Vendredi 17 Juin 2022 – A Kiev, Macron et Zelensky tournent la page de «l'humiliation» :
Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron laissent désormais derrière eux la polémique que le chef d'Etat français avait déclenchée en appelant à "ne pas humilier" la Russie. "Nous avons tourné la page" : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tiré un trait sur la polémique que son homologue français Emmanuel Macron avait déclenchée en appelant à "ne pas humilier" la Russie.
"La relation est transparente et franche avec le président Macron", a-t-il dit jeudi dans les jardins de la présidence ukrainienne au côté du président français, du chancelier allemand Olaf Scholz, du Premier ministre italien Mario Draghi et du président roumain Klaus Iohannis.
Le président ukrainien a préféré se féliciter que les quatre dirigeants européens se disent prêts à accorder "immédiatement" à l'Ukraine le statut de candidate à l'UE. "C'est un résultat historique", a-t-il lancé en espérant que les 23 autres Etats-membres de l'UE se rallient derrière cette position au sommet européen des 23 et 24 juin.
Les deux dirigeants, qui se connaissent bien - Emmanuel Macron avait été l'un des premiers à recevoir l'ex-acteur alors candidat à la présidence - ont affiché durant la visite leur complicité devant les photographes, entre accolades et solides poignées de main.
Paris relativise aussi les tensions survenues. "Ils se parlent au téléphone sans prendre de rendez-vous", souligne une source diplomatique française, pour qui les déclarations du chef de l'Etat n'ont jamais été "un problème dans la conversation". Emmanuel Macron a fait couler beaucoup d'encre en appelant à ne pas céder à la "tentation" de "l'humiliation" envers la Russie.
Six canons Caesar supplémentaires
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba avait alors répliqué que de tels propos ne pouvaient "qu'humilier la France".
Le président français s'est longuement expliqué depuis Kiev, soulignant que ses propos visaient le moment où la guerre serait finie et où il faudrait négocier une nouvelle architecture de sécurité en Europe.
"Aujourd'hui, la Russie fait la guerre à l'Ukraine. Comment voulez-vous que j’aie à expliquer à un Ukrainien ou une Ukrainienne 'il ne faut pas humilier la Russie, la Russie, le peuple russe, pas ses dirigeants' ?", a-t-il lancé. "Aujourd'hui, il faut gagner cette guerre. La France est clairement en soutien de l'Ukraine pour qu'elle l'emporte", a martelé Emmanuel Macron.
Il a annoncé à cette occasion l'envoi à l'Ukraine de six canons Caesar supplémentaires, fleuron de l'artillerie française, au-delà des douze déjà déployés face aux Russes.
"Mais à la fin de cette guerre (..) il ne faudra pas faire les fautes que d'autres ont faites par le passé", a-t-il insisté en référence à l'esprit de revanche face à l'Allemagne vaincue en 1918.
Il faudra alors construire une "paix durable" en Europe, dans laquelle la relation de l'Ukraine avec l'Otan, sa potentielle neutralité, seront mises sur la table, tout comme les dommages de guerre ou la condamnation des crimes de guerre russes, souligne-t-on de source diplomatique française. En mai, le président ukrainien avait aussi reproché à son homologue français de vouloir ménager une "porte de sortie" à Vladimir Poutine, en lui offrant des "concessions".
Parler à Poutine ou pas?
Pas de concession territoriale à la Russie, pas de fait accompli obtenu par la force militaire : "Ce n’est jamais ce que nous avons fait, ni d'accorder quelques concessions, ni de négocier quelques concessions", a insisté le président français.
Volodymyr Zelensky a aussi dit douter de l'intérêt de parler, comme son homologue français le fait, au président russe, Vladimir Poutine, en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine. "Je ne suis pas sûr qu'il y ait une possibilité que le président de la Fédération de Russie soit prêt à entendre quoi que ce soit", a-t-il affirmé.
Très impliqué dans la crise ukrainienne, Emmanuel Macron est l'un des rares dirigeants à échanger régulièrement avec le maître du Kremlin - ce qui suscite l'incompréhension dans l'Est de l'Europe - et à faire le lien avec le président Zelensky. "Aujourd'hui, on voit bien que l'évolution sur le terrain ne le justifie pas", a admis le président français, alors que les Ukrainiens encaissent de lourdes pertes face aux assauts des forces russes dans le bassin minier du Donbass.
"Je n’exclus pas pour autant de le faire" sur des sujets d'urgence comme la sécurité alimentaire, a-t-il relevé, en référence aux céréales ukrainiennes coincées par un blocus russe dans le port d'Odessa, au risque de provoquer des pénuries en Afrique ou au Moyen-Orient.
