Après d'ultimes tractations, le nouveau gouvernement échaufaudé par Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre Jean Castex a été annoncé lundi 6 juillet au soir. Huit nouveaux ministres ou ministres délégués font leur entrée au gouvernement, dont Barbara Pompili à la Transition écologique, Eric Dupond-Moretti à la Justice, Roselyne Bachelot à la Culture, et Elisabeth Moreno à l'Egalité femmes-hommes, Alain Griset aux PME, Brigitte Klinkert à l'Insertion, Nadia Hai à la Ville et Brigitte Bourguignon à l'Autonomie complètent l'équipe gouvernementale renouvelée de Jean Castex.
Jean Castex - Premier Ministre
« Monsieur déconfinement ». C'est avec ces mots que Jean Castex était jusqu'à présent identifié dans le paysage politique de 2020. Haut fonctionnaire d'expérience, l'homme qui vient d'être nommé à Matignon par Emmanuel Macron, a pour mission de mener le gouvernement sur le « nouveau chemin » promis par le chef de l'Etat.
A 55 ans, ce natif du Gers a un long parcours dans la haute fonction publique, Jean Castex a notamment été secrétaire général adjoint de la présidence de la République sous Nicolas Sarkozy, à partir de 2010 et jusqu'à la fin du mandat.
Il connaît aussi bien les affaires sociales. Et notamment le secteur hospitalier. Le haut fonctionnaire a été directeur de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) au ministère de la Santé et des solidarités. Après ça, il devient directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé, puis au ministère du Travail.
Plus récemment, en septembre 2017, Jean Castex est nommé délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et président de l'Agence nationale du sport.
Le 15 mars, il a été largement réélu à la tête de Prades, petite commune des Pyrénées-Orientales dès le premier tour, avec plus de 75% des voix.
Jean-Yves Le Drian - Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Ministre de la Défense durant tout le quinquennat Hollande, Jean-Yves Le Drian, 73 ans et ancien responsable du Parti Socialiste, a ensuite soutenu Emmanuel Macron à l'occasion de l'élection présidentielle de 2017. Le 17 mai 2017, il est nommé au Quai d'Orsay, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, dans le nouveau gouvernement d'Édouard Philippe. Président socialiste de la région Bretagne pendant dix ans, il a été réélu haut la main à ce poste en décembre 2015 malgré la règle de non-cumul des mandats. Né en 1947, il a été le maire de Lorient pendant près de 17 ans, député du Morbihan pendant 23 ans et secrétaire d'Etat à la Mer sous Mitterrand de 1991 à 1992.
Pressenti pendant un temps pour devenir Premier ministre, Jean-Yves Le Drian obtient une promotion protocolaire. Il est désormais numéro 2 du gouvernement.
Barbara Pompili - Ministre de la Transition écologique
La députée LREM de la Somme et ancienne secrétaire d'Etat chargée de la biodiversité Barbara Pompili, 45 ans, devient numéro trois du gouvernement. Elle est une écologiste "réformiste", ancienne d'EELV, qui tente de faire entendre une sensibilité écolo chez des "marcheurs" pas toujours convertis.
Barbara Pompili préside depuis 2017 la commission du Développement durable de l'Assemblée, capitalisant sur son expérience de secrétaire d'Etat à la Biodiversité entre février 2016 et mai 2017.
Assez discrète voire en retrait au départ, comme pour mieux laisser place au "nouveau monde" au Palais Bourbon, elle a développé au sein de sa commission et au-delà un réseau pro-environnement. Pour tenter de peser davantage, après une première partie de quinquennat en deçà de ses espérances, elle a d'ailleurs créé récemment, avec l'ex-chiraquien Hugues Renson, l'association « En Commun » qui rassemble une cinquantaine de députés LREM de sensibilité sociale et écologique.
Mitigée sur les résultats de la Convention citoyenne sur le climat fin juin, elle a averti que son succès « va dépendre de la manière dont nous réussirons tous collectivement à transformer l'essai, de la volonté politique ».
Jean-Michel Blanquer - Ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports
Jean-Michel Blanquer, 55 ans, est issu de la société civile. Il a marqué la rue de Grenelle par son volontarisme réformiste. Et, bien entendu, comme tout ministre de l’Éducation qui se respecte, il a fédéré, in fine, les critiques syndicales enseignantes contre lui. Emmanuel Macron et Jean Castex ont décidé de le conforter à son poste, lundi. « Je tiens à cette maison », répète souvent l’intéressé.
