Jeudi 2 Mars 2023 – Réforme des retraites : à l'approche du 7 mars, la CGT veut «mettre à genoux l'économie»
Semaine noire en perspective pour les Français. Réunies ce matin avec leurs secrétaires généraux, cinq branches syndicales de la CGT se sont accordées pour durcir leur lutte contre la réforme des retraites. L'heure est à la grève reconductible et à «la désorganisation de l'économie», a noté un des leaders de fédérations. Premier à prendre la parole, Laurent Brun de la CGT-Cheminot a souligné qu'un accord a été trouvé pour «une grève reconductible par période de 24 heures». Un mouvement qui commencera dès le 6 mars au soir, et qu'ont rejoint les autres organisations syndicales du ferroviaire.
Mot d'ordre identique à la Fnic-CFT (Chimie, pétrole...), où «partout les travailleurs sont prêts à changer de braquet», a expliqué Emmanuel Lépine, le numéro un. Plusieurs secteurs ont d’ores et déjà prévu de voter la reconductible à commencer par les raffineries, dont le précédent mouvement social avait déjà créé de fortes pénuries dans le pays. L'arrêt du travail pourrait ici survenir dès le 6 mars. Ils ne seront pas seuls. Les terminaux d'importations, les dépôts et «les pompistes du ciel» seront aussi concernés.
«Désorganiser la production»
Parmi les dockers, où la CGT est très représentée, les opérations ont déjà commencé par des «arrêts d'heures supplémentaires et des shifts exceptionnels», a expliqué la fédération. Des opérations qui ont déjà pour but de «désorganiser la production». Mais les militants ne comptent pas s'arrêter là. Une grève de 48 heures est annoncée pour le 7 et 8 mars. En point d'orgue, la seconde journée est qualifiée de «ports morts». «Toutes les portes seront fermées pour s'assurer qu'il n'y ait aucune activité», a poursuivi Tony Hautbois, le secrétaire fédéral des ports et docks.
Dernier à prendre la parole Sébastien Menesplier, de l'énergie, a promis «une semaine noire». Une menace qui va se concrétiser par «des coupures ciblées» ou encore «des blocages de sites stratégiques», a averti le syndicaliste. En plus de ces quatre fédérations, d'autres, comme celle de la construction, bois et ameublement ainsi que celle du commerce devraient bientôt se joindre à la grève reconductible, selon les intervenants. De quoi «mettre à genoux l'économie», ont-ils espéré.
Jeudi 2 Mars 2023 – Le président des Jeunes LR crée des remous à droite en posant avec ses homologues du RN et de Reconquête
Tempête dans un verre d'eau ou divergences de fond chez Les Républicains ? Guilhem Carayon défend la première analyse. Le président des Jeunes Républicains a provoqué des réactions contrastées au sein de son propre camp après être apparu en une du magazine L'Incorrect aux côtés de Stanislas Rigault, son homologue zemmouriste, et Pierre-Romain Thionnet, patron des jeunes RN.
En réalité, plus que l'entretien, dans lequel Guilhem Carayon estime que seule une candidature LR sera capable de gagner la prochaine présidentielle, c'est bien le titre illustré de la couverture de L'Incorrect qui provoque une polémique. « Les Républicains. Reconquête ! Rassemblement national. Les jeunes coupent le cordon», titre le magazine ouvertement favorable à l'union des droites et faisant référence à la célèbre formule du «cordon sanitaire» entre la droite et l'extrême droite.
« Cela m'a révulsé», explique François Durovray. Le président LR du département de l'Essonne a découvert cette couverture alors qu'il arpentait le salon de l'Agriculture. Il s'est alors fendu immédiatement d'un tweet pour réclamer la tête du président des jeunes LR. «Inadmissible de mettre en avant des points communs avec les partis d'extrême droite sans parler de ce qui nous différencie d'abord fondamentalement. Ces propos amènent une confusion funeste. Je demande à Éric Ciotti de démettre Guilhem Carayon». Une demande à laquelle le président LR n'a pas l'intention de donner suite. Sur la chaîne I24News, il a estimé que les propos tenus étaient conformes à la ligne LR.
