
Les rebelles des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) meurent mais ne se rendent pas. Encerclés dans un étroit périmètre dans le nord-est de l'île, Ils continuent d'opposer une forte résistance à l'armée du Sri Lanka, malgré les appels à déposer les armes.
«Boucliers humains»
Les rebelles ne contrôleraient plus qu'un territoire de 10 à 12 km². Des milliers de civils sont encore pris au piège par les combats.
L'armée a affirmé par la voix de son porte parole que «des combats sporadiques se produisent mais la priorité est d'évacuer les civils». «Nous pourrons venir à bout (des rebelles) très vite, dès que les civils seront partis», a-t-il ajouté.
Hier, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est adressé directement aux Tigre tamouls. «Les membres du Conseil de sécurité condamnent fermement les LTTE, une organisation terroriste, pour avoir utilisé des civils comme boucliers humains et leur avoir interdit de quitter la zone de conflit», a déclaré l'ambassadeur du Mexique Claude Heller, qui préside le Conseil.
«Nous exigeons que les LTTE déposent immédiatement les armes, renoncent au terrorisme, permettent l'évacuation, avec l'aide de l'ONU, des civils qui restent dans la zone de conflit et rejoignent le processus politique pour mettre fin au conflit par le dialogue», a-t-il ajouté.
Un front qui se fissure
Mais les rebelles tamouls n'ont pour le moment pas réagi à cette demande. Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, a de son côté exclu hier toute amnistie pour le chef des rebelles, Velupillaï Prabhakaran.
Même si les rebelles continuent à résister, à l'aide d'artillerie et de chars, leur front semble se fissurer. Hier, au terme de 37 ans de conflit séparatiste, deux hauts responsables de la rébellion tamoule se sont rendus à l'armée gouvernementale.
Le porte-parole des Tigres, Velayudam Dayanidi, alias «Daya Master», et un responsable surnommé «George», se sont livrés aux troupes de Colombo.
«Terrible tragédie humanitaire»
Mais pour la communauté internationale, la première des préoccupations reste la «terrible tragédie humanitaire», comme l'a qualifié Hillary Clinton.
La télévision d'Etat srilankaise, contrôlée par le régime, continue de montrer des milliers de civils attendant une aide alimentaire, d'autres cherchant par tous les moyens à se réfugier en territoire gouvernemental. Des images ont également montré une femme accouchant dans un bus transportant les civils en lieu sûr.
Plus de 100.000 civils ont fui depuis lundi le périmètre des Tigres selon l'armée, mais les rebelles tamouls ont accusé les forces gouvernementales d'avoir abattu un millier de civils dans leur offensive de lundi. Hillary Clinton a lancé un appel à Colombo: «Nous pressons le gouvernement srilankais d'arrêter les combats pour que nous puissions assurer un passage sûr pour le plus grand nombre de civils pris au piège».
Protéger les civils
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a décrit mercredi une situation «chaotique» à l'hôpital de Vavuniya, dans le nord du Sri Lanka, «saturé» du fait de l'afflux de 1.700 patients en provenance de la zone de guerre.
«Les autobus continuent d'arriver et d'apporter des cadavres, car les blessés meurent en chemin», a affirmé Karen Stewart, volontaire de MSF sur place.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a annoncé aujourd'hui l’envoi «immédiat» d’une équipe humanitaire des Nations Unies dans la zone de guerre.
«L’objectif de cette équipe humanitaire sera d’abord d’examiner la situation, de soutenir l’aide humanitaire et de faire tout ce qui est possible pour protéger la population civile», a-t-il déclaré.
Le gouvernement srilankais empêche depuis des mois la plupart des agences humanitaires de travailler dans les régions du nord-est et a ouvert des camps pour les réfugiés qui fuient les zones de combats.
Dans le monde, les membres de la communauté tamoule continuent leurs appels à l'aide. A Paris, une manifestation s'est déroulée hier place du Trocadéro. Des jeunes d'origine tamouls ont entamé depuis 15 jours une grève de la faim, pour protester contre le massacre des civils. En l'absence de cessez-le-feu, ils ont arrêté hier de boire.
(Source AFP) 24-04-2009