Si sa popularité s’est effritée en trois années d’exercice - seuls 44 % des Français souhaitaient le voir rester en fonction, selon un sondage du JDD paru dimanche -, il a réussi à garder jusqu’au bout la confiance du président Macron et de la première dame, qui l’a toujours soutenu. Il a notamment marqué des points en réussissant à faire revenir, le 22 juin, une forte majorité d’écoliers et d’enseignants à l’école dans un contexte très incertain.
Bruno Le Maire - Ministre de l’Economie, des finances et de la relance
Voilà Bruno Le Maire, 51 ans, issu des Républicains, confirmé dans son fauteuil à Bercy. Avec l’appui de trois ministres délégués - Olivier Dussopt au budget, Agnès Pannier-Runacher à l’industrie, et le président du syndicat des artisans, Alain Griset, aux PME -, il prend la tête de l’ensemble des administrations du ministère dont il partageait jusqu’ici la responsabilité avec Gérald Darmanin.
À tous ceux qui l’interrogeaient sur ces aspirations, - Matignon, postes internationaux, Quai d’Orsay ? - le normalien, écrivain à ses heures perdues, répondait invariablement qu’ «il souhaitait rester tout le quinquennat à Bercy ». Son vœu, sincère ou pas, est donc en passe d’être exaucé. Le moment ne se prêtait pas, il est vrai, aux fantaisies. Alors que la France s’apprête à connaître une des pires récessions de son histoire, le ministère de l’Économie est sur tous les fronts.
À sa tête, Bruno Le Maire pilotera le plan de relance de l’économie, sur lequel il planche depuis plusieurs semaines.
Florence Parly - Ministre des Armées
Cette femme de 57 ans, formée à Sciences Po Paris et à l’ENA, a un parcours atypique. Elle a commencé son parcours politique au Parti Socialiste en 1995, et a été nommée Secrétaire d'État au Budget sous Lionel Jospin en 2000. Vice-présidente du conseil régional de Bourgogne de 2004 à 2006, elle a ensuite quitté temporairement la vie politique.
Florence Parly a intégré Air France en 2006 et en est devenue directrice générale adjointe (d’abord à la division cargo, puis à l’activité court-courrier) de 2008 à 2014, avant de rejoindre la direction de la SNCF. Elle a également intégré les conseils d’administration de plusieurs grandes entreprises, dont elle s’est éloignée lorsqu’elle a été appelée au gouvernement en 2017.
Ministre des Armées depuis le 21 juin 2017, elle conserve donc son poste au sein du nouveau gouvernement de Jean Castex.
Gérald Darmanin - Ministre de l’Intérieur
L'accueil est rarement chaleureux dans un secteur en crise. Lundi soir, les syndicats de police ont salué sans trémolos la nomination de l'ancien ministre du Budget Gérald Darmanin au poste de ministre de l'Intérieur, en remplacement de Christophe Castaner. Âgé de 37 ans, ex-LR, le maire de Tourcoing est attendu au tournant par les représentants des policiers qui assument d'ores et déjà qu'ils ne lui feront pas de cadeau.
« Je lui souhaite la bienvenue et je lui dis ''au boulot'‘ », a commenté laconiquement Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, qui souligne le profil de « novice » du nouveau locataire de Beauvau en matière policière. « Qu'il ne pense pas un instant qu'il y aura un état de grâce. Je compte sur son expérience au Budget pour trouver des solutions aux attentes budgétaires et à la réorganisation de la police. » Avec en tête, de meilleures conditions salariales pour les brigades de nuit, et une réforme des voies d'avancement. « Certains parlent d'un Ségur de l'Intérieur ».
Elisabeth Borne - Ministre du Travail, de l’emploi et de l’insertion
Elisabeth Borne, 59 ans vient de la société civile. La rumeur la donnait partante, emportée par la vague verte. Elisabeth Borne a finalement survécu au remaniement mais devra abandonner la Transition écologique et solidaire pour le Travail, où elle va remplacer Muriel Pénicaud, grande perdante du jeu de chaises musicales. A charge pour cette techno pur jus, polytechnicienne, passée par la SNCF et la RATP, ancienne préfète et directrice de cabinet de Ségolène Royal, de contenir les effets de la crise économique sur l'emploi.