Sur Twitter, le député Julien Dive a remercié François Durovray pour sa réaction, sans aller pour autant jusqu'à demander une démission comme il l'explique au Figaro. Pour le parlementaire de l'Aisne, le président des jeunes LR a surtout commis une «faute sur la forme». «Débattre avec nos opposants n'est pas le problème mais s'afficher très clairement dans un journal connoté avec une couverture explicite et des messages envoyés laissant le sentiment d'une sorte de compromission avec l'extrême droite qui serait en train de se construire». Pierre-Henri Dumont, son collègue parlementaire du Pas-de-Calais prolonge la critique en dénonçant une «faute politique». «Guilhem se retrouve en couverture avec des personnes qui veulent profondément notre mort car en réalité, le fonds de commerce de Le Pen et Zemmour est de tuer LR », relève le député. Ayant rédigé les statuts autonomes des Jeunes LR, lui non plus ne souhaite pas de sanction pour leur président mais il estime qu'il n'aurait jamais dû accepter cet entretien pour ne pas tomber dans un «piège».
Guilhem Carayon affirme n'avoir pas eu connaissance de la manière dont le magazine allait titrer ces entretiens croisés et ne pas être «dupe sur le pouvoir de l'image qui parfois dépasse celui de la parole». « 99% des gens qui m'attaquent n'ont pas compris ce que j'ai voulu dire», poursuit-il, sans s'estimer «responsable» de la ligne éditoriale de L'Incorrect et en se défendant de toute compromission. «J'aurais même été contradictoire avec ce titre sachant que dans les 12 pages de mon interview je défends l'exact inverse, une ligne d'indépendance autant à l'égard du macronisme que du lepénisme ».
«Moi, je ne suis pas sectaire»
Pour autant, le président des jeunes LR s'avoue un peu lassé d'avoir à se justifier et estime que les reproches qui le visent sont infondés. Comme celui d'avoir accepté de débattre avec des représentants plus à droite que lui. « Moi, je ne suis pas sectaire, je ne suis pas un membre de la France insoumise, je suis un Républicain, je serre la main à tout le monde et je débats conformément à la base de notre système démocratique», insiste le porte-parole LR, en revendiquant la nécessité de «descendre» dans toutes les arènes. «Débattre avec un communiste comme je l'ai fait récemment sur la chaîne Youtube de la France insoumise n'a pas fait de moi un admirateur de Lénine. Et débattre avec le RN cette fois-ci, ne fera pas de moi non plus un lepéniste». Il assume le fait d'«accepter systématiquement» tous les entretiens qui lui sont proposés, quels que soient les supports. Il rappelle également une autre intervention sur la chaîne de Valeurs Actuelles avec Ambroise Méjean, président des jeunes avec Macron et Stanislas Rigault, porte-parole de Génération Z.
«Aller défendre les convictions de notre mouvement partout et tout le temps, c'est ma responsabilité et mon devoir. Les gens qui lisent ces journaux pourraient être convaincus par nos idées. 42% des Français ont voté pour Marine Le Pen à la présidentielle. Il faut les récupérer. Et je préfère les débats de fond aux jets d'anathèmes ou même aux silences qui correspondraient à une forme de mépris pour ces électeurs », insiste-t-il. Bruno Retailleau l'a clairement soutenu jeudi matin sur BFM-TV. « Guilhem Carayon a été respectueux de la ligne du parti... Qu'il y ait des points de convergences, par exemple sur un constat de l'immigration qui est massive, ça ne me choque pas. La démocratie c'est le débat », a défendu le président des sénateurs LR.
«Police des sourires»
Guilhem Carayon regrette que certains de ses collègues aient réagi sur la une du journal sans avoir «pris le temps» de lire ses mots. Sachant que Xavier Bertrand était attendu jeudi sur RMC, il lui a envoyé un message d'explication pour éviter toute ambiguïté. «Je n'ai pas envie que certains représentants LR croient une chose que je n'ai pas dite». Et si certains, comme le député Dumont, lui reprochent une imprudence avec cette photo où il apparaît «souriant le regard tourné vers le RN», Carayon réplique: « Il serait ridicule d'en être à la police des sourires. On ne peut pas s'abaisser à ce niveau-là».