Vendredi 17 Juin 2022 – Candidature à l'UE, Zelensky au G7... le point sur la guerre en Ukraine :
L'Ukraine était suspendue vendredi au verdict de la Commission européenne , qui doit rendre son avis sur le statut de candidat à l'UE du pays en guerre, une façon pour Kiev de se protéger en intégrant la "famille européenne". "L'Ukraine fait partie de la famille européenne", a voulu rassurer le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une visite en Ukraine jeudi, avec ses homologues italien et français, poids lourds de l'UE.
Les dirigeants français, allemand et italien ainsi que leur homologue roumain se sont dits jeudi prêts à accorder "immédiatement" à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne. "Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion", a déclaré le président français Emmanuel Macron. "Le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne pour l'Ukraine peut renforcer la liberté en Europe et devenir l'une des décisions européennes clefs du premier tiers du XXIème siècle", a plaidé le président Volodymyr Zelensky jeudi soir.
La Première Dame ukrainienne, Olena Zelenska, a elle aussi donné de la voix sur le sujet de l'adhésion, dans un message vidéo jeudi à la conférence WomenNow: "C'est ce que tous attendent maintenant dans les tranchées et les abris anti-aériens - être invités en Europe non plus comme des réfugiés mais comme des alliés". "Ces gens ne se battent pas seulement pour leur propre bénéfice, mais aussi pour empêcher l'agresseur de venir en Europe", a-t-elle fait valoir. Quelle que soit la sensibilité de la Commission à cette idée d'une Ukraine-rempart contre Moscou, la principale difficulté restera de réussir la semaine prochaine à faire l'unanimité au sein de l'UE - les pays d'Europe de l'Est, sensibles à la menace à leurs frontières étant plutôt pour, d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas réservés.
Les Vingt-Sept doivent en effet décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, s'ils accordent à l'Ukraine ce statut officiel de candidat, début de négociations qui pourront durer des années. Mais, au-delà des bénéfices politiques et économiques à plus ou moins long terme (avec l'enclenchement d'une importante aide financière destinée à soutenir les réformes et la reconstruction), sur le court terme, celui de la guerre, une acceptation de sa candidature aurait un dimension éminemment symbolique pour Kiev, d'appartenance à la "famille européenne", une famille qui protège ses membres. La recommandation de la Commission européenne, attendue vendredi dans la journée, sera donc un signal fort lancé à Kiev - et à Moscou.
Soutien militaire
Une candidature acceptée de l'Ukraine ouvrirait aussi la question de son appartenance à l'Europe de la défense, alors que les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev.
La France s'apprête à livrer à l'Ukraine six canons automoteurs, s'ajoutant aux 12 déjà livrés, s'ajoutant à la nouvelle tranche d'aide militaire américaine d'un milliard de dollars. Mais "l'adhésion à l'Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous", a toutefois rappelé M. Scholz lors de sa visite, même si l'examen express de la candidature de Kiev, déposée en février, est d'une rapidité inédite, justifiée par la guerre.
G7, première sortie pour Zelensky
Dans la foulée du sommet européen qui décidera du sort de sa demande d'adhésion à l'UE, M. Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7, qui se tiendra du 26 au 28 juin, en Bavière. Cela constituera sa première sortie hors du territoire ukrainien depuis le début de l'invasion russe fin février. Les forces ukrainiennes restent en difficulté dans le Donbass, région de l'est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, que Moscou s'est fixé pour objectif de conquérir.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants. Environ 10.000 civils sont encore présents à Severodonetsk, selon les autorités ukrainiennes. "Nous avons confiance dans la volonté de Dieu, dans l'aide de Dieu, dans l'aide de tous les saints et de la Vierge Marie", énumère soeur Anastasia, qui vit dans une communauté de religieuses orthodoxes près de la ville voisine de Sloviansk.
Elle désigne un grand cratère laissé par un tir de missile au milieu du jardin. Au-delà des champs voisins, se trouvent les forces russes, qui échangent des tirs d'artillerie avec l'armée ukrainienne. Le département d'Etat américain a annoncé jeudi qu'un troisième Américain était porté disparu en Ukraine, outre deux anciens militaires américains qui auraient été capturés par des troupes russes. Les Etats-Unis ont exhorté jeudi la Russie à considérer tout combattant volontaire américain capturé en Ukraine comme prisonnier de guerre et à lui garantir un traitement humain.
