La carrosserie de style Skiff était construite en bois selon la technique de l’architecture marine, la plupart étant des « boattail » ou queues de bateau, mais ce n'était pas toujours le cas. L'un des premiers créateurs de cette conception est le carrossier français Jean-Henri Labourdette. Au début des années 1910, Labourdette, propriétaire à la troisième génération de l’entreprise d'Henri Labourdette, est chargé par le chevalier René de Knyff, directeur de Panhard et Levassor et sportif de premier plan, de créer un véhicule léger et offrant peu de résistance au vent. En s'inspirant des bateaux à moteur et de la conception de leur coque, le concept de carrosserie skiff est créé. En utilisant trois couches d'acajou sur un cadre en frêne, Labourdette a pu fabriquer une carrosserie très légère en très peu de temps. Le carrossier a créé d’autres modèles du même style pour d'autres marques telles que Renault, Peugeot, Hispano-Suiza, Rolls-Royce et Lancia. Pour répondre à la demande des clients, d'autres carrossiers ont rapidement adopté l'idée, notamment Muhlbacher, Duquesnoe et Schebera.
Gustav Gobron et Eugène Brillié ont créé la Société des Moteurs Gobron-Brillié à Paris en 1898. Gobron s'était fait un nom en s'échappant en ballon de la capitale assiégée pendant la guerre avec la Prusse. Brillié était un ingénieur qui avait développé un nouveau moteur utilisant des pistons opposés. Il ne travaillera dans la société Gobron-Brillié que durant une courte période, quittant l’entreprise en 1903. Ses moteurs, cependant, continueront à être utilisés jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale.
Les moteurs créés par Brillié étaient uniques et originaux. Ils avaient des cylindres coulés, avec deux pistons dans chaque cylindre. Les pistons inférieurs sont reliés par des bielles classiques au vilebrequin. Plutôt que d'utiliser un deuxième vilebrequin, comme c'est le cas avec les moteurs diesel modernes à pistons opposés, les pistons supérieurs reliés à une traverse, dont les extrémités étaient reliées par des tiges au vilebrequin, sont déphasées de 180 degrés avec celles des pistons inférieurs. Les soupapes étaient placées dans des poches latérales opposées au point où les deux pistons sont les plus proches l’un de l’autre. Le mouvement opposé des pistons fournit au moteur un équilibre tel que tous les composants peuvent être très légers.
Dans les années 1900, Gobron-Brillié construit 150 voitures par an. C'est un chiffre très impressionnant, compte tenu du processus de construction manuelle à forte main-d'œuvre et d’un marché automobile relativement nouveau. La marque est parvenue à se faire connaitre et Nancienne en France comme Nagant en Belgique obtiennent des licences tandis que Botwoods d'Ipswich vend les voitures en Angleterre sous le nom de Teras.
EN 1903, l'entreprise produit des modèles à quatre cylindres. Un an plus tard, une version de course franchit, pour la première fois dans l’histoire de l’automobile, la barre des 100 milles à l'heure. Quelques années plus tard, en 1907, la société propose une variété de moteurs dont les cylindrées vont de 4 523 à 7 598 cm3. La gamme des moteurs s’élargit encore en 1908, passant désormais de 2 650 cm3 en quatre cylindres à 11 398 cm3 en six cylindres.
Après la guerre, l'entreprise est réorganisée sous le nom d'Automobiles Gobron, dans de nouvelles installations à Levallois-Perret. Les moteurs à pistons opposés sont utilisés pendant une courte période avant d'être remplacés par des groupes Chapuis-Dornier.
Au cours de l’année 1927, l'entreprise produit environ 250 véhicules. En 1930, il ne sort que deux exemplaires des usines de Levallois-Perret et, cette année-là, l’entreprise ferme définitivement ses portes.
La voiture présentée ici (châssis 920) est une Gobron-Brillié avec une carrosserie skiff de Rothschild & fils carrossier à Paris. La partie arrière en bois de la carrosserie est assemblée par pas moins de 5000 rivets en cuivre. Produit en 1912, cette 12 CV Gobron-Brillié a été exposée au Salon de l'auto de Paris en 1913. En 1920, le Skiff a été mis à jour avec des fonctionnalités plus « conviviales » comme un pare-brise rabattable, de nouvelles ailes, des coffres de rangement latéraux et exposé à l'entrée d'un chocolatier au Luxembourg pendant de nombreuses années. Ayant perdu son moteur, le Gobron-Brillié est passé entre plusieurs mains avant d'être restauré avec un moteur de remplacement. Un quatre cylindres en ligne conforme au moteur d’origine de 5 970 cc de cylindrée accouplé à une boite de vitesses manuelle à quatre rapports.
En 2004, la voiture est acquise par la collection Off Brothers et un an plus tard, elle participe au Concours d'élégance de Pebble Beach. La machine très rare et inhabituelle captive l'imagination des juges et est récompensée par le prix « meilleure de sa catégorie » dans la classe skiff. Quelque six années plus tard, la Gobron-Brillié sera proposé aux enchères Gooding & Company après le Concours d'élégance de Pebble Beach le 21 août 2011 où elle sera adjugée 225 500 Dollars
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)