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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 11:04


Dans ces temps difficiles ou chacun se pose des questions sur son avenir ou sur l'avenir de ses enfants, d'autres n'ont même plus ce choix là; ils vivent au jour le jour, se débattent ,avec les difficultés et "improvisent" leur vie en fonction des circonstances. D'autres encore, aidés par la chance ou par leur travail ou bien parce qu'ils se trouvent encore dans le bon créneau, parviennent à maintenir leur pouvoir d'achat, souvent avec beaucoup de mal.
En choisissant des exemples représentatifs de note siociété, le site "Eco89" a eu l'idée de passer "aux rayons X" les porte-monnaies de Français, que nous cotoyons tous les jours, sans bien savoir leurs problèmes.













Comme beaucoup de vendeurs de marrons chauds, Shabbir est apparu cet hiver à la sortie du métro Belleville. Un petit business qui lui permet de subvenir (difficilement) à ces besoins. Voici comment on passe son porte-monnaie aux rayons X.

 




Revenus: environ 350 € par mois

 

En survêtement rouge et noir, Shabbir explique dans un anglais parfait que ses revenus ne sont bien sûr pas fixes. "Chaque jour est un nouveau jour." Il gagne en moyenne 10 euros, 15 euros au mieux, soit au grand maximum 420 euros par mois. D'autant qu'il doit parfois baisser le prix de son cornet en papier journal. "A certains clients je dis 1 euro, parce que sinon je sais qu'ils ne l'achèteront pas." Un peu "à la tête du client" donc: 1 euro ou 2 euros le cornet, selon les moyens.

Avec un tel salaire, Shabbir vit au jour le jour. "A la fin de la journée, il ne me reste rien. C'est juste de la survie." Il estime d'ailleurs que la moitié de ses revenus passent dans l'achat des marchandises nécessaire à son commerce ambulant.

 

Investissement en matériel: 0 €

 

Petit sourire gêné. Shabbir reconnaît que les caddies des vendeurs de marrons chauds sont souvent volés. Pour son réchaud, il a taillé une fenêtre dans un bidon d'huile en métal vide, glané chez un restaurateur. Les braises du charbon y chauffent. Les marrons sont posés sur une plaque de fer ramassée dans la rue, puis trouée.  

Du matériel qu'il doit parfois remplacer, à cause des descentes de policiers.

"Ils viennent et ils confisquent tout. Avant ils ne nous prenaient pas toujours tout, ils nous disaient juste de partir, mais depuis deux mois, ils sont beaucoup plus stricts."  

Et à chaque descente de police, c'est le même rituel, il faut reconstituer le réchaud de fortune sur lesquels les marrons cuisent.

 

Dépenses de fonctionnement: environ 150 € par mois

 

A Belleville ou porte de Clignancourt, Shabbir se rend au marché une fois par semaine. "Acheter tous les jours me reviendrait beaucoup plus cher." Les marrons qui brunissent sur son réchaud bricolé lui ont coûté quelque 3 euros le kilo. A Belleville, il les achète par sacs de 10 kilos à environ 30 euros ("ça dépend de la saison et de l'état du marché", le sac peut atteindre les 40 euros).  

Quant au charbon, qui lui fait "tousser des particules noires le soir" et lui donne "'impression d'avoir les poumons remplis de fumée", Shabbir en achète pour 3 euros par semaine.

 

Solde : environ 150 € par mois pour vivre

 

Originaire du Bangladesh, Shabbir est réfugié politique. Il profite largement du réseau de solidarité de sa communauté, n'a pas d'appartement propre, et vogue de lits prêtés en lits prêtés. En retour, il dit rendre "la vie plus facile" à ses hôtes.

Ménage, linge, etc. " Y a parfois des abus. Chez certaines personnes, on sent qu'on a pas le choix, et qu'on est forcés." Selon chez qui il est hébergé, Shabbir a le droit ou non de cuisiner. Il essaye de s'accorder dans tous les cas, un budget maximum de 6 euros en nourriture. Et 6 euros tous les jours, c'est déjà trop, multipliés par les 30 jours du mois, on atteint la somme de 186 euros par mois. Ajouter à cela toutes les autres dépenses.

Dans le froid hivernal, tous les jours de midi à 18 heures, Shabbir se bat aussi pour pouvoir se payer des rasoirs, des savons, une coupe de cheveux une fois tous les deux mois. "Sinon après, on ne ressemble plus à un homme, mais à un animal". Budget explosé. Il reconnaît donc emprunter régulièrement de l'argent à la fin du mois.

Et quand la saison des marrons sera passée? Shabbir vendra alors de l'eau aux touristes. En juin, il se lancera dans la vente de maïs grillé.

 

 
Source : Eco89  février 2009

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