La Russie a "déjà perdu sur le plan stratégique" sa guerre en Ukraine et "ne prendra jamais le contrôle" du pays, a estimé de son côté le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin. "Le président Poutine a utilisé 25% de la puissance de son armée pour engranger des gains territoriaux minuscules", a estimé le militaire dans des propos rapportés par l'agence britannique PA vendredi.
Vendredi 17 Juin 2022 – Edouard Philippe, maître à bord :
Pas question de faire des vagues, même avec le vent en poupe. Sa popularité, Édouard Philippe l’a consolidée sur le terrain alors qu’il soutenait les candidats macronistes… et confortait son propre parti fondé en octobre. Avec 42 qualifiés au second tour sous sa bannière, il est l’homme sur qui le chef de l’État va devoir s’appuyer pour obtenir une majorité. Toujours « loyal et libre », le maire du Havre voit déjà plus loin mais avance par étapes. Avoir un groupe à l’Assemblée est la première d’une longue course en solitaire.
Dans son bureau de la mairie du Havre, Édouard Philippe a fait les comptes. « Je crois que la majorité absolue est atteignable », estime l’ancien Premier ministre. Bien sûr, le score des candidats du camp macroniste est en recul par rapport à 2017 et au premier tour de la présidentielle du mois d’avril. Mais le Havrais ne jette la pierre à personne : « C’est sans doute plus difficile de gagner quand on est dans une logique de continuité plutôt que dans la nouveauté. L’effet d’entraînement est moindre. Mais il est indispensable que le président dispose d’une majorité stable et solide. » Le premier chef de gouvernement d’Emmanuel Macron ne ménagera donc pas sa peine d’ici à dimanche prochain. Et pas seulement pour soutenir les candidats de son parti, Horizons. Si plus d’un quart de ses 58 ouailles est au tapis dès le premier tour, Édouard Philippe juge que, pour une formation lancée à l’automne 2021, ce baptême du feu est satisfaisant. Le seul candidat de la majorité présidentielle élu dès le premier tour – Yannick Favennec, en Mayenne – est l’un des siens, se réjouit-il.
Avec 42 candidats encore en lice, dont 24 en tête, le groupe parlementaire semble assuré. Il permettra de remplir les caisses. Mais le maire du Havre ne veut pas s’attarder sur ces discussions de « boutiquier », sachant que l’entourage d’Emmanuel Macron le lui reprocherait rapidement. La personnalité préférée des Français reste pourtant l’un des meilleurs atouts du camp présidentiel. Pour parler aux électeurs de droite, il est toujours le mieux placé. D’autant plus que les manœuvres du chef de l’État avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, n’ont pas vraiment été couronnées de succès. L’ex ne lui a ramené que cinq députés LR sortants, quand Édouard Philippe a rallié à son panache de nombreux maires de villes grandes et moyennes (Angers, Ajaccio, Reims, Angoulême, Vannes, etc.). Des ralliements qui, croit-il, permettront d’assurer dimanche prochain l’élection de députés issus de ses réseaux locaux.
Vendredi 17 Juin 2022 – Raquel Garrido et des militants Nupes victimes de gaz lacrymogènes à Drancy :
La candidate de la Nupes Raquel Garrido et ses militants ont été victimes jeudi à Drancy (Seine-Saint-Denis) de gaz lacrymogènes tirés par un homme à bout portant, selon la police.
L'Insoumise met en cause un soutien de son adversaire au second tour des élections législatives, Jean-Christophe Lagarde (UDI), qui dément.
"Je circulais dans une voiture avec sono pour appeler au vote dimanche, quand un militant de Jean-Christophe Lagarde a tiré du gaz lacrymogène, blessant sévèrement les personnes de la voiture", dont certains ont des "brûlures au visage", a raconté à l'AFP Raquel Garrido, proche de Jean-Luc Mélenchon. "Puis l'un d'entre nous est parti chercher de l'eau dans une épicerie mais un autre militant l'a frappé et insulté", a-t-elle poursuivi. Son équipe et elle étaient soignés par les pompiers en fin de journée.
"Hier soir aussi ils ont créé un incident pour nous empêcher de rentrer dans un quartier", a relaté Raquel Garrido.
"C'est fort de café de dire que je suis responsable", se défend Jean-Christophe Lagarde
Jean-Christophe Lagarde "réfute" toute implication. "C'est fort de café de dire que je suis responsable. C'est un jeune de 13-14 ans qui s'en prend à Mme Garrido, rien à voir avec mes militants", a assuré à l'AFP le député. "Attendons que la police éclaircisse l'affaire qui n'a rien à voir avec la campagne", estime Jean-Christophe Lagarde. Selon lui, ce sont les équipes de Raquel Garrido qui "sont violentes".