François Durovray lui reproche pourtant des phrases laissant apparaître, selon lui, une «certaine proximité intellectuelle» avec ses interlocuteurs. «Ce qui est vivement reprochable, ce sont les propos qu'il tient», pointe l'élu. À cette accusation, Guilhem Carayon répond sur le ton du regret: «Dommage, il tombe dans le panneau de nos adversaires, des censeurs incultes de gauche qui veulent nous interdire de débattre. C'est lui qui se fait avoir dans cette affaire et d'ailleurs, l'ADN de la droite, intrinsèquement, c'est la liberté de penser, de débattre et de conscience. Ma génération est peut-être plus sensible au recul des libertés que la sienne parce qu'elle est en train de subir ce phénomène ». Un sujet que le président des Jeunes LR a déjà inscrit au menu de ses prochains travaux internes.
Jeudi 2 Mars 2023 – Interdit dans plusieurs villes, un imam salafiste tente à nouveau de donner une conférence à Brétigny
Chassé par la porte, l'imam Ismaïl de la mosquée des Bleuets de Marseille entend revenir par la fenêtre. Après avoir tenté plusieurs fois de donner une conférence, notamment à Cabannes dans les Bouches-du-Rhône, à Échirolles en Isère, et à Vauvert dans le Gard (chacune ayant été annulée sur décision du maire), le prédicateur et star des réseaux sociaux est cette fois attendu ce dimanche 5 mars à Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, pour un événement familial organisé par l'association «Les profs Studio», vitrine trompeuse d'un islam radical déguisé sous l'apparence d'une plateforme de développement personnel.
Alerté, le maire de Brétigny-sur-Orge Nicolas Méary a indiqué avoir été «saisi» par le préfet de l'Essonne de cet événement qui doit avoir lieu «dans une salle privée», et indique avoir «demandé à [s]es services une analyse juridique» en lien avec le ministère de l'Intérieur. «On a eu un échange avec les services de la préfecture et du ministère» détaille au Figaro son directeur de cabinet Clément Margueritte, précisant que l'association ainsi que son invité vedette l'imam Ismaïl sont connus depuis longtemps déjà des services de l'État.
Et pour cause. Ancien de la mosquée As Sunna à l'époque où celle-ci avait été fermée administrativement par le préfet des Bouches-du-Rhône, l'imam Ismaïl bénéficie d'une certaine influence avec son «institut des bleuets», et il est suivi par plus de 120.000 personnes sur Facebook. Il s'est notamment fait connaître ces derniers mois par une polémique : il avait affirmé dans un prêche filmé que délaisser la prière islamique était plus grave que commettre un meurtre.
Dans une vidéo, diffusée notamment par Éric Zemmour dont le mouvement, Reconquête!, a milité à plusieurs reprises pour que les conférences de l'imam soient empêchées, il déclare en effet que «quand tu ne t'es pas levé ce matin à la prière [...], dis-toi que ce péché-là, les sahabas se sont posés la question : est-ce que c'est le plus grand péché qui ne fait pas sortir de l'islam, plus grave que d'avoir tué une centaine de personnes, que d'avoir consommé de l'alcool [...] que d'avoir déclenché je ne sais combien de guerres?». Il ajoutait : «Allah nous dit, même lorsque vous êtes en guerre, et que le sabre passe au-dessus de vos têtes, vous accomplissez la prière de cette manière-là». Il avait confirmé sa position dans un tweet, depuis effacé.
«Il est interdit de montrer les cheveux d'une femme»
Des propos que l'imam «ne conteste pas à la barre, indiquant seulement qu'ils ont été sortis de leur contexte», relevait le 17 février dernier le tribunal administratif de Nîmes, saisi d'un recours par l'avocat de l'imam, Me Sefen Guez Guez. Le tribunal avait, tout comme celui de Grenoble du reste quelques jours plus tôt, confirmé la validité de l'arrêté pris par le maire. Le juge rappelle notamment plusieurs propos tenus par l'imam dans ses prêches : celui-ci a affirmé par exemple qu'«il est interdit de montrer les cheveux d'une femme sur les réseaux sociaux», ou encore que «pour épouser une femme, il faut obligatoirement l'accord du tuteur, qui est le père de la fille, ou celui qui représente le père, ou le grand-père paternel, ou le fils de la femme, ou son frère, ou son oncle paternel, ou l'imam de la mosquée».