Elle sera épaulée par Brigitte Klinkert, qui fait son entrée au gouvernement - une première pour la présidente du département du Haut-Rhin issue de la droite modérée - comme ministre déléguée à l'Insertion.
Sébastien Lecornu - Ministre de l’Outre-mer
Agé de 34 ans (il est le plus jeune ministre des Outre-mer depuis 1958), Sébastien Lecornu, était entré au gouvernement dès l’accession d’Emmanuel Macron à l’Elysée. En juin 2017, il est nommé Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique. En octobre 2018, il prend du galon en devenant ministre chargé des Collectivités territoriales.
Sébastien Lecornu, avant de se rallier à Emmanuel Macron en 2017, était un cadre de l’UMP puis des Républicains. Proche de Bruno Le Maire, il a notamment remporté les municipales à Vernon, en Normandie, en 2014. Il a également présidé le conseil départemental de l’Eure. Comme Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, il a été exclu de LR lors de son entrée au gouvernement en 2017.
Depuis son entrée au gouvernement en 2017, Sébastien Lecornu a toujours montré de l’intérêt pour les Outre-mer, qu’il a visité à de nombreuses reprises : en septembre 2017, il effectue un déplacement à Wallis et Futuna puis en Polynésie. En décembre 2017, il accompagne Edouard Philippe lors de son premier déplacement en Nouvelle-Calédonie. En mai 2018, il fait partie de la délégation qui accompagne Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, à six mois du premier référendum d'autodétermination. En juin 2018, il se rend à La Réunion. Un mois plus tard, en juillet 2018, il est en déplacement en Guyane. En juin 2019, il est en visite à Saint-Pierre et Miquelon. Un mois plus tard, il retourne en Polynésie. Enfin, en février 2020, il se rend en Guadeloupe.
Jacqueline Gourault - Ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales
Fidèle soutien de François Bayrou, Jacqueline Gourault, 69 ans, intègre son parti, le MoDem, dès sa création en 2007, où elle occupera le poste de vice-présidente exécutive du Bureau, et de présidente de la Fédération Régionale du MoDem du Loir-et-Cher durant quelques mois.
D'abord soutien d'Alain Juppé lors de la primaire des Républicains en 2016, elle décide d'accorder sa confiance à Emmanuel Macron en le parrainant, en 2017 lors de l'élection présidentielle. Ce dernier ayant remporté l’élection, il pense à elle pour prendre une nouvelle fonction dans son gouvernement. Jacqueline Gourault se voit ainsi confier, par l'intermédiaire du premier ministre Édouard Philippe, un poste nouvellement créé, celui de Ministre auprès du Ministre d’État Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur.
Jacqueline Gourault prend ses nouvelles fonctions le 21 juin 2017, lors de la formation du nouveau gouvernement du premier Ministre Édouard Philippe.
Le 16 octobre 2018, elle est nommée à la tête du ministère des Territoires.
Eric Dupond-Moretti - Garde des sceaux, Ministre de la Justice
Éric Dupond-Moretti a été nommé ministre de la Justice, en remplacement de la garde des Sceaux Nicole Belloubet. C'est la surprise de ce remaniement. Le ténor du barreau, surnommé « Acquittator » pour le nombre record d'acquittements qu'il a obtenu, est redouté des cours d'assises.
Fils d’une femme de ménage italienne et d’un ouvrier d’usine mort prématurément, l’avocat Éric Dupond-Moretti devient, à 59 ans, garde des Sceaux, sans avoir jamais fait de politique ni quémandé le moindre poste.
Quel destin ! Ce natif de Maubeuge, qui a accumulé les petits boulots pour payer des études que sa mère ne pouvait financer seule, a prêté son serment d’avocat à Lille, en 1984. Vingt ans plus tard, avec l’affaire d’Outreau, il a conquis ses galons de plus grand bretteur d’assises de sa génération avec, au compteur, un nombre d’acquittements (150 environ) sans équivalent.
