
C'est une première dans l'histoire de la France républicaine. Nicolas Sarkozy va s'exprimer devant le Parlement réuni en congrès à Versailles, le 22 juin prochain. Une pratique impossible depuis 1875, qui a été autorisée lors de la révision constitutionnelle votée par ce même congrès le 22 juillet 2008. Fort du succès de la majorité présidentielle aux européennes, - qui a rassemblé 27,87 % des suffrages, loin devant le PS (16,48 %) et la liste écologiste emmenée par Daniel Cohn-Bendit (16,28 %) - le chef de l'État "souhaite exposer [aux Français] les orientations qu'il leur propose, tant pour ce qui est de [la] politique européenne que pour ce qui concerne son projet économique et social", a annoncé jeudi soir l'Élysée dans un communiqué .
Dès le lendemain du scrutin européen, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il tirerait rapidement les leçons politiques de cette victoire en engageant une deuxième "étape" de son mandat. "Ce succès aux élections européennes commande d'aller plus loin. L'Europe doit changer. Les réformes doivent continuer", avait-il indiqué, promettant "des initiatives ouvrant de nouveaux chantiers". Le locataire de l'Élysée avait alors ouvert une phase de "consultation" en recevant, dès lundi, les responsables des partis représentés au parlement de Bruxelles. "Je vais prendre quelques jours pour réfléchir calmement", avait-il confié à la presse, avant de prendre "les décisions qu'il faudra pour poursuivre le travail et obtenir des résultats".
Le remaniement n'interviendra qu'après ce discours
Après avoir examiné la possibilité d'une "réunion publique" ou d'une intervention télévisée, Nicolas Sarkozy a finalement choisi d'exposer le fruit de ses réflexions aux Français dans le cadre solennel du château de Versailles, devant les deux chambres du Parlement. La déclaration du président de la République sera suivie d'un débat sans vote qui se tiendra en son absence, comme le permet le nouvel article 18 de la Constitution. Selon des responsables de l'UMP et des ministres, Nicolas Sarkozy devrait retenir la lutte contre la crise, la défense de l'environnement et la réforme de l'État et des collectivités locales parmi les priorités de son action pour les prochains mois. Après la percée écologiste au scrutin européen, il s'est lui-même présenté mardi, lors d'un déplacement en Savoie, comme un champion de la cause verte et a promis de faire de la France un "leader" en matière d'énergies renouvelables .
Ce n'est qu'après cette phase d'explication que devrait être annoncé le remaniement gouvernemental tant attendu, rendu nécessaire par le départ du ministre de l'Agriculture Michel Barnier et de la garde des Sceaux Rachida Dati, tous deux élus au Parlement de Strasbourg.
Source : lepoint.fr 12-06-2009