Ces propos, observe le tribunal, «constituent une incitation indirecte à la violence et méconnaissent au détriment des femmes le principe constitutionnel d'égalité par le développement d'un discours systématique sur l'infériorité de la femme, théorisant la soumission de la femme à l'homme et impliquant que les femmes ne puissent bénéficier des mêmes libertés ou des mêmes droits que les hommes.»
Le juge observait ensuite que la commune de Vauvert est régulièrement sujette à des violences urbaines et que la sécurité publique y est donc un sujet sensible, et qu'elle était donc fondée à vouloir éviter des tensions identitaires supplémentaires. Un contexte proche de celui de Brétigny-sur-Orge, où les rixes et affrontements violents sont fréquents. Après l'accident ferroviaire qui s'était produit sur le territoire de la commune, des délinquants avaient d'ailleurs commis des pillages et des violences.
Des raisons insuffisantes toutefois pour justifier une nouvelle interdiction, estime de son côté l'avocat de l'imam Ismaïl, Sefen Guez Guez, selon qui «les propos reprochés» à son client «ont été sortis de leur contexte». L'avocat précise en outre que l'imam publiera prochainement une vidéo pour préciser sa pensée et clarifier ce qu'il avait voulu dire. «Et s'il pose problème, pourquoi le préfet ne fait-il pas fermer la mosquée des Bleuets ?» interroge encore Me Guez Guez, sans préciser qu'une ancienne mosquée où l'imam Ismaïl prêchait avait donc justement déjà été fermée sur décision du préfet.
Jeudi 2 Mars 2023 – Au sommet sur la protection des forêts tropicales, Macron assure que «l'âge de la Françafrique est révolu»
"L'âge de la Françafrique est révolu" et la France est désormais un "interlocuteur neutre" sur le continent, a déclaré jeudi Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au commencement d'une tournée de quatre jours dans la région.
"Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas, quelle n'a plus", a-t-il dit devant la communauté française du Gabon, en soulignant par ailleurs que la réorganisation militaire française qu'il avait annoncée lundi dans un discours à Paris n'est "ni un retrait, ni un désengagement".
Ces dernières années, la France s'est efforcée de rompre avec la "Françafrique", ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires.
Le président français participe jeudi à Libreville à un sommet baptisé One Forest Summit, co-organisé par la France et le Gabon et destiné à trouver des "solutions concrètes" pour la conservation des forêts, la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique. Une réunion qui n'aura "pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques", ont souligné par avance les organisateurs.
Ils précisent qu'il aura surtout vocation à mettre en application les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat (2015), qui vise la neutralité carbone en 2050, et la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022) tendant à sanctuariser 30% de la planète d'ici à 2030 pour protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.
Le chef de l'Etat français s'est d'abord rendu dans la matinée au parc de l'Arboretum Raponda Walker, l'une des aires protégées du littoral gabonais au nord de Libreville, avant de s'exprimer devant la communauté française du pays à la résidence de l'ambassadeur de France. Il doit participer dans l'après-midi à des rencontres avec des scientifiques, des ONG et des acteurs du secteurs privés au palais présidentiel.
D'autres chefs d'Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) feront aussi le déplacement.
Une venue décriée par l'opposition gabonaise
Le One Forest Summit a commencé dès mercredi avec des échanges entre ministres, société civile et experts sur plusieurs thématiques (gestion durable des forêts, biodiversité, financements).
La venue d'Emmanuel Macron a été décriée par une partie de l'opposition politique et de la société civile gabonaises, qui l'accusent de venir "adouber" Ali Bongo alors que les gabonais éliront un nouveau président cette année. M. Bongo avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, après la mort de ce pilier de la Françafrique qui avait dirigé le pays pendant 41 ans.
Ali Bongo avait été réélu dans des conditions controversées en 2016 et sera probablement candidat à sa réélection cette année.
C'est le dix-huitième déplacement d'Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l'influence et la présence française sont de plus en plus remises en question. Depuis 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Mardi, au lendemain du discours de M. Macron sur l'Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d'assistance militaire signé avec la France en 1961, l'année d'après l'indépendance du pays, auparavant colonie française.
Année électorale
Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole, puis au Congo et en République démocratique du Congo (RDC).
Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso dirige d'une main de fer le Congo depuis près de 40 ans. Une rencontre qui risque là encore d'apparaître à contre-courant de son discours de lundi.
Il conclura sa tournée en RDC, ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.
Cette étape peut également s'avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de prendre le parti du Rwanda, au moment où Kinshasa accuse son voisin rwandais de soutenir le "M23", rébellion active dans l'est congolais. Un soutien qui a été corroboré par des experts de l'ONU mais reste nié en bloc par Kigali.
Jeudi 2 Mars 2023 – Le gouvernement envisage un Service national universel progressivement obligatoire dès la rentrée 2024
Poussé dans cette voie par le président de la République, le gouvernement veut généraliser le Service national universel dans l'Hexagone.
Lancé en 2019 sous l'impulsion d'Édouard Philippe, le Service national universel propose aux adolescents de 15 à 17 ans de participer à un séjour de cohésion de douze jours suivi d'une mission d'intérêt général de 84 heures dans un service de l'armée, une association ou encore une administration. Jusqu'alors effectué sur la base du volontariat, le SNU pourrait devenir obligatoire dès septembre 2024, selon la volonté du président Emmanuel Macron. L'annonce de sa potentielle généralisation a été faite par Politis, lundi, avant que l'information ne soit confirmée jeudi par Franceinfo, qui a pu consulter une note ministérielle à ce sujet.
Ce document de l’Éducation nationale stipule que le ministre Pap Ndiaye souhaite rendre ce programme obligatoire dans six départements français, puis élargir l'expérimentation au reste du territoire.
Emmanuel Macron devra avant toute chose donner son feu vert à ce projet, mais, auprès de Politis, la secrétaire d'État chargée du dossier, Sarah El Haïry, a certifié que cette option était bien étudiée par l'exécutif. Les arbitrages devraient être rendus au printemps 2023.
Le SNU en résumé
La note du ministère de l'Éducation nationale dévoile les grandes lignes d'une journée type dans un séjour de cohésion, rythmée par un réveil à 6h30 et un coucher à 22h30. « Les rituels républicains (levée du drapeau, marseillaise...) font partie intégrante des éléments qui rythment et donnent un cadre à chaque journée », indique le texte.
Par ailleurs, les jeunes participants devront vêtir une tenue « commune » et ne pourront utiliser leur téléphone portable en journée. Les élèves scolarisés en classe de seconde générale ou technologique, ou en première année de CAP, comme les filles et garçons de 16 ans non scolarisés sont concernés par le SNU. Ils ne pourront pas choisir au préalable leur lieu d'affectation ou leur date de convocation, sauf en cas de force majeure.
Jeudi 2 Mars 2023 – Trafic de drogues : en 2022, 156,7 tonnes de substances illicites ont été saisies
Lors d'une conférence de presse mercredi aux côtés des ministres de la Justice Éric Dupond-Moretti et des Comptes publics Gabriel Attal, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dévoilé les chiffres 2022 de la lutte anti-drogue. « Cette lutte est plus que jamais la mère de toutes les batailles », a indiqué en ouverture de ses propos le locataire de la place Beauvau. Au cours de l'année passée, 156,7 tonnes de drogues ont été interceptées par les douaniers, policiers et gendarmes français.
Au total, les autorités ont mis la main sur 128,6 tonnes de cannabis (+ 15 % par rapport à l'année précédente), dont 87,6 tonnes de résine et 41 tonnes d'herbe, ou encore 27,7 tonnes de cocaïne (+ 5 % par rapport à 2021), un chiffre qui a été multiplié par cinq en dix ans. En outre, 1,4 tonne d'héroïne (+8 %) et 273 kg d'amphétamines et de méthamphétamines (+21 %), ont été saisis.
Le ministre de l'Intérieur a spécifié que 55 % de la cocaïne interceptée, produite en Amérique latine, provenait des Antilles et de Guyane, zone de transit avant d'arriver en métropole. Gabriel Attal, qui a assuré que le gouvernement ne ferait preuve « ni d'angélisme ni de lâcheté » dans la lutte contre le trafic de drogue, a, lui, mis en alerte les forces de l'ordre tricolores : « Il faut éviter que ce tsunami blanc atteigne nos côtes. » Selon le même rapport, 80 % des drogues saisies dans l'Hexagone sont arrivées par voie maritime, via le port du Havre (Seine-Maritime).