« EDM » est aussi une vedette populaire, un amateur inconditionnel de chanson française, qui partage sa vie avec l’artiste canadienne Isabelle Boulay, laquelle, par coïncidence, fêtait son anniversaire ce lundi. C’est aussi un chasseur (au faucon) et un amateur de corrida. Un comédien dont le spectacle - un monologue sur la justice et le métier d’avocat - faisait encore salle comble avant le confinement. Un affectif
Roselyne Bachelot - Ministre de la Culture
Alors que Bachelot répétait que l'on ne l'y reprendrait plus, (aux Grosses têtes, sur RTL, elle parlait même d'un « cauchemar »), le virus de la politique l'a rattrapé. Depuis 2012, reconvertie en chroniqueuse, très populaire, souvent truculente, elle courrait radios et télévisions. Et n'était pas la dernière à lancer des plaisanteries de carabin. Mais son passé de ministre a ressurgi pendant le confinement, au moment de la polémique sur la gestion des masques. À la Santé, en 2010, elle avait commandé des stocks importants de vaccins et de masques, pour lutter contre la grippe aviaire. Non utilisés, ils ont été ensuite détruits. Ce principe de « précaution », violemment critiqué il y a dix ans, est aujourd'hui salué comme une marque d'habilité. Au point que l'on ait parlé de « réhabilitation » de Roselyne Bachelot.
Roselyne Bachelot, 73 ans, retrouve un maroquin et découvre un troisième président. Ministre de l'Écologie sous Jacques Chirac, puis ministre de la Santé sous Nicolas Sarkozy, l'ancienne cadre de l'UMP devient ministre de la Culture d'Emmanuel Macron, où elle remplace Franck Riester.
Olivier Véran - Ministre de la Solidarité et de la Santé
En plein « Ségur de la Santé », celui qui a géré la crise du coronavirus et succédé à Agnès Buzyn conserve son poste, en 12ème place du gouvernement. Il sera épaulé par Brigitte Bourguignon, nommée ministre déléguée à l’autonomie.
Longtemps inconnu au-delà des cénacles santé, Olivier Véran est devenu en trois mois l’une des personnalités politiques préférées des Français : le jeune neurologue grenoblois s’est hissé au hit-parade des personnalités politiques les plus populaires... Deux points derrière Nicolas Sarkozy, dans le dernier baromètre Kantar-OnePoint du Figaro Magazine. Au sein du gouvernement, seul Bruno Le Maire faisait mieux, mais il arrivait devant Le Drian, Darmanin ou Blanquer... Il conserve son ministère de la santé et des solidarités. Reste à savoir s’il conserve bien dans son périmètre l’épineux dossier des retraites, ou si celui-ci est géré directement par Matignon ou un autre ministère, par exemple celui du travail. Une chose est sûre, il sera épaulé par la députée LREM Brigitte Bourguignon, ex-présidente de la commission des affaires sociales, qui devient ministre déléguée à l’autonomie.
Annick Girardin - Ministre de la Mer
Annick Girardin, 55ans, reste au gouvernement et devient ministre de la Mer. Avec Jean-Yves Le Drian, elle possède la particularité d’avoir été ministre sous François Hollande, d’accepter de s’embarquer en mai 2017 dans le premier gouvernement d’Edouard Philippe et de rester dans le gouvernement de Jean Castex.
C’est la première saint-pierraise à être devenue ministre sous la Ve république. Native de Saint-Malo, Annick Girardin a débuté en politique à Saint-Pierre et Miquelon, archipel français situé au large de Terre neuve (Canada) où elle a grandi entourée des siens.
Engagée en politique au Parti radical de gauche, c’est à Saint-Pierre qu’elle est élue députée en 2007. A la tête du ministère des Outre-mer à partir du 17 mai 2017, elle revendique régulièrement cette appartenance aux Outre-mer. Son parcours au sein de ce ministère sera marqué par la gestion du cyclone Irma, deux crises à Mayotte puis à La Réunion et la mise en place des Assises des Outre-mer.
Frédérique Vidal - Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Frédérique Vidal, 56 ans est issue de la société civile. Elle a été directrice adjointe de la faculté des sciences entre 2007 et 2009 et membre extérieur du conseil scientifique régional de l'Inserm, puis la présidente de l'Université de Nice-Sophia-Antipolis entre 2012 et 2017. Relativement peu connue du grand public, elle incarne ce renouvellement que le président Macron appelle de ses vœux. La ministre de la Recherche du gouvernement Philippe laisse derrière elle une carrière de chercheuse en biochimie et en virologie moléculaire.
Julien Denormandie - Ministre de l’Agriculture et de l’alimentation
Julien Denormandie poursuit son ascension au sein de la macronie. Fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron, l'ancien ministre de la Ville et du Logement hérite, quelques semaines avant ses quarante ans, de l'Agriculture et l'Alimentation. La promotion vient récompenser un engagement sans faille pour le ministre, qui aura notamment sous sa responsabilité des dossiers comme la transition agro-écologique (notamment la réglementation sur l'usage du glyphosate) ou les conditions de travail dans les abattoirs.