La candidate a obtenu près de 38% des voix au premier tour, contre 33,4% pour Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI.
Vendredi 17 Juin 2022 – Pour Elisabeth Borne, «Jean-Luc Mélenchon est ambigu sur beaucoup de sujets comme la laïcité» :
La Première ministre est revenue, vendredi 17 juin sur RTL, sur les élections législatives, sa candidature dans la 6ème circonscription du Calvados, le déplacement d’Emmanuel Macron à Kiev, mais aussi la NUPES et son programme.
Elisabeth Borne a débuté l’entretien sur RTM en expliquant être « totalement concentrée sur [s]a campagne pour avoir une majorité solide dimanche et continuer à protéger les Français. » Elle a ajouté que pour ce second tour, les Français devront choisir : « Deux projets sont différents. Le nôtre : protéger les Français, baisser les impôts, et l’autre : des impôts, une remise en cause de nos alliances internationales, et un danger pour notre économie. »
Sur les critiques adressées au gouvernement sur le fait qu’Emmanuel Macron a décidé de se rendre à Kiev en pleines élections , la ministre a déclaré : « Emmanuel Macron veut montrer à l’Ukraine que l’Europe est à ses côtés. C’est le rôle du président de la République de porter cela […] Chacun est dans son rôle. Il porte ses dossiers internationaux à un moment très grave […] On entend tout et son contraire, ou il en fait trop ou pas assez. Je fais campagne ici pour ma part. » A propos de l’Ukraine, elle a parlé d’« un processus long, mais c’est un signal fort que l’on veut donner à l’Ukraine, lui dire qu’elle a toute sa place dans l’Union européenne. On a voulu affirmer notre soutien total à l’Ukraine. »
Après avoir dit que le groupe présidentiel « peut avoir une majorité », elle fustigé Mélenchon et certains candidats de la NUPES : « On a dit très clairement dans cette élection : pas une voix pour l’extrême-droite. » D’abord Mélenchon : « Jean-Luc Mélenchon est ambigu sur beaucoup de sujets comme la laïcité, il a insulté nos policiers, alors que ceux qui nous protègent sont les policiers […] Je n’ai pas de leçons à recevoir de sa part. Il y a 107 circonscriptions où la majorité est face au RN et dans aucune d’entre elles il n’a appelé à voter contre lui. » Puis la NUPES : « Une alliance de circonstance dans laquelle il y a des républicains (comme André Chassaigne), mais ceux qui ne partagent pas ces valeurs, nous ne les soutenons pas. »
«il faudra travailler progressivement un peu plus longtemps »
Quant à son combat pour remporter la 6ème circo du Calvados, Elisabeth Borne a répondu à ses détracteurs : « Je suis arrivée en tête, mais je vais chercher voix par voix » a-t-elle commencé, avant de poursuivre : « J’ai eu l’occasion de m’expliquer que si je me présentais dans cette circonscription et pas à Paris, ou cela aurait été plus facile pour moi, c’est parce que c’est le berceau de ma famille. Je suis sur le terrain pour écouter les gens »
Au sujet des réformes du gouvernement, la ministre s’est montrée catégorique : « On dit la vérité aux Français et que pour protéger notre modèle social, il faudra travailler progressivement un peu plus longtemps et tenir compte des métiers. Il faut discuter de tout cela avec les organisations patronales et syndicales. On a évoqué de le fait de travailler quatre mois supplémentaires par an. » Elle a également ajouté que le gouvernement « a augmenté les retraites d’un peu plus 1% au début de l’année » et qu’il « a annoncé [une augmentation] de 4%. On supprime la redevance audiovisuelle ce qui donne du pouvoir d’achat aux Français. »
Et le scandale Damien Abad ? « Il est important que la parole des femmes se libère. Je souhaite que toutes les femmes victimes de violences puissent porter plainte. Les magistrats sont formés et je les invite à porter plainte. »
Vendredi 17 Juin 2022 – Laurent Berger réélu sans surprise à la tête de la CFDT :
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, unique candidat à sa succession, a été réélu jeudi à la tête du premier syndicat français.
M. Berger a été réélu membre du Bureau national par 96,68% des voix exprimées des congressistes (3,32% contre). Les 42 membres du bureau national l'ont ensuite élu secrétaire général à 100% des voix.