De nouveaux engagements pris par l'exécutif
Gérald Darmanin s'est engagé à multiplier par trois d'ici la fin de l'année les effectifs de l'antenne de l'Office antistupéfiants (Ofast) du Havre et à renforcer les contrôles des arrivées dans les aéroports parisiens, sur le même modèle que le dispositif « 100% contrôles » mis en place à l'aéroport de Cayenne en Guyane, d'où partent les « mules » transportant la cocaïne.
De son côté, Éric Dupond-Moretti a souligné les 37 593 condamnations survenues pour des faits de trafic de stupéfiants, soit une hausse de 10 % par rapport à 2019. « Le trafic de stupéfiants est l'affaire de tous. Il n'y a pas seulement des consommateurs insouciants, cela peut générer la mort et le sang », a précisé le garde des Sceaux, en évoquant les règlements de compte et autres violences qui peuvent en découler.
Jeudi 2 Mars 2023 – À Casablanca, des experts du monde entier demandent l'abolition universelle de la GPA
Abroger, partout où est autorisée ou tolérée, la pratique des mères porteuses : c'est l'objectif que se sont fixés une centaine de juristes, médecins et psychologues issus de 75 nationalités, et réunis en séminaire ce vendredi 3 février à Casablanca, au Maroc. Côté français, cette initiative est notamment encouragée par Aude Mirkovic, maître de conférences en droit et porte-parole de l'association Juristes pour l'enfance, qui a milité contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes, ainsi que contre la gestation pour autrui.
Accompagnée d'un cortège de chercheurs et de praticiens venus du monde entier, Aude Mirkovic ouvrira ce séminaire en compagnie de Luis Ernesto Pedernera Reyna, l'ancien président du Comité des droits de l'enfant de l'ONU, et de Suzanne Aho Assouma, ancienne vice-présidente de cette même institution. S'ensuivront plusieurs communications visant à éclairer le sujet par un regard anthropologique et éthique sur la pratique des mères porteuses, ainsi qu'une approche par le terrain : l'infirmier camerounais Christian Totsie, président de l'association Soigner la vie, prononcera ainsi une conférence sur la mise en œuvre concrète de cette pratique sur les femmes du tiers-monde et ses conséquences en matière de dignité de la femme.
«À l'origine, c'est un petit groupe d'experts qui s'est demandé comment contribuer concrètement à faire avancer l'idée d'un engagement international des États pour protéger les femmes et les enfants pour la GPA», détaille Aude Mirkovic sur RCF, qui insiste sur la dimension internationale du sujet. À ce jour, une petite quinzaine de pays autorisent la gestation pour autrui, soit en droit, soit en fait (faute de texte visant à la pénaliser). Certains comme la Russie, l'Ukraine ou quelques États des États-Unis le font sans condition, d'autres la restreignent aux seuls citoyens nationaux (pour éviter de créer des flux internationaux de touristes venus des pays riches pour acheter une GPA). En France, la pratique est interdite mais les enfants nés par GPA à l'étranger et adoptés par des Français sont enregistrés à l'état civil.
«La GPA éthique est un leurre»
Quant au Maroc, qui accueille ce séminaire, le pays fait figure d'exemple pour les chercheurs attendus à Casablanca vendredi car la législation y interdit très clairement cette pratique. C'est donc ici, dans cette ville mondialement célèbre (les organisateurs veulent imprimer un nom à leur démarche, pour lui donner une envergure historique) qu'une centaine de spécialistes du sujet vont signer la «Déclaration de Casablanca», un texte demandant l'abrogation universelle de cette pratique.
«La Déclaration de Casablanca, détaillent les organisateurs, se démarque des autres initiatives internationales existant en matière de GPA car elle demande l'abolition et non l'encadrement de la GPA : les signataires veulent dire clairement que la GPA est intrinsèquement contraire à la dignité humaine. [...] La GPA éthique est un leurre car elle n'existe pas et ne peut pas exister.»
