Après le rappel à l’ordre de 77 députés, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a écrit une lettre à tous les élus de l'hémicycle pour condamner les « graves dysfonctionnements individuels ou collectifs » constatés ces dernières semaines.

Après des mois de chahut dans l’Assemblée nationale, au gré des protestations contre la réforme des retraites, Yaël Braun-Pivet a tenu à remettre les points sur les i. Dans un long courrier, la présidente Renaissance de l’Assemblée s’est adressée aux députés du Palais Bourbon pour, « rappeler que l’Assemblée nationale n’est pas un cirque », selon les propos de son entourage confiés au Parisien.

« Spectacle souvent lamentable », « inquiétante dégradation » des débats : la plume de la présidente de l’Assemblée nationale se veut tranchante. « Les premiers mois de la XVIe législature ont, à l'évidence, été marqués par de graves dysfonctionnements individuels ou collectifs dans le fonctionnement de nos instances de travail et par une inquiétante dégradation de la sérénité et de la qualité de nos échanges », estime la titulaire du perchoir.

Près de 80 députés rappelés à l'ordre

Le « triste record » de sanctions pour des « comportements inacceptables ou inappropriés » doit « tous nous interpeller », s’est-elle alarmée, en évoquant « invectives » et « séances chahutées », notamment sur la réforme des retraites. L’occasion pour la présidente de l’Assemblée de rappeler certaines règles, comme l'interdiction d'utiliser des « pancartes » dans l'hémicycle. Ces propos visent les dizaines de députés, majoritairement insoumis, qui avaient brandi des pancartes « 64 ans, c'est non » en chantant la Marseillaise le jour où Elisabeth Borne dégainait le 49.3 sur les retraites pour faire passer le texte de loi sur la réforme des retraites.

 Yaël Braun-Pivet a aussi rappelé « l’interdiction de téléphoner à l'intérieur de l'hémicycle », ou encore d'employer « tout outil de communication avec l'extérieur ». Allusion faite aux « lives » du LFI Ugo Bernalicis sur le réseau social Twitch ou aux micros-cravates portés en séance par des députés de différents bords, dont le LR Aurélien Pradié, pour un reportage de France 2.

À l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet « n’exclut pas » d’interdire les téléphones en commission mixte paritaire

Mercredi, le bureau de l’Assemblée nationale adressait un rappel à l’ordre, sanction disciplinaire la plus faible prévue par le règlement, à près de 80 députés pour leurs comportements, notamment pendant les débats sur la réforme des retraites.

« Nous ne sommes pas des gamins à punir mais des députés qui nous opposons à votre réforme des retraites. Aucun rappel à l'ordre ne nous fera taire ou peur », a grincé l'écologiste Sandrine Rousseau sur Twitter.

La cheffe de file du groupe LFI Mathilde Panot a annoncé contester ces rappels à l'ordre devant le Conseil d'Etat, et « si nécessaire » son groupe « se tournera vers la Cour européenne des droits de l'Homme ».