Il avait obtenu 94,42% des voix à Rennes il y a quatre ans.
M. Berger, 53 ans, est numéro un de la CFDT depuis 2012. Il a d'ores et déjà annoncé qu'il ne terminerait pas son mandat. "A la CFDT, il y a une règle, (de rester) autour d'une dizaine d'années, plus ou moins deux" ans, a-t-il dit la semaine dernière.
Marylise Léon, sa secrétaire générale adjointe depuis 2018, est pressentie pour lui succéder.
Vendredi 17 Juin 2022 – La canicule s'aggrave : 37 départements dans le rouge ou l'orange :
Trente-sept départements, soit un tiers du pays, en vigilance rouge ou orange: la canicule d'une précocité inédite s'amplifie en France, avec des records de température attendus jusqu'à samedi.
Les 12 départements placés jeudi en vigilance rouge se situent dans le sud-ouest et la façade Atlantique: Charente, Charente-Maritime, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vendée et Vienne.
La vigilance rouge, niveau le plus élevé du "plan national canicule", correspond à la fois à un événement météorologique exceptionnel et à une alerte sanitaire justifiant une "mobilisation maximale".
Météo-France a en outre étendu la vigilance orange à 25 départements au total, de l'Aude au sud du pays, jusqu'au centre et au Morbihan dans le nord-ouest.
Le thermomètre devait atteindre de 36 à 39°C en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine ainsi que dans la vallée du Rhône, avec des températures restant élevées la nuit.
A Météo-France, Olivier Proust prévoit pour samedi "40 à 42°C depuis le sud-Aquitaine jusqu'au Berry, et 35 à 40°C à peu près partout. Seuls les littoraux de la Manche, l'ouest de la Bretagne et le pourtour méditerranéen sont épargnés par le seuil des très fortes chaleurs".
A Toulouse, les habitants se pressaient à la piscine Alfred-Nakache pour se rafraîchir, tandis que le mercure atteint les 39°.
"C'est important pour les enfants, mais aussi pour les adultes", sourit Leïla Kabou, dont les deux fils de sept et 15 ans sont dans l'eau. "Il y avait eu une grosse canicule en 2003, mais pas comme celle-ci", affirme-t-elle, expliquant attendre "le soir pour faire un tour avec les enfants, dans les parcs".
La veille, cette piscine, exceptionnellement ouverte jusqu'à 20h30 en raison de la chaleur, avait déjà accueilli 3200 personnes.
"On est encore plus vigilants que d'habitude avec les anciens"
"Chez moi, c'est un four, je suis sous les combles et parfois, il fait plus chaud que dehors", se désole Marie, 39 ans, qui ne souhaite pas donner son nom.
Avec la chaleur, la qualité de l'air s'est en outre détériorée en Ile-de-France ainsi que dans plusieurs départements d'Occitanie, de Paca et des Hauts-de-France.
Dans plusieurs grandes villes, où la densité des constructions accentue la sensation de fournaise, les horaires d'ouverture des parcs et jardins ont été étendus.
Près de vingt ans après la canicule de l'été 2003, qui avait fait plus de 15 000 morts, les Ehpad s'adaptent avec arrosage des façades, glaçons dans les boissons, ventilateurs et séquences prolongées dans les salles climatisées.
La situation des personnes âgées isolées, donc plus vulnérables, préoccupe particulièrement.
"On est encore plus vigilants que d'habitude avec les anciens", témoigne Sarah Jalabert, infirmière à domicile dans le Tarn. "C'est dur pour eux. Souvent, ils sont seuls, amoindris physiquement, en perte d'autonomie (...) Il y a des risques de déshydratation. On les invite à ouvrir les fenêtres et les volets à la fraîche, mais souvent, comme ils se sentent en insécurité, ils ne le font pas", regrette-t-elle.
Le ministère de la Santé a activé un numéro gratuit Canicule info service (08.00.06.66.66) afin de répondre aux interrogations et donner des conseils, et celui de l’Éducation a annoncé que les écoliers et collégiens des 12 départements en rouge pourront rester chez eux vendredi.
De leur côté, les pompiers en alerte guettent les départs de feu, favorisés par la chaleur et l'assèchement de la végétation.
Canicules de plus en plus fréquentes
Dans les Landes, la préfecture a restreint l'accès des véhicules aux chemins ruraux, pistes forestières et cyclables, ainsi que l'exploitation forestière comme certaines activités ludiques et sportives.
