
Le négociateur en chef de la Turquie pour l'adhésion à l'Union européenne rejette le "partenariat privilégié" prôné par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel comme alternative à l'intégration pure et simple. "La Turquie sera membre à part entière de l'UE ou pas du tout", tranche Egemen Bagis dans un entretien publié dans Le Monde daté de samedi. "Ce statut de "partenaire privilégié" n'a aucune base légale sinon nous le serions déjà", ajoute-t-il en invoquant que la Turquie, avec ses cinq millions de ressortissants sur le territoire de l'UE, est "déjà dans l'Europe (...) L'Europe a besoin de la Turquie, au moins autant que la Turquie a besoin de l'UE".
Partisan d'une accélération du rythme des réformes Egemen Bagis qui incarne l'aile libérale du parti AKP au pouvoir, regrette ce qu'il présente comme une posture électoraliste. Le président français et la chancelière allemande ont en effet réaffirmé pendant la campagne pour les élections européennes du 7 juin, dont ils sont tous deux sortis vainqueurs, leur opposition à l'adhésion de la Turquie, pour laquelle les négociations ont pourtant commencé en octobre 2005. Les négociations ont été freinées par le blocage de certaines réformes en Turquie et, surtout, huit chapitres des pourparlers n'ont pu être ouverts en raison de l'occupation par les troupes turques d'une partie de Chypre, membre de l'UE. "Malheureusement, en période de campagne, certains politiques utilisent des arguments qu'ils n'ont pas besoin d'utiliser. Les leaders européens devraient se concentrer sur la manière de résoudre nos problèmes communs", explique le négociateur. Or la Turquie peut selon lui aider à résoudre les problèmes des décennies à venir comme la sécurité énergétique, la défense, le trafic d'êtres humains, l'intégration des immigrants, la crise économique, le terrorisme ou l'islamophobie.
Le nouveau négociateur turc, nommé en janvier dernier, vante le bilan des réformes menées en Turquie mais reconnaît que certaines d'entre elles sont ralenties notamment par l'opposition. "Ils font de l'obstruction. Quand, en plus, des leaders européens découragent l'opinion publique, ça n'aide pas."
Source : lepoint.fr 10-06-2009