témoins, la police, déjà déployée aux alentours de l'université, aurait rapidement essayé de les disperser. "La police a tiré des gaz lacrymogènes et frappé des partisans de Moussavi sur le boulevard Kaeshavarz. Les manifestants brandissent des centaines de drapeaux verts. Ils scandent 'Ahmadinejad, démission !'", a rapporté l'un de ces témoins à Reuters.
UN DES LEADERS DE L'OPPOSITION ATTAQUÉ
Des appels à se rendre à la prière ce vendredi, à l'université de Téhéran, avaient été lancés par les pro-Moussavi sur les sites Internet. Selon des témoins, notamment des partisans des Moudjahidines du peuple iranien, de nombreuses personnes avaient afflué en fin de matinée, sous le regard de dizaines de policiers et bassidjis (miliciens islamiques), déployés en nombre aux abords de l'université de la capitale. La police a interdit les véhicules dans certaines rues.
Selon l'un de ces témoins, pendant le sermon, ces partisans chantaient des slogans à la gloire de M. Moussavi, qui continue à dénoncer la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. "Libérez les prisonniers politiques !", scandait aussi la foule, où des hommes portaient des brassards verts, la couleur adoptée par Mir Hossein Moussavi lors de la campagne électorale.
Les deux leaders de l'opposition à Mahmoud Amhadinejad, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, avaient annoncé qu'ils se rendraient au prêche de M. Rafsandjani. Des hommes auraient attaqué M. Karoubi avant qu'il ne s'y rende. Son fils, dont les propos sont repris sur le site Internet de son parti, Etemad Melli, explique : "Lorsque mon père est descendu de la voiture à l'entrée de l'université [où se déroulait la prière], des hommes en civil l'ont attaqué et insulté et son turban est tombé. Ils ont tenu des propos insultants et outranciers à son égard." Une militante des droits des femmes, Shadi Sadr, a quant à elle été arrêtée par des miliciens et emmenée vers une destination inconnue.
Source : lemonde.fr 17-07-2009