En Espagne où la vague de chaleur frappe depuis six jours, avec des températures qui dépassent 40°C, les services de secours combattaient plusieurs incendies. A Nice, le maire Christian Estrosi a sollicité le gouvernement afin de "pouvoir réutiliser les eaux usées traitées", notamment pour le nettoyage des rues, des voiries et l'alimentation des fontaines décoratives.
Voies navigables de France (VNF) a appelé à la prudence, soulignant que "les canaux et rivières de son réseau n'étaient pas faits pour la baignade" et que des accidents survenaient chaque année.
Vendredi 17 Juin 2022 – Fin de la grève des conducteurs de camions poubelles à Paris :
La grève des conducteurs de camions poubelles de la Ville de Paris entamée lundi et qui perturbait le ramassage des ordures ménagères dans plusieurs arrondissements de la capitale a pris fin vendredi, a indiqué la mairie.
"Suite aux échanges avec les organisations syndicales, la grève des agents est désormais terminée et les conducteurs ont repris le travail ce matin", a déclaré la mairie à l'AFP.
Si la collecte des ordures "a repris normalement" dans les IIe, Ve, VIe, VIIIe, IXe, XIIe, XIVe, XVIe, XVIIe et XXe arrondissements, où les services municipaux assurent le ramassage - des entreprises privées s'occupent des autres arrondissements -, les agents ne sont pas toujours encore en mesure de respecter le tri sélectif, a expliqué la ville.
"Il peut arriver qu'une partie de la collecte sélective soit exceptionnellement mélangée au bac vert afin, pour des raisons d'hygiène, de ramasser les poubelles accumulées dans la rue au plus vite", a précisé la même source.
"La ville met tout en œuvre pour rattraper le retard de collecte et revenir à une situation normale", a encore résumé l'adjointe PS à la propreté Colombe Brossel sur Twitter.
Les conducteurs de camions-bennes réclamaient une amélioration de leur rémunération dans un contexte d'inflation, un "statut spécifique, comme celui accordé à leurs collègues éboueurs et la fin d'un conflit autour des procédures de lavage des véhicules", selon un communiqué du syndicat CGT-FTDNEEA.
Jeudi soir, ce dernier avait salué une "victoire" des grévistes avec les propositions de la Direction de la propreté et de l'eau (DPE) portant sur le doublement de la "prime carburant", la création d'une "indemnité pour des missions spécifiques de garage assurées par certains conducteurs" et l'augmentation de la "prime conduite sûre".
Vendredi 17 Juin 2022 – La terre meurt de soif : le cri d'alerte des paysans français :
Longtemps, il a regardé le ciel dans l’espoir que les nuages menaçants lui apportent cette pluie si nécessaire. Mais l’orage a filé vers les monts du Lyonnais sans s’arrêter sur ses prairies et ses tournesols. David Buisson incarne la sixième génération installée sur cette terre, désormais trop sèche, du nord de la Drôme. Avec son père, ils élèvent des bovins dont la viande est vendue à des bouchers locaux. Leurs vaches sont déjà au foin car l’herbe est brûlée, comme au mois d’août. « Normalement, elles en ont jusqu’à mi-hauteur du ventre », s’attriste ce syndiqué à la Confédération paysanne. Ils ont fait une croix sur 60 % de leur première coupe de fourrage et s’attendent à perdre leurs tournesols, soit la moitié de leur chiffre d’affaires. Pour les blés non irrigués, le rendement ne sera plus que de 2 tonnes par hectare au lieu de 5. Les relevés des stations météorologiques que les agriculteurs consultent sur leur téléphone sont sans appel : pas de pluies à l’horizon, mais une nouvelle vague de fortes chaleurs. Alors même que, selon Météo France, « les deux tiers du pays connaissent déjà des sols secs à très secs ». En cause, « le manque de pluie quasi continu depuis septembre 2021 », avec un « déficit mensuel de précipitations qui a atteint 30 % à 40 % en février et mars et 25 % en avril ».
