Les pêcheurs de nos cotes ont fait la "une"des journaux pendant les dernières semaines, essayant d'attirer l'attention de l'opinion publique et du gouvernement sur le désastre qui guette leur profession. Christophe Barbier dans son éditorial de l'Express (29/05/08) a su traduire, avec émotion,  le grand désarroi des hommes de la mer :

"....Taciturnes et taiseux, sans que l'on sache s'ils rêvent à de lointaines conquêtes ou méditent sur leur terrible naufrage, les pêcheurs sont toujours, en France, l'objet d'une admiration plaintive. En eux, on considère le courage évident et la foi exemplaire : foi en leur vocation, en la mer nourricière, foi dans le grand large, pays des promesses et des détresses. Quand les pêcheurs plient leurs filets, c'est qu'ils n'ont plus le choix; quand ils basculent dans une intolérable violence ou s'enferment en de vains blocus, c'est qu'ils n'ont plus d'espoir.

En effet, il n'y a plus d'espérance sur les quais, il n'y a plus d'horizon à la proue des chalutiers. Le conflit embrasé par le prix du gazole en est le symptôme, et le cacher aux marins est une inutile cruauté. Ils sont pêcheurs, mais leurs enfants ne le seront pas. Les épopées atlantiques sont révolues, l'océan appartient aux pétroliers, aux paquebots et autres blindés de la mer, parfois à la cavalerie légères des multicoques médiatiques, de moins en moins aux fantassins fourbus de l'armée du chalut.....

S'il n'est plus à la pêche, l'avenir demeure au poisson. Moins de marins et plus de pisciculteurs, l'élevage plutôt que le prélèvement, tel est le cap à suivre, que devrait indiquer, lucide et courageuse, la boussole d'une grande politique nationale et européenne. Il y aura moins d'aventure et de romantisme dans ces "plantations de poissons" que dans la jungle du large, mais s'éteindront aussi les douleurs des veuves et des mères chantées par Victor Hugo : "Où sont-ils les marins sombrés dans les nuits noires ? / Ô flots, que vous avez de lugubres histoires !"

Nous ne pouvons qu'espérer que l'Europe, sous présidence française pendant ces six prochains mois, trouve une solution pour ces "pauvres pêcheurs".