Plusieurs des signataires du texte, que Le Figaro publie en exclusivité, connaissent d'autant mieux ce sujet que la pratique est légale dans leur propre pays. Ainsi de l'Américaine Katy Faust, fondatrice de l'association de protection de l'enfance «Them before us», ou encore de l'universitaire ukrainienne Alla Kovalenko. C'est en partie l'éclairage apporté par la guerre en Ukraine sur la pratique de la gestation pour autrui dans ce pays qui a convaincu Aude Mirkovic de la nécessité d'une action internationale. L'inquiétude de certains couples commanditaires, en attente de l'enfant porté par une femme ukrainienne au moment du déclenchement des hostilités, avait alors ému une partie de l'opinion. Révélant au grand jour, pour Aude Mirkovic, la GPA pour ce qu'elle est : «Un esclavage».
Jeudi 2 Mars 2023 – À Copenhague, la Petite Sirène vandalisée, un drapeau russe peint sur son socle
La statue de la petite Sirène, emblème de Copenhague et du Danemark, a été vandalisée durant la nuit de mercredi à jeudi, avec un grand drapeau russe peint sur son socle.
Un drapeau a été peint dans des circonstances inconnues sur la pierre sur laquelle est posée la statue de l'héroïne du conteur Hans Christian Andersen, située dans le port de Copenhague, a constaté une journaliste de l'AFP.
La police danoise a annoncé avoir ouvert une enquête, sans mentionner d'indice sur l'origine de ce signe apparent de soutien à Moscou en pleine guerre en Ukraine.
Décapitée en 1964 et 1998
Quelques touristes perplexes photographiaient jeudi matin la statue vandalisée, sous un soleil radieux.
Située au bord de l'eau le long d'une promenade relativement isolée, la statue de bronze a été régulièrement la cible de dégradations en tous genres depuis son installation en 1913.
Elle a été taguée ou peinte à de nombreuses reprises
En 1964, elle avait été décapitée une première fois, sans que sa tête ne soit jamais rendue. En 1998, des vandales avaient de nouveau coupé sa tête, restituée ensuite, avant que la statue ne soit la cible d'une explosion en 2003.
Elle a été taguée ou peinte à de nombreuses reprises, dernièrement en 2020 par la mystérieuse inscription "Racist fish" ("poisson raciste").
Jeudi 2 Mars 2023 – Prise au piège de Trump, la chaîne Fox News dans la tourmente
La chaîne américaine du milliardaire Rupert Murdoch, Fox News, est dans la tourmente, prise au piège de son soutien sans faille aux accusations de Donald Trump, assurant que la présidentielle lui avait été volée, rapporte «The Guardian».
C’est l’entreprise Dominion Voting Systems, fabriquant de machines à voter qui, s’estimant diffamée par Fox News, réclame à la chaîne et à la société mère, Fox Corporation, 1,6 milliard de dollars. Et les témoignages et documents, dont des mails internes, qu’elle met en avant semblent augurer d’un procès délicat pour la chaîne conservatrice. Les avocats de Dominion s’efforcent de démontrer que la direction et les animateurs de la chaîne savaient que les accusations de Trump dénonçant une fraude électorale, étaient fausses, ce qui ne les a pas empêchés de les relayer avec complaisance.
Rupert Murdoch déplore les accusations de Trump
Une situation que semblent confirmer plusieurs déclarations sous serment de personnalités de la chaîne et de Rupert Murdoch lui-même : Sean Hannity, présentateur vedette d’un talk show à son nom, confiait en privé que « Trump agissait comme un fou » mais il a cautionné sans sourciller le point de vue du président dans son émission. D’autres journalistes comme Maria Bartiromo, Lou Dobbs et Jeanine Pirro sont dans le collimateur des avocats de Dominion pour avoir pratiqué eux aussi ce double discours.
Dans une déposition sous serment, Rupert Murdoch exprime des regrets d’avoir contribué à propager les accusations de Donald Trump : « J'aurais aimé que nous soyons plus forts pour les dénoncer a posteriori ». Et il confirme que le décision de ne plus recevoir sur sa chaîne les avocats du président, tels que Sidney Powell et Rudy Giuliani, était de son ressort : « J'aurais pu le faire. Mais je ne l'ai pas fait. » En privé, le magnat des médias estimait lui aussi que la campagne de Trump pour remettre en cause le résultat de la présidentielle était « une chose terrible qui nuit à tout le monde. »
Dans l’émission de Sean Hannity, Sidney Powell avait notamment affirmé que les machines de Dominion avait transformé les voix exprimées pour Trump en votes pour Joe Biden. « Je n'ai pas cru une seconde à toute cette histoire que Sidney racontait » a admis Hannity dans sa déposition.
