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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 11:10










 

Il est toujours effrayant de voir une ville tout entière prise d'une boulimie de violence, d'une soif de vengeance semblant gagner chaque habitant comme un fulgurant virus. Dans le centre d'Urumqi, mardi 7 juillet, on ne pouvait voir un passant sans, à la main, un rude bâton, une barre de fer, un couteau ou un hachoir. Des Hans, la principale ethnie chinoise, désireux de se protéger ou se «venger des Ouïgours» les ayant attaqués dans la nuit de dimanche à lundi. Moins de trente-six heures après ces sanglantes émeutes qui auraient fait au moins 156 morts et plus de 1 000 blessés, la tension était toujours vive dans la capitale du Xinjiang.

 

La rumeur courait plus vite que les torrents des montagnes qui entourent la ville. On signale ici ou là des bandits ouïgours. Dans le centre commercial Wangfujing, par exemple, devant lequel arrivent en trombe trois camions bourrés de soldats armés de fusils d'assaut. Rien. Fausse alerte. Qu'importe, des groupes d'autodéfense se constituent au pied de chaque immeuble, à chaque carrefour. Même les jeunes filles se promènent avec, qui un tuyau de métal à la main, qui un bout de bois, avec la même frénésie d'imitation que pour le dernier téléphone portable à la mode.

 

Une bande de jeunes gens armés d'hétéroclites massues s'avance dans la rue Jie Fang Beilu. «Hans, unissez-vous» scandent-ils. «Il faut casser du Ouïgour, c'est à notre tour d'attaquer», dit un jeune homme de 18 ans environ. Des journalistes étrangers sont insultés, menacés de mort. Le groupe gonfle. Ils sont bientôt 150, 300, 600 et finissent par se diriger vers un quartier ouïgour. Quelques échoppes sont saccagées. Les forces de l'ordre, qui n'ont jamais cherché à désarmer les civils, utilisent finalement des gaz lacrymogènes pour les faire battre en retraite. «Rentrez chez vous, contentez-vous de défendre vos maisons et laissez-nous faire notre travail, crie un officier, ne vous en faites pas, on procède à beaucoup d'arrestations, là derrière.»

 

Plus de 20 000 policiers en renfort

 

Des arrestations, il y en aurait déjà eu plus de 1 400, selon les autorités. Et c'est cela qui a suscité une nouvelle poussée de fièvre mardi dans le quartier ouïgour de Liuda Shichang, devant la presse amenée sur les lieux. D'une ruelle, sort un groupe de plusieurs dizaines de femmes, pleurant et criant «Rendez-nous nos hommes !» L'une d'elles montre une vidéo sur son téléphone, où l'on voit des policiers chinois fouiller des maisons. «Ils ont emmené les hommes de 18 à 30 ans», dit-elle. Des hommes arrivent et la foule réunit vite plus de 200 personnes.

Les photographes mitraillent une vielle femme qui marche seule face aux blindés en s'appuyant sur sa canne. Le face-à-face va durer une heure, les manifestants étant cernés d'un côté par les hommes en treillis camouflés de la police armée populaire, équipée de blindés légers, et de l'autre par les forces spéciales de la police en tenue noire. Selon l'agence Chine nouvelle, plus de 20 000 hommes ont été envoyés en renfort au Xinjiang. Un début d'échauffourée, puis, les policiers laissent une porte de sortie à la foule pour qu'elle se disperse.

À côté d'une concession automobile appartenant à des Hans et entièrement brûlée, un quincaillier raconte avoir vu 300 Ouïgours débarquer vers 20 heures dimanche et s'attaquer à tout ce qui était han - magasins, voitures puis passants.

 

Blocage d'Internet et des télécommunications

 

Tout avait apparemment commencé quelques heures plus tôt sur la place du Peuple, par une marche d'étudiants protestant contre l'indifférence des autorités chinoises face au lynchage de deux travailleurs migrants ouïgours dans le sud de la Chine, le 26 juin dernier. Faisant suite à la dispersion de la manifestation par la police, des groupes d'Ouïgours se seraient alors attaqués à la communauté han dans plusieurs quartiers. Avant d'être à leur tour sévèrement réprimés. Mardi, les autorités ne pouvaient fournir de bilan différencié des victimes hans ou ouïgoures.

«L'incident du 26 juin était un simple problème d'ordre public, qui a été résolu, affirmait mardi Li Zhi, patron du PC d'Urumqi, et il a été exploité par les organisations ouïgoures de l'extérieur.» Il affirme avoir des preuves d'une mobilisation des manifestants par Internet puis par QQ, une sorte de MSN chinois, dans les deux jours qui ont précédé les violences. L'homme fort de la ville a ainsi justifié le blocage d'Internet et des communications téléphoniques avec l'étranger par la nécessité d'éviter la propagation des troubles. Sur un plan moins virtuel, Urumqi était mardi placée sous couvre-feu à partir de 21 heures. Pour Li Zhi, la région est clairement en train de vivre «ses plus graves événements depuis soixante ans».

 




Source : lefigaro.fr  08-07-2009

   

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