Diplômé de l'Ecole nationale des eaux et des forêts, pur technocrate, Julien Denormandie est un proche du chef de l'Etat depuis le début du quinquennat Hollande. Tous deux conseillers - Macron à l'Elysée, Denormandie à Bercy -, les deux hommes envisagent même, en 2014, de quitter le service public pour lancer une start-up d'enseignement public à distance.
Le futur chef de l'Etat embarque finalement le trentenaire à Bercy, où ce dernier l'épaule jusqu'en 2016. Signe de la confiance que lui accorde Emmanuel Macron, Julien Denormandie quitte alors le ministère pour porter le mouvement « En marche ! » jusqu'à l'élection présidentielle, puis aux législatives.
Amélie de Montchalin - Ministre de la Transformation et de la fonction publique
Et une marche de plus! Amélie de Montchalin, qui avait remplacé en 2019 Nathalie Loiseau aux Affaires européennes mais n’avait hérité que d’un secrétariat d’État, va enfin pouvoir voler de ses propres ailes. Dans le gouvernement Castex I, l’ex-députée LREM de l’Essonne récupère, à 35 ans, le sensible et stratégique portefeuille de la Transformation et de la fonction publique.
Surtout, son magistère sort du giron de Bercy - qu’elle devrait prochainement quitter - où il était rattaché depuis 2017 et perd donc en partie son aspect financier et budgétaire.
La ministre va retrouver le thème de l’évaluation des politiques publiques qu’elle avait porté à l’Assemblée en créant le printemps de l’évaluation. Un sujet « très transversal, plus concret et moins diplomatique » qu’aux Affaires européennes qui plaît à cette petite-fille d’agriculteurs du plateau de Saclay, un peu donneuse de leçons, qui énerve autant qu’elle séduit, et dont l’ascension n’est en rien le fruit du hasard.
Marc Fesneau - Ministre délégué auprès du Premier ministre Chargé des Relations avec le Parlement et de la participation citoyenne
Proche de François Bayrou et de Jacqueline Gourault, le député centriste, un temps pressenti à l'Agriculture, conserve finalement son maroquin de ministre délégué aux Relations avec le Parlement dans le gouvernement Castex. Il sera également en charge de la participation citoyenne. Il fait partie de ces ministres épargnés par le jeu de chaises musicales.
Si en 2018, sa nomination au ministère en charge des Relations avec le Parlement (en remplacement de Christophe Castaner) avait surpris, un passage à l'Agriculture semblait plus en lien avec ses affinités pour celui qui, ces derniers mois, a effectué plusieurs déplacements dans le monde agricole, notamment pour rencontrer des éleveurs et discuter des problèmes posés par les attaques de loup.
C’est un domaine qu'il connaît plutôt bien, puisqu'il était notamment chargé des dossiers agricoles lors de la campagne présidentielle de François Bayrou en 2012.
Elisabeth Moreno - Ministre déléguée auprès du Premier ministre Chargée de l’Egalité entre les Femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances
Arrivée en France à l'âge de 7 ans, cette native du Cap-Vert âgée de 49 ans a fait une belle carrière dans la Tech. Elle est investie de longue date en faveur de la parité mais ne connaît pas encore les arcanes de la politique.
Élisabeth Moreno devient ministre déléguée en charge de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, tout en étant rattachée à Matignon. Directrice commerciale Europe du fabricant d'ordinateur « Lenovo » entre 2012 et 2019, la Franco-Capverdienne a ensuite occupé le poste de vice-présidente de Hewlett-Packard Afrique.
Franck Riester - Ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Chargé du commerce extérieur et de l’attractivité
Nommé ministre délégué au commerce extérieur et à l'attractivité, Franck Riester a été remplacé au ministère de la Culture par Roselyne Bachelot
Avec la nomination de Franck Riester, la France retrouve un ministre de plein exercice en charge du Commerce extétrieur. En fait, son prédécesseur à ce poste, Jean-Baptiste Lemoyne, était depuis 2017 secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Luc Le Drian, chargé du commerce extérieur, du tourisme et de la francophonie.
La responsabilité du commerce extérieur est passée de Bercy au Quai d'Orsay depuis 2014, à l'issue d'une rude "bataille d'influence" dont Laurent Fabius était sorti vainqueur à l'époque, au nom du concept de "diplomatie économique".