Ce soutien sans faille au récit de Trump a fait l’objet d’un débat au plus haut niveau de la chaîne. Le 5 janvier 2020, la veille même de l’assaut du Capitole, Suzanne Scott, la directrice générale de Fox News media, et Rupert Murdoch ont discuté de la conduite à tenir : « Nous devons prendre garde à ne pas instrumentaliser les émissions et à ne pas énerver les téléspectateurs » a dit Suzanne Scott à son patron.
Des conséquences graves pour les journalistes
En réponse aux accusations de Dominion, Fox assure que sa couverture de ces évènements était « digne d’intérêt » et reproche à l’entreprise de s’appuyer sur une interprétation « extrême » des lois sur la diffamation. Selon la chaîne, une décision de justice favorable à Dominion aurait des conséquences graves pour les journalistes qui ne seraient « même plus en mesure de faire un reportage de base. » Des arguments qui peuvent aussi résonner avec force au pays du premier amendement.
Jeudi 2 Mars 2023 – Guerre en Ukraine : le G20 échoue à s'entendre sur un communiqué commun
Réunis à New Delhi, les ministres des Affaires étrangères du G20 ont longuement abordé le sujet de la guerre en Ukraine plus d'un an après le début des combats.
Une première rencontre entre Lavrov et Blinken depuis le début de la guerre
Après une rencontre inédite entre Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères et le secrétaire d'État américain Antony Blinken, la première depuis le début de la guerre, la Russie, l'Inde et la Chine ont refusé de signer un communiqué commun.
« La déclaration (finale) a été bloquée et le résultat de la discussion sera décrit dans le résumé dont parlera la présidence indienne », a indiqué devant la presse Sergueï Lavrov.
Très rapidement, la Russie a été rejointe par l'Inde et la Chine qui ont se sont vivement opposés à un passage du communiqué réclamant le « retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l'Ukraine. »
Les explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2 au cœur des débats
Les discussions sur le texte ont aussi échoué en raison de l'insistance de la Russie à y faire figurer la nécessité d'une enquête « impartiale », après les explosions qui ont endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique.
Les pays occidentaux et la Russie se rejettent la responsabilité de ces explosions. Les enquêtes menées jusqu'à présent par les autorités suédoises, danoises et allemandes n'ont pas permis d'imputer la responsabilité à un pays ou à un acteur en particulier.
« Nous parlons de bonnes manières. Eh bien, nos homologues occidentaux sont devenus très mauvais en la matière. Ils ne pensent plus à la diplomatie, ils ne font que du chantage et menacer tout le monde », a affirmé Sergueï Lavrov aux journalistes.
Jeudi 2 Mars 2023 – Afrique : Emmanuel Macron dément « un désengagement » de l'armée française
Emmanuel Macron a entamé sa tournée de quatre jours en Afrique par une escale à Libreville, la capitale du Gabon, où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales. Lors d'un discours devant la communauté française du pays, le président de la République a présenté la France comme un « interlocuteur neutre » du continent et est revenu sur la réorganisation militaire française annoncée sur ces terres. « Il ne s'agit en l'espèce ni d'un retrait ni d'un désengagement mais d'adapter un dispositif », en redéfinissant les « besoins » des pays partenaires et en offrant « plus de coopération et de formation », a assuré le chef d'État, relayé par l'Agence France-Presse.
« La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains », avait-il indiqué mardi au cours d'une allocution précédent son envol pour l'Afrique.
Des déclarations qui interviennent après la fin de l'opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso, désormais contrôlés par des juntes militaires. L'Élysée a spécifié vouloir que son armée agisse en « second rideau ».
Après le Gabon, Emmanuel Macron se rendra en Angola pour signer un accord visant à y développer la filière agricole. Il partira ensuite pour le Congo, où il rencontrera à Brazzaville le dirigeant Denis Sassou Nguesso, à la tête du pays depuis près de 40 ans.
Son voyage se terminera en République démocratique du Congo (RDC), ancienne colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.