
Plus rien ne semble s'opposer à ce qu'Andry Rajoelina prenne le pouvoir à Madagascar. Le directoire militaire mis en place, mardi 17 mars, après la démission du président Marc Ravalomanana, a en effet transmis par ordonnance les "pleins pouvoirs" au chef de l'opposition, a annoncé, dans la soirée, ce directoire depuis un camp militaire.
"Nous avons refusé catégoriquement le directoire [militaire] que le président [Ravalomanana] nous a demandé de mettre en place après sa démission ; nous l'avons refusé depuis toujours ; nous conférons totalement le pouvoir à Andry Rajoelina pour présider la transition", a déclaré le vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson, qui avait été désigné chef du directoire quelques heures auparavant par Marc Ravalomanana. L'ordonnance prévoyait le transfert à ce directoire des fonctions "du président de la République et de celles du premier ministre".
MARC RAVALOMANANA A QUITTÉ SA RÉSIDENCE PRÉSIDENTIELLE
Une solution qui ne semblait pas convenir à Andry Rajoelina et à ses soutiens dans l'armée. "Si nous suivons le vice-amiral, nous nous jetterons dans une autre crise", avait ainsi affirmé le chef d'état-major qui a fait basculer ces jours derniers la troupe du côté de l'opposition. Selon RFI, plusieurs chefs de l'état-major auraient même fait arrêter trois hauts gradés membres du directoire lors d'une réunion de conciliation organisée par le Conseil des Eglises malgaches. Ils auraient alors été emmenés dans un camp militaire. "Cette déclaration a été faite sans être forcée" a cependant assuré le président du directoire mardi soir. Andry Rajoelina se trouverait actuellement dans les bureaux présidentiels au centre de Madagascar, occupés depuis lundi par l'armée. Malgré les événements de l'après-midi, il n'a toujours pas fait de déclaration publique.
En revanche, on ignore où se trouve le président démissionnaire. Ces derniers jours, l'hypothèse d'un prochain départ en exil était évoquée avec insistance par plusieurs observateurs, l'essentiel de sa famille ayant déjà quitté la Grande Ile de l'océan Indien. D'après le porte-parole de la présidence, le chef d'Etat déchu a quitté sa résidence officielle des faubourgs d'Antananarivo pour une destination inconnue.
L'Union africaine (UA) avait pressé, dans l'après-midi, l'armée malgache de ne pas transférer le pouvoir à l'opposition. "Si les militaires remettent le pouvoir au maire, ce ne sera pas constitutionnel", avait ainsi déclaré le Gabonais Jean Ping, président de la commission de l'UA, estimant que ce pourrait alors être considéré comme un coup d'Etat. Constitutionnellement, Andry Rajoelina, 34 ans, est trop jeune pour briguer un mandat présidentiel. Les textes précisent que le candidat doit être âgé de 40 ans ou plus.
Source : lemonde.fr 17-02-2009