
Satisfaction et prudence. Avec 36 400 demandeurs d'emploi supplémentaires en mai, la hausse du chômage continue à un rythme certes élevé, mais bien moins fort que les mois précédents. Elle a été de 1,5 % après 2,4 % en avril, selon les chiffres publiés par Bercy jeudi 25 juin.
Pour la ministre de l'économie, Christine Lagarde, "la décélération du nombre de chômeurs constitue un signal relativement encourageant dans le contexte de la crise". Dans cette même catégorie, on dénombrait 58 500 chômeurs de plus en avril, 63 400 en mars et 90 000 en février. Le nombre de chômeurs atteint désormais 3,62 millions si l'on ajoute à ceux qui n'ont pas d'activité du tout les personnes exerçant une activité réduite. Au total, 563 300 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés entre mai 2008 et mai 2009.
Le chiffre de mai, moins pire que les autres, amorcerait-il une décrue ? C'est peu probable. Bercy et les économistes restent très prudents. Mme Lagarde estime que "la dégradation de l'emploi devrait se poursuivre pendant plusieurs trimestres" car la France n'est pas encore sortie de la récession. Selon l'Insee, la croissance devrait rester négative au cours du prochain trimestre et trop faible au cours du dernier.
"Pour arrêter de détruire de l'emploi, explique Eric Heyer de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la croissance doit tourner autour de 1,6 % par an, soit 0,4 par trimestre en moyenne. Or, elle est annoncée par l'Insee à - 0,2 au troisième trimestre et autour de zéro au quatrième." L'Insee prévoit la destruction de 700 000 emplois dans les secteurs marchands en 2009 et un taux de chômage qui dépasserait les 10 % en fin d'année. Les jeunes risquent encore de payer le plus lourd tribut. En mai, le chômage des moins de 25 ans a encore progressé de 1,7 %. Sur un an, la hausse est de 41 % contre 24,2 % pour les 25-49 ans et 20,5 % pour les 50 ans et plus.
Pour expliquer le moins mauvais chiffre du mois de mai, le gouvernement invoque les mesures mises en place depuis le début de la crise, tout particulièrement le "renforcement de l'indemnisation du chômage partiel".
ACCALMIE DE COURTE DURÉE
La plupart des autres dispositifs - extension des zones d'expérimentation du contrat de transition professionnelle, conditions plus avantageuses pour les salariés en convention de reclassement personnalisé, mesures en faveur des jeunes avec l'apprentissage et les contrats de professionnalisation -, ne produiront leurs effets que dans les prochains mois.
Le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, se montre lui aussi prudent mais il voit dans les derniers chiffres des signes positifs. "On constate une forte baisse des entrées à Pôle emploi : - 7,1 %, dit-il. Il y a, pour la première fois depuis longtemps, moins d'entrées au chômage que le mois précédent."
Les chiffres de mai montrent aussi un transfert de la catégorie de ceux n'ayant aucune activité vers ceux qui sont au chômage avec une activité partielle. "Cela signifie que les gens travaillent un peu plus", explique M. Charpy.
Une autre explication est possible. Au cours des mois précédents, les entreprises se sont massivement séparées des intérimaires et des salariés en contrats à durée déterminée. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, le président (Medef) de l'Unedic, "les entrées au chômage pour fin de CDD et de missions d'intérim se tarissent et les entreprises ne se sont pas encore massivement attaquées aux CDI". Selon Pôle emploi, les entrées au chômage pour fin de CDD ou de mission d'intérim ont en effet reculé respectivement de 7,1 % et de 14,5 %.
L'accalmie risque d'être de courte durée. La multiplication des plans sociaux attendue cet été et à la rentrée, qui concerneront pour beaucoup des salariés en CDI, risque de faire bondir de nouveau les chiffres du chômage. "Nous nous attendons à une rentrée difficile", confesse M. Charpy.
Source : lemonde.fr 27-06-2009