Au début des années trente la firme Bugatti se trouve dans une situation financière critique. Pourtant, Ettore Bugatti, qui réside le plus souvent à Paris pour son projet d’autorail, n’hésite pas à laisser les pleins pouvoirs à son fils Jean, qui n’a guère plus de vingt ans, pour diriger l’usine de Molsheim, entouré de quelques ingénieurs de talent. La gamme de la société alsacienne est vieillissante et n’est plus adaptée à l’attente d’une clientèle avide de nouveautés. Le projet qui vient d’être lancé le Type 57 est donc destiné à remplacer ces modèles très luxueux, mais très chers, et qui n’ont pas été de grands succès commerciaux. La nouvelle venue doit plaire aux fidèles « bugattistes » attachés à la performance et à l’allure sportive de la carrosserie et doit impérativement toucher une clientèle nouvelle. L’étude de la Type 57 s’achève au cours de l’été 1933 et la voiture est présentée officiellement au Salon de Paris en octobre. Les premières livraisons n’interviennent cependant qu’au printemps 1934.
Bugatti proposait ses propres carrosseries, mais certains châssis sortant des ateliers de Molsheim pouvaient être livrés sous forme de châssis roulants. Pour le Type 57 la marque innove ; l’usine s’engage désormais à ne livrer que des véhicules terminés, proposant à l’acquéreur une série d’habillages qui sont autant de réussites au niveau du style. Les différents modèles, à l’exception de l’Atalante et de l’Atlantic portent le nom des grands cols européens. Jean Bugatti, fils d’Ettore, aussi brillant dessinateur que talentueux ingénieur est l’auteur d’une bonne partie des nouveaux modèles : la berline quatre portes sans montant « Galibier », le coach deux portes « Ventoux », du cabriolet 2+2 « Stelvio » et du sublime coupé « Atalante ». Les Galibier et Ventoux sortent directement de l’usine de Molsheim alors que le cabriolet Stelvio et l’Atalante sont fabriqués chez Gangloff à Colmar.
Présentée au Salon de Paris 1933, la Type 57 offre des prestations hors du commun, roulant à plus de 150 km/h. En 1936 entre au catalogue la Type 57 C à compresseur (185 km/h) et la Type 57 S surbaissée. On y installe un moteur plus puissant, la puissance passant de 130 à 170 ch. Puis la S devient la SC par adjonction d’un compresseur Roots qui fait grimper la puissance à 210 ch à 5 500 t/mn. Le coupé 57 SC « Atlantic » est le travail personnel de jean Bugatti. Ce sera le modèle le plus original mais aussi le plus cher de la gamme. L’aérodynamique et la réduction de poids ont été beaucoup travaillées pour encore améliorer les performances. La voiture fait 963 kg et elle atteint alors la vitesse de pointe de 210 km/h.
Avec 830 exemplaires construits entre 1934 et octobre 1939, la Type 57 représente 10% de la production totale de la marque. La Stelvio ne fut construite qu’à environ 80 exemplaires. La Type 57 est aussi la dernière « vraie » Bugatti. Les quelques voitures de type 101 assemblées en 1950-51 ne sont que des Type 57 habillées de carrosserie moderne. L’accident tragique de Jean Bugatti en août 1939, survenu quinze jours à peine avant la déclaration de guerre, bouleverse le devenir de la marque. La paix revenue, Molsheim tente de reprendre un nouveau souffle mais le décès d’Ettore en 1947 et l’absence de Jean ne favoriseront guère le redémarrage tant attendu.
Texte : stubs-auto.fr Philippe Baron
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