
La fronde de Gérard Larcher et Pierre Méhaignerie semble avoir fait long feu. Ces deux poids lourds de l'UMP, respectivement président du Sénat et député expérimenté, avaient dénoncé en fin de semaine le bouclier fiscal mis en place en août 2007, par la loi Tepa. Lundi, le porte-parole du parti majoritaire, Frédéric Lefebvre et Jean-François Copé, ont écarté toute discussion sur le sujet.
Vers un impôt minimum?
"Dans cette période de crise, j'estime qu'il faut demander aux catégories les plus aisées un effort financier". Cette petite phrase, devenue une ritournelle à gauche, est plutôt inhabituelle lorsqu'on la trouve dans la bouche d'un député UMP. Elle est pourtant de Pierre Méhaignerie, interviewé vendredi par Le Parisien/Aujourd'hui en France. Le président de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, qui était globalement favorable à la loi Tepa lors de son adoption, estime en effet que Nicolas Sarkozy ferait bien de revenir sur le bouclier fiscal instauré par cette loi, et d'appliquer "pendant deux ans" une contribution exceptionnelle sur les revenus qui "dépassent l'entendement". C'est-à-dire "les revenus des personnes qui gagnent 300 000 à 400 000 euros par an".
En somme, le député UMP suggère au président de la République d'instaurer une nouvelle tranche d'imposition pour les très riches. Certes, ce serait aller à l'encontre des promesses de campagnes du candidat Nicolas Sarkozy. Mais cela permettrait de renflouer un peu les caisses de l'Etat, dont les comptes sont sérieusement mis à mal par la crise avec un déficit budgétaire qui plonge à 104 milliards d'euros cette année. D'après Pierre Méhaignerie, l'UMP compterait aujourd'hui "une majorité nette de députés en faveur d'une telle mesure, à condition que la France n'agisse pas seule, mais de concert avec d'autres pays". Histoire de "marquer les esprits" et aussi d'"éviter les délocalisations" fiscales, "il faudrait que cette mesure soit engagée par plusieurs pays en même temps", explique le député. "Pourquoi pas lors du prochain sommet du G20 ?".
Quand un député UMP rejoint la CFDT...
"Il y a des bonus et des rémunérations excessives, qui sont choquants pour beaucoup de personnes", poursuit le député. C'est pourquoi il entend proposer, mercredi, lors de l'examen du collectif budgétaire à l'Assemblée nationale, un amendement instaurant une "contribution exceptionnelle" qui ne concernerait que les "1% ou 2% de Français disposant des revenus les plus élevés", à qui on peut donc demander "un effort pour financer par exemple le fonds d'investissement social qu'a réclamé et obtenu la CFDT".
Dimanche soir, c'était au tour de Gérard Larcher d'enfoncer le clou sur France Inter et I-Télé. "Est-ce qu'on peut demander simplement à certains de faire l'effort et pas à d'autres?", s'interrogeait le président du Sénat qui, moins offensif que son collègue de l'Assemblée, se contentait d'indiquer prudemment que le Sénat "réfléchissait". "Le débat doit être ouvert", lâchait sobrement le président de la haute assemblée, "mais donnons nous le temps d'examiner les conditions d'une sortie de crise, avant de nous envoyer au visage qui est 'pour' et qui est 'contre'". Mais le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, s'est montré très clair, lundi: "le bouclier fiscal, c'est un principe sur lequel nous n'entendons pas transiger". Il a été rejoint en ce sens par Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée. "C'est une mauvaise réponse à la crise que nous devons affronter", explique-t-il dans un entretien publié lundi soir sur le site internet du Point. "Je n'ai jamais pensé un instant qu'en augmentant les impôts de ceux de nos compatriotes qui en payent déjà énormément, on règlerait le problème. En temps de crise, on a besoin de gens fortunés", ajoute-t-il.
Instauré en août 2007 par la loi Tepa, et générant un manque à gagner estimé à 15 milliards d'euros par an pour l'Etat, ce bouclier protège les plus riches des contribuables en leur permettant de ne pas reverser plus de 50% de leurs revenus aux impôts. Une mesure dénoncée sans relâche par la gauche, depuis son adoption.
source : lejdd.fr 17-03-2009