Le président soudanais Omar El-Béchir défie les capitales occidentales. Il s'est rendu au Darfour, dimanche 8 mars, quatre jours après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes dans cette région de l'ouest soudanais. "J'ai un message pour toutes les missions diplomatiques présentes au Soudan, les organisations non gouvernementales (ONG) et les Casques bleus. Ils doivent respecter les lois locales sinon ils seront expulsés du pays sur le champ", a déclaré le président soudanais. Ce voyage intervient après la décision de Khartoum d'expulser 13 des plus importantes ONG actives dans cette zone.
Les autorités avaient confirmé, samedi, sa visite à El-Facher et Nyala, les deux grandes villes du Darfour, région en proie à une guerre civile depuis 2003. Le conflit a fait 300 000 morts selon l'ONU - seulement 10 000 selon Khartoum -, ainsi que plus de 2,7 millions de déplacés.
"Si quelqu'un veut nous combattre, il ne devrait pas passer par des résolutions du Conseil de sécurité (de l'ONU) ou la CPI, mais plutôt venir sur notre sol pour se battre", a lancé samedi M. Béchir lors d'un discours à Khartoum devant des partisans venus du Sud-Soudan. "Les ONG expulsées sont des voleurs. Elles gardent 99 % des fonds pour elles-mêmes et ne donnent que 1% à la population du Darfour", a-t-il accusé.
Quelque 85 ONG internationales sont actives au Darfour, mais les 13 expulsées "comptent pour plus de la moitié de la capacité des opérations humanitaires", ont-elles regretté. La décision de Khartoum va priver de nourriture, d'eau potable et de soins de santé plus d'un million de personnes au Darfour, selon des responsables onusiens. L'ONU a averti que des milliers de personnes risquaient de mourir du fait de cette décision.
Source lemonde.fr 08-02-2009