Au ministère de la Culture, Franck Riester a eu du mal à exister durant la crise sanitaire du Covid-19, catastrophique pour le secteur culturel, à la suite de sa mise à l’arrêt totalement inédite (cinéma, théâtre, spectacles).
Emmanuelle Wargon - Ministre déléguée Auprès de la ministre de la Transition écologique Chargée du Logement
Haut-fonctionnaire de 49 ans, Emmanuelle Wargon continue donc son action dans la mandature du président Emmanuel Macron. L’ancienne directrice de la communication du groupe Danone avait en effet intégré le gouvernement Edouard Philippe II en 2018. Elle devenait alors secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.
Une entrée dans le monde politique ? Pas tout à fait. De 2007 à 2010, Emmanuelle Wargon a été directrice de cabinet de Martin Hirsch, alors Haut-commissaire aux Solidarités actives contre les pauvretés au sein du gouvernement de François Fillon. Elle est ensuite secrétaire générale des ministères sociaux (Santé, Travail, Sport) jusqu’en 2012, puis déléguée générale à la Formation professionnelle et à l’Emploi au ministère du Travail de 2012 à 2015.
Au lendemain de la crise des Gilets Jaunes, la secrétaire d’Etat avait porté la mise en place du Grand débat national, voulu par Emmanuel Macron, avec Sébastien Lecornu.
Jean-Baptiste Djebbari - Ministre déléguée Auprès de la ministre de la Transition écologique Chargé des Transports
Jean-Baptiste Djebbari, promu du secrétariat d'Etat aux Transports au poste de ministre délégué, a enchaîné les crises depuis son entrée au gouvernement, face aux agents de la SNCF et de la RATP en grève contre la réforme des retraites puis au chevet du secteur aérien mis à terre par le coronavirus, quitte à se mettre "en scène" selon ses détracteurs.
Nommé en septembre secrétaire d'Etat aux Transports dans le gouvernement Philippe, le député de la Haute-Vienne de 38 ans a fait ses premiers pas au gouvernement en défendant devant les députés le tentaculaire projet de loi sur les mobilités et en tentant - sans succès - de sauver de la faillite les compagnies aériennes Aigle Azur et XL Airways.
Après avoir débuté comme contrôleur aérien, ce jeune homme pressé est devenu pilote puis directeur des opérations pour une société spécialisée dans les vols d'affaires. Il a également été expert judiciaire aéronautique. Travaillant en 2015 à la création d'une compagnie aérienne interrégionale, il a rencontré Emmanuel Macron, alors ministre, et s'est engagé dans sa campagne présidentielle.
Député, il s'est fait connaître en 2018 comme rapporteur du projet de réforme ferroviaire. Visage anguleux, débit de mitraillette, ambitions affichées... L'ancien porte-parole du groupe des "marcheurs" à l'Assemblée est depuis devenu un habitué des plateaux et caméras de télévision.
Olivier Dussopt - Ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des finances et de la relance chargé des Comptes publics
L’Annonéen Olivier Dussopt a été nommé ministre délégué aux Comptes publics. Une promotion pour le Nord-Ardéchois de 42 ans, auparavant secrétaire d’État en charge de la fonction publique. C’est fin 2017 qu’Olivier Dussopt, alors député PS de la 2e circonscription de l’Ardèche, avait rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe. L’ancien maire d’Annonay (de 2008 à 2017) y avait été chargé de préparer la réforme de la fonction publique.
Cette fois, c’est auprès du nouveau Premier ministre Jean Castex qu’Olivier Dussopt gravit un nouvel échelon. Et cela montre aussi que la confiance d’Emmanuel Macron envers l’Ardéchois n’a pas été entamée par l’enquête ouverte par le parquet national financier concernant deux tableaux qu’il avait reçus en 2017 en cadeau, quand il était député-maire d’Annonay.
Agnès Pannier-Runacher - Ministre déléguée auprès du ministre de l'Economie, des finances et de la relance chargée de l’Industrie
Enarque comme lui, haute fonctionnaire qui a alterné public et privé comme lui : Agnès Pannier-Runacher, promue lundi ministre déléguée à l'Industrie après avoir été secrétaire d'Etat chargée du secteur, est un soutien d'Emmanuel Macron de la première heure qui a fait ses premiers pas en politique à Bercy... comme le président.