"Aujourd’hui, on a les précipitations du Sahel"
Depuis seize ans, Aurélien Mourier est installé avec sa femme sur l’exploitation de son grand-père, au cœur de ce que l’on appelle encore l’Ardèche verte. Ils font un peu de veau mais surtout du fromage de chèvre – dont le fameux picodon. Il ne reste plus qu’une source sur les six qu’il connaissait enfant. Voilà deux mois que celle-ci est à sec. Dans son village, ces sept dernières années, il a manqué un tiers d’eau par rapport aux sept précédentes. « Aujourd’hui, on a les précipitations du Sahel », s’inquiète l’éleveur. Il assiste, impuissant, à la disparition de son monde, le nôtre, celui longtemps immuable avec ses saisons, ses semis et ses récoltes. « L’agriculture est un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération, dit-il. Avec, pour principe, un sol et un climat qui ne varient pas. Désormais, c’est comme si l’on était des pionniers en terre inconnue. » Au lieu de 100 tonnes de foin, il vient d’en rentrer 41. « Notre exploitation est basée sur l’autonomie, ajoute cet autre adhérent de la Confédération paysanne. Mais, depuis quelque temps, on achète des camions de foin. Sur certaines parcelles, l’herbe est trop rare pour que ce soit rentable de la récolter. »
Sur les prairies, il s’est mis à semer de la luzerne, qui tient mieux les fortes chaleurs, et a planté un hectare en vigne. « Le seul végétal, précise-t-il, qui supporte le manque d’eau. » Désormais, avec un mètre carré d’herbe, il ne fabrique plus qu’un quart de picodon, contre un demi il y a peu. Il a réduit le cheptel de vaches – passé de 30 à 20 – et réfléchit à se séparer d’une partie des chèvres, faute de pouvoir les nourrir. Le fourrage manque partout et commence déjà à être introuvable à l’achat. Comment, alors, subvenir aux besoins des trois associés et des deux salariés de l’exploitation ? « Et comment atteindre l’autonomie alimentaire quand la moitié de la production de certaines régions est perdue ? s’interroge-t-il. Le déni, face à cette catastrophe annoncée depuis si longtemps, n’est plus une option. Mais l’adaptation est-elle encore possible ? On risque de devoir quitter des territoires entiers. »
"Les arbres meurent, les forêts sont méconnaissables"
Dans ces régions du Sud, la sécheresse a déjà tout bouleversé, jusqu’aux paysages. « Les arbres meurent, les forêts sont méconnaissables », déclare Aurélien. « L’eau est sous pression partout, dans les nappes, les rivières... On se bat jour et nuit pour sauver notre production. Le moral n’est pas bon », confirme Jean-Pierre Royannez, patron de la chambre d’agriculture de la Drôme. Les fraises arrivent toutes en même temps, les abricots et les pêches seront mûrs trop tôt, les cerises trop petites. « En 2020, se souvient Régis Gonnet, arboriculteur et viticulteur dans l’Ardèche, il faisait tellement chaud que les vignes brûlaient. » Dans des départements que l’on imaginait moins sensibles, la sécheresse frappe tout autant. Dans le Loiret, traversé par tant de cours d’eau, « on arrose à un moment inédit », s’inquiète Jean-Louis Lefaucheux, secrétaire général de la FDSEA 45. « Mais si j’arrête, je perds 20 % à 40 % de la production. Or, année après année, on arrose de plus en plus tôt et on arrose des cultures qui, auparavant, n’avaient pas besoin d’apport. » Son exploitation en système raisonné – polyculture et élevage – est à cheval sur la route d’Orléans. « Jeanne d’Arc est passée par là », assure-t-il en souriant.
Plus au sud, en Charente, Pierre-Louis Daniau cultive 170 hectares. Sur les 70 non irrigués, il manquera 40 % à 50 % de son rendement. Son blé a « grillé » : « la plante n’a plus la capacité de faire la photosynthèse et ne peut plus remplir les épis. La qualité des grains sera médiocre, avec un faible rendement. » Cette parcelle ne couvrira pas les charges engagées. Avec ce qu’il a déjà utilisé pour arroser, Pierre-Louis tient normalement jusqu’à la récolte, en juillet. Il a réduit ses entrants, conservé des haies, des bosquets, des bois qui font de l’ombre et retiennent l’eau, et planté des jachères mellifères qui régénèrent les sols. Mais, dit-il, « le blé, le colza, l’orge ne seront plus pour nos territoires. Le climat va se tropicaliser, avec une saison des pluies et une saison sèche ». Son père, président de la chambre d’agriculture de la Charente, confirme : « Avec la hausse des températures, l’évaporation augmentera et on aura besoin de plus d’eau. »
Vendredi 17 Juin 2022 – Invasion du Capitole : le «courage» de Mike Pence, qui s'est opposé à Donald Trump, salué :
Le 6 janvier 2021, le Capitole était envahi par des partisans de Donald Trump , fous de colère en raison de la défaite de leur candidat. Depuis des semaines, le président sortant refusait d'accepter sa défaite et les abreuvait d'accusations sans fondement de fraude électorale et de théories complotistes. Et cela a failli être fatal pour son vice-président : selon les informations dévoilées lors des auditions de la commission d'enquête sur l'invasion du Capitole , les émeutiers se sont trouvés dans un couloir à 12 mètres de Mike Pence, évacué d'urgence face à l'irruption des pro-Trump dans le bâtiment, dont certains scandaient «Pendez Mike Pence». Ils lui en voulaient car, comme lui avait critiqué en public et en privé Donald Trump, il comptait respecter sa fonction constitutionnelle et certifier les résultats de l'élection de novembre -et donc la défaite. Devant le Capitole, certains avaient même installé une potence en bois, symbole glaçant de la violence d'une partie des partisans du milliardaire -et de la rancoeur que ce dernier conserve toujours .
