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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 05:25







Les membres du Parlement ont montré à plusieurs reprises que leur connaissance des enjeux techniques de la loi Hadopi laisse à désirer. Or, des solutions très simples suffisent à contourner les dispositions prévues par le texte antipiratage, et semblent être passées inaperçues ou presque dans l'hémicycle.

Le peer-to-peer (P2P) est le nom, quelque peu technique certes, d'une méthode de téléchargement sur Internet. Une grande partie du téléchargement illégal utilise cette technique pair-à-pair, c'est-à-dire d'ordinateur à ordinateur, sans passer par un serveur central. Mais le P2P est aussi utilisé pour des objectifs légaux, par des éditeurs de logiciels pour diffuser des mises à jour par exemple. Bête noire des ayants droit, le P2P est la cible principale du projet de loi Hadopi, dont l'examen est à nouveau en cours à l'Assemblée après son rejet surprise le 9 avril .

 

Le peer-to-peer, "quelque chose de très positif"

 

Plusieurs sites, tels que l'Hebdo Cinéma (Canal+) ou encore Bakchich.info , ont interrogé des députés sur le piratage, et le résultat est éloquent. Le peer-to-peer, "c'est quelque chose de très positif et qu'il faut encourager", explique, très sûr de lui, Henri Plagnol, député UMP du Val-de-Marne, confondant visiblement le P2P avec le Web 2.0. "Moi je parle français, excusez-moi", tonne Jean-Pierre Grand, député UMP de l'Hérault, lorsque la journaliste l'interroge sur la signification des termes peer-to-peer et streaming . "L'expliquer, non, parce que c'est de la technique", s'excuse Guénaël Huet, député UMP de la Manche, en réponse à la même interrogation. "Je sais ce que c'est... c'est difficile à expliquer", tente, hésitant, André Vallini, député PS de l'Isère. Enfin, honnête, Charles de la Verpillière, député UMP de l'Ain, reconnaît : "Je ne sais pas ce que c'est." Les journalistes de Canal+, quant à eux, demandent aux députés si le peer-to-peer est plus dangereux que le BitTorrent, alors que le BitTorrent n'est pas différent du P2P, c'est une technique de peer-to-peer parmi d'autres. Un véritable guet-apens dans lequel les députés se jettent allègrement, le ton assuré, avec des arguments pour le moins inattendus.

 

"Que les députés ne sachent pas ce genre de chose, c'est normal"

 

À quelques exceptions près, aucun des députés interrogés ne semble avoir compris ce qu'est le peer-to-peer. Une ignorance d'autant plus grave que les "technophiles" ont déjà des solutions de repli. Sur ce sujet, lepoint.fr a contacté Marc Rees, rédacteur en chef du site spécialisé PCInpact, qui suit de près le débat. "Que les députés ne sachent pas ce genre de chose, c'est normal : une loi n'est pas faite pour entrer à ce point dans les détails techniques. Mais les députés devraient au moins exiger des réponses de Christine Albanel avant d'appuyer sur le bouton de vote", explique le journaliste, faisant référence notamment au flou entretenu, par le ministère de la Culture, autour des logiciels de sécurisation qui seront presque imposés aux internautes pris sur le fait. Ces logiciels pourraient être équipés d'un mouchard afin de permettre à l'Hadopi de surveiller la légalité des fichiers échangés sur Internet.

 

Retour aux échanges physiques et cryptage

 

"De très nombreuses solutions de contournement existent", selon Marc Rees. Quelques techniques très simples existent déjà à grande échelle. "Un retour aux échanges physiques est à prévoir, grâce aux clés USB, aux DVD mais aussi aux BluRay", estime Marc Rees. Les e-mails peuvent aussi être cryptés, pour cacher d'éventuelles pièces jointes. Le streaming, qui permet de consulter un fichier multimédia sans le télécharger sur son ordinateur, est un phénomène en plein boom, avec des sites légaux, mais aussi des plates-formes illégales gigantesques. Certains sites permettent par exemple de visionner des milliers d'épisodes de séries télé et de dessins animés ( Lost , Friends , How I met your Mother , Les Simpson , South Park , etc.), le tout étant classé par ordre alphabétique.

 

Selon Marc Rees, l'utilisation des réseaux privés virtuels (VPN) devrait exploser. Pour simplifier, il s'agit d'utiliser un ordinateur basé à l'étranger, dans un paradis informatique (en Argentine, par exemple), pour télécharger des fichiers illégalement. Une fois les documents téléchargés sur l'ordinateur étranger, un réseau crypté indétectable les rapatrie sur l'ordinateur de l'utilisateur, en France. Cela permet à l'internaute français de se cacher derrière une identité étrangère lors du téléchargement sur les réseaux peer-to-peer, et ainsi de tromper l'Hadopi, qui ne verra qu'une identité numérique (adresse IP) située hors de la France. Des sites gratuits existent, et des solutions payantes offrent des niveaux de sécurisation extrêmement élevés, pour cinq à six euros par mois. C'est plus rapide, plus simple, et moins cher que les logiciels de sécurisation que la loi Hadopi prévoit de faire installer aux internautes français, en cas de constat de téléchargement illégal. "L'acteur raisonné ira voir du côté des réseaux privés virtuels", prévoit Marc Rees.

 

Une dépense de l'État au bénéfice d'acteurs étrangers

 

"Des acteurs économiques étrangers vont profiter de la loi française, alors que l'État dépensera des dizaines de millions d'euros", explique le journaliste spécialisé, qui regrette cet état de fait, car "ces cinq ou six euros par mois auraient pu revenir aux ayants droit". Les débats sur la loi Hadopi sont toujours en cours à l'Assemblée, et devaient être clôturés demain par un vote solennel. La complexité du problème a entraîné un nouveau report du vote au 12 mai prochain.

 

Source : lepoint.fr   05-05-2009

 

 

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