Les comparaisons s'arrêtent là. Si Emmanuel Macron a été propulsé au ministère de l'Economie, cette inspectrice des Finances de 46 ans a été nommée en octobre 2018 à la fonction plus discrète de secrétaire d'Etat à l'Economie.
Elle restera chargée de l'Industrie dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Jean Castex, mais avec le grade plus élevé de « ministre déléguée », et tout en restant sous l'égide de Bruno Le Maire, lui-même reconduit comme ministre de l'Economie, des finances... et de la relance.
C'est sur le bureau de Mme Pannier-Runacher qu'atterrissent les dossiers les plus épineux, doux euphémisme pour des fermetures d'usines et les conflits sociaux qui remontent jusqu'à Bercy. De la recherche d'un repreneur pour l'aciérie de Saint-Saulve (Nord) au plan social annoncé récemment par Nokia, en passant par l'approvisionnement en masques pendant le confinement, cette Parisienne pur jus a eu l'occasion de faire le tour de la France qui se désindustrialise, au cours d'un mandat qui a débuté juste avant la crise des "gilets jaunes".
Alain Griset - Ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des finances et de la relance chargé des Petites et moyennes entreprises
Alain Griset a été nommé ministre délégué en charge des Petites et moyennes entreprises, auprès du ministre de l'Économie. Patron d'une entreprise de taxi pendant 40 ans puis cogérant d'une entreprise d'esthétique, il est devenu en 2017 président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), une des trois organisations patronales.
C'est une nomination "win-win", dirait-on dans ce langage techno qu'affectionne Emmanuel Macron. En propulsant Alain Griset, 67 ans, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P) ministre délégué en charge des petites et moyennes entreprises auprès de Bercy, le chef de l'Etat et son Premier ministre Jean Castex rassurent leurs 2,8 millions d'adhérents : des artisans, des commerçants, mais aussi ces bataillons de professions libérales - des infirmières aux avocats - qui s'étaient levées contre l'exécutif, de peur qu'il ne mette la main sur leurs précieuses caisses de retraite. Des professions qui, depuis la pandémie du Covid-19, luttent désormais souvent pour leur survie.
Roxana Maracineanu - Ministre déléguée auprès du ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports chargée des Sports
Roxana Maracineanu est parvenue à se maintenir au gouvernement, mais à la tête d'un ministère délégué aux Sports et rattaché à l'Education nationale, une évolution souhaitée par certains, une « relégation » pour d'autres, qui posera en tout cas la question de ses moyens.
Plusieurs noms avaient circulé pour remplacer l'ancienne championne du monde de natation et son équipe jurait n'avoir aucune garantie jusqu'aux dernières heures précédant l'annonce de l'équipe de Jean Castex. Finalement, Roxana Maracineanu reste au gouvernement, mais doit accepter un ministère délégué, placé sous le périmètre d'un grand portefeuille de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports.
"On a les Jeux olympiques et paralympiques de Paris-2024, mais on perd un ministère de plein exercice. C'est le début du démantèlement du ministère des Sports", a déploré auprès de l'AFP, l'ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet (1997-2002).
Au contraire, le patron du comité olympique français (CNOSF) Denis Masseglia, voit son vœu exaucé, lui qui plaidait il y a une semaine encore ce rapprochement pour construire d'"indispensables synergies". « Un ministère de plein exercice, ça ne sert à rien (si le budget est faible). Ça flatte l'ego du ministre, c'est tout », disait-il.
Geneviève Darrieussecq - Ministre déléguée auprès de la ministre des Armées chargée de la Mémoire et des anciens combattants
Allergologue de 64 ans, Geneviève Darrieussecq est entrée assez tardivement en politique à l'âge de 48 ans. Elle est alors élue régionale d'Aquitaine en 2004. Une fonction qu'elle exercera pendant deux mandats jusqu'en 2015.
Cette native de Peyrehorade devient maire de Mont-de-Marsan en 2008 mettant fin à 46 ans de gestion de gauche dans la préfecture des Landes. La centriste est réélue maire de Mont-de-Marsan en 2014 dès le premier tour. Elle restera présidente de l'agglomération de Mont-de-Marsan de 2009 à 2017.
Le 21 juin 2017, un mois après son élection comme députée de la première circonscription des Landes, elle avait été nommée secrétaire d'État auprès de la Ministre des Armées, à la suite du départ de plusieurs membres de l’équipe gouvernementale.
