Selon le ministère iranien de l'Intérieur, le président sortant a remporté le scrutin de vendredi dès le premier tour, avec 62.63% des voix. À Téhéran, des milliers de partisans de son rival battu, Mir Hossein Moussavi, manifestent en criant «dictature, dictature !».

Victoire en vue pour le président Ahmadinejad. Avec 62.63% des voix dès le premier tour, selon un ministre, le leader controversé n'a pas attendu les résultats définitifs pour annoncer sa victoire.

L'agence officielle iranienne IRNA l'a confirmée en début de matinée. Ses partisans ont aussitôt défilé dans les rues de Téhéran en agitant des drapeaux, en scandant «Allah Akbar» («Dieu est grand»).

Pourtant, la situation n'est pas aussi simple qu'il y paraît : son principal rival, le réformateur Mir Hossein Moussavi, qui aurait recueilli 33.75% des suffrages, revendique également la victoire et dénonce des fraudes. Une situation sans précédent dans la République islamique. L'ancien premier ministre s'est proclamé «nettement vainqueur» au cours d'une conférence de presse tôt samedi matin, citant des informations «en provenance de tout l'Iran». Il a accusé le régime de «manipulation du vote populaire» pour maintenir son adversaire ultraconservateur au pouvoir et laissé entendre que le camp des réformateurs allait contester les résultats.

«Il est de notre devoir de défendre le vote populaire. On ne peut pas revenir en arrière», a-t-il lancé. Le candidat réformateur a dénoncé des irrégularités comme la fermeture de bureaux de votes, là où des électeurs attendaient encore leur tour, où l'expulsion d'observateurs de certains bureaux de vote.

«Peur qu'ils aient joué avec le vote du peuple»

Vers 15h30 (13 heures à Paris), plusieurs milliers de partisans de Moussavi se sont rassemblés place Vanak, au centre de Téhéran, lançant des slogans hostiles au gouvernement, comme «dictature, dictature» ou encore «démission du gouvernement de coup d'Etat». Plus au sud, quelques centaines de jeunes qui manifestaient près du ministère de l'Intérieur ont été dispersés brutalement par la police, avant de se rassembler à nouveau.

Dans la matinée, des heurts ont déjà opposé la police à ses partisans descendus dans la rue pour protester, à Téhéran. «Ils ont ruiné le pays et ils veulent le ruiner encore plus pendant les quatre ans qui viennent», ont-ils lancé devant le QG de campagne de leur candidat, alors que la police tentait de les disperser à coups de bâton et de coups de pieds. «Nous resterons ici, nous mourrons ici», criaient-ils alors qu'une femme était frappée d'un coup de bâton dans le dos par un policier. «J'ai peur qu'ils aient joué avec le vote du peuple», a dit une autre femme.

La police a également demandé aux gérants de magasins des environs de fermer leur boutique.

Les résultats définitifs sont attendus dans la soirée de samedi, selon la télévision d'Etat, mais une chose est sûre, la participation au scrutin de vendredi a été très forte, atteignant environ 75% des 46,2 millions d'électeurs inscrits selon le ministère de l'Intérieur. Les files d'attentes étaient telles par endroits que la fermeture des bureaux a été repoussée de six heures, à minuit, heure locale (21h30 à Paris).

Pendant le vote vendredi, certains moyens de communication ont été perturbés dans le pays et le restaient samedi : les SMS très utilisés par les jeunes ne passaient plus et les connections à Internet ont été considérablement ralenties, tandis que des sites soutenant Moussavi étaient bloqués ou difficiles d'accès.

Signe des tensions qu'a suscitées la campagne, le ministère de l'Intérieur a annoncé que tous les meetings et les réunions politiques seraient interdits jusqu'à l'annonce officielle des résultats.

Source : lefigaro.fr  13-06-2009