Mike Pence a passé près de cinq heures dans un endroit sécurisé dans les sous-sols du Capitole, attendant que l'alerte soit levée avant pouvoir en sortir. Le danger était réel, selon le «New York Times » : un témoin anonyme, membre du groupe d'extrême droite des Proud Boys, a déclaré aux enquêteurs que si les émeutiers avaient pu, ils auraient tué Mike Pence et Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, dont le bureau a été fouillé et un ordinateur dérobé. «Je pouvais entendre le vacarme des émeutiers dans le bâtiment. Je ne réalisais pas qu'ils étaient aussi proches que ça», s'est souvenu jeudi Greg Jacob, l'avocat de Mike Pence, qui était à ses côtés le 6 janvier 2021. «La vie du vice-président était en danger», a confirmé Pete Aguilar, élu démocrate de Californie.
L'idée de s'appuyer sur Mike Pence était semble-t-il née en décembre 2020, face à la multiplication des échecs des recours en justice de la campagne Trump. Aucune preuve suffisante de fraude électorale n'avait pu être apportée devant les tribunaux, qui ont rejeté ces requêtes en annulation. Les proches de Donald Trump, qui nourrissaient pour certains son refus de la défaite à l'image de son avocat personnel Rudy Giuliani ou de l'avocat John Eastman, avaient donc imaginé de demander au vice-président de s'opposer à la certification des résultats, qu'il dirige en tant que président du Sénat. Une hypothèse illégale, comme en ont témoigné les avocats de la Maison-Blanche : «Vous allez causer des émeutes dans la rue», s'est souvenu avoir dit Eric Herschmann à John Eastman. Mais ils se sont entêtés.
"Notre démocratie s'est approchée dangereusement de la catastrophe"
Les jours précédant le 6 janvier, Donald Trump avait ainsi alourdi la pression sur les épaules de Mike Pence, qu'il avait qualifié au téléphone de «mauviette», selon un de ses anciens assistants, Nick Luna. Ivanka Trump, fille et proche conseillère du président américain, avait elle aussi remarqué «un ton différent». Une façon polie d'évoquer les relations entre Donald Trump et Mike Pence puisque selon Julie Radford, la directrice de cabinet d'Ivanka Trump, le premier a également utilisé «le mot en P» -«pussy», en anglais. «J'espère que Mike va faire ce qu'il faut. Je l'espère. Je l'espère. Car si Mike Pence fait ce qu'il faut, nous gagnons», avait poursuivi Donald Trump, galvanisant la foule dans un discours prononcé quelques heures avant l'invasion du Capitole. «J'espère que Mike va avoir le courage de faire ce qu'il doit faire», avait-il asséné sous les applaudissements de son public.
Mais quelques heures plus tard, Mike Pence a agi selon la Constitution : il a certifié les résultats de l'élection présidentielle, face aux élus de la Chambre des représentants et du Sénat réunis, malgré les dernières tentatives de certains républicains de s'y opposer. Selon Greg Jacob, Mike Pence a préféré rester au sein du Capitole, malgré la proximité des émeutiers, plutôt que de retourner à sa résidence officielle : «Le vice-président ne voulait pas que le monde voie le vice-président des États-Unis fuir le Capitole. Il était déterminé à finir le travail que nous avions prévu d'accomplir ce jour-là.» «Aujourd'hui est un jour sombre de l'histoire du Capitole», avait déclaré Mike Pence à la réouverture de séance. «Nous avons de la chance d'avoir pu compter sur le courage de Mike Pence. Notre démocratie s'est approchée dangereusement de la catastrophe», a résumé jeudi Bennie Thompson, élu démocrate du Mississippi et président de la commission d'enquête. Contrairement à Donald Trump, Mike Pence a assisté à l'investiture de Joe Biden deux semaines plus tard, respectant la tradition de transition pacifique du pouvoir à Kamala Harris .