Marlène Schiappa - Ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur chargée de la Citoyenneté
Le sort de Marlène Schiappa pose question. La secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes avait fait savoir dans la presse son désir d’étoffer ses attributions, auxquelles elles ne voulaient pas renoncer, dans l’espoir d’obtenir un portefeuille de plein exercice… C’est raté. Cette fidèle parmi les fidèles reste secrétaire d’État et change d’attribution, pour se concentrer désormais sur la « Citoyenneté », un dossier dont les contours restent pour l’heure assez flou. Si elle délaisse sont sujet de prédilection, on se souvient de son activisme durant la crise des gilets jaune lorsqu’elle avait notamment animé un débat avec Cyril Hanouna. Et ses nouvelles fonctions seront sans doute l’occasion d’utiliser au mieux son sens de la communication.
Issue de la société civile Marlène Schiappa s’était fait remarquer pour avoir créé le réseau « Maman travaille ». Diplômée de communication elle a été successivement Assistante, puis chargée de veille nouveaux médias pour l'agence Euro RSCG, journaliste pour Yahoo.fr puis Directrice éditoriale d'une agence de presse.
Brigitte Klinkert - Ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion chargée de l’Insertion
La nouvelle ministre déléguée à l'Insertion, ex-présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, a mis en place sur son territoire une politique volontariste de retour à l'emploi. Un de ses projets visait à conditionner le RSA à sept heures de travail bénévole.
L’entrée de Roselyne Bachelot au gouvernement et la promotion de Gérald Darmanin, tous deux venus des rangs du parti Les Républicains, ne sont pas les seuls marqueurs du coup de barre de l’exécutif. Moins connue, la nouvelle ministre déléguée à l’Insertion, Brigitte Klinkert vient, elle aussi de la grande famille du centre droit. L’Alsacienne de 64 ans est issue de l’UDF et a rendu sa carte LR en 2019. Mais elle était toujours suppléante du député Eric Straumann (LR), récemment élu maire de Colmar. Et à son poste de présidente du conseil départemental, qu’elle occupait depuis 2017 (après l’élection d’Eric Straumann, toujours, comme député), elle s’est distinguée par une politique d’insertion et de retour à l’emploi plutôt marquée à droite.
Nadia Hai - Ministre déléguée auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales chargée de la Ville
Nadia Hai devient ministre déléguée chargée de la Ville. Après une carrière à la banque HSBC puis chez Barclays, elle a été élue dans les Yvelines en 2017, sous l'étiquette LREM. Députée de Trappes, où elle a succédé à Benoît Hamon, elle a ensuite rejoint la commission des Finances de l'Assemblée.
Brigitte Bourguignon - Ministre déléguée Auprès du ministre des Solidarités et de la Santé chargée de l’Autonomie
Ex-socialiste ralliée à En Marche et longtemps soutien de la "jambe" gauche du quinquennat, la présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée Brigitte Bourguignon se retrouve à piloter le lourd dossier de l'Autonomie, en lien avec le grand âge.
La députée du Pas-de-Calais s'est récemment illustrée à la tête de la commission d'enquête sur le Covid-19, dont elle ne voulait faire « ni un tribunal ni un feuilleton télévisé » - une gestion saluée même par les oppositions et tranchant avec la commission d'enquête sur l'affaire Benalla il y a deux ans.
À 61 ans, Mme Bourguignon intègre pour la première fois un gouvernement, comme ministre Déléguée auprès d'Olivier Véran (Santé et Solidarités), avec qui elle a entretenu de bonnes relations au Palais Bourbon notamment lors des examens des budgets de la Sécu au fil des années. « Ensemble, nous conduirons un chantier historique, pour l'autonomie », a lancé sur Twitter le ministre.
Gabriel Attal - Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre et Porte-parole du Gouvernement
La controversée Sibeth Ndiaye passe la main à Gabriel Attal. A la faveur du remaniement annoncé ce lundi par Alexis Kohler depuis l'Elysée, le trentenaire a été nommé porte-parole du gouvernement.
Issu du premier cercle macronien, Gabriel Attal est familier du porte-parolat : il avait déjà rempli cette mission pour le compte de « La République En Marche » de janvier à octobre 2018, défendant Emmanuel Macron à la moindre polémique. Juste avant de devenir, en octobre 2018, à 29 ans, le plus jeune membre du gouvernement que la Ve République ait connu avec sa nomination en tant que secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse auprès du ministre de l'Education nationale.