La descente aux enfers d’un pays, même industrialisé, peut être à la fois rapide et brutale. En moins de deux ans, l'Argentine a sombré dans une crise économique qui l’a conduit en « défaut virtuel de paiement » pour le remboursement de sa dette et qui a entrainé des mesures économiques et sociales d’urgence …Entrainé dans un cercle infernal le pays semble aujourd’hui impuissant à enrayer sa chute.
En quelques dates, rappel des circonstances qui ont amené le pays dans la situation actuelle :
Avril-mai 2018 - Le peso décroche : La devise argentine fond de près de 20% en 45 jours. Pour freiner sa chute, la Banque centrale d’Argentine relève son taux directeur jusqu'à 40% et vend des réserves de devises.
Le 20 juin 2018 - Prêt du FMI : Incapable d'emprunter sur les marchés en raison d'un risque élevé, le président de centre droit Mauricio Macri conclut un accord avec le FMI, prévoyant un prêt de 50 milliards de dollars en échange d'une cure d'austérité.
Le 25 juin 2018 - Grève générale et manifestations : L'Argentine est pratiquement paralysée par une grève générale contre la politique gouvernementale, l'accord avec le FMI et les mesures d’austérité annoncées.
En juillet-août 2018 : Des manifestations dénonçant l'inflation galopante ont lieu à Buenos Aires et dans plusieurs autres villes du pays.
Début septembre 2018 : Le gouvernement prend une série de nouvelles mesures d'austérité. Le 24 septembre M. Macri affirme que «il n'y a aucun risque que l'Argentine se retrouve en défaut de paiement ». Nouvelle grève générale le lendemain 25 septembre.
Le 26 septembre - Prêt du FMI augmenté : Le FMI augmente son prêt, le faisant passer de 50 à 57 milliards de dollars. Il en versera plusieurs tranches, totalisant 44 milliards de dollars à la fin de l’année 2018.
Fin de l’année 2018 : L'Argentine termine l'année 2018 en récession, avec une contraction de son PIB de 2,5%. L’inflation a atteint 47,6 % au cours de l’année 2018
Le 4 avril 2019 : Des dizaines de milliers de manifestants, dans plusieurs villes du pays, réclament un changement de cap.
Le 17 Avril 2019 : Le gouvernement gèle le taux de change du peso et le prix des produits de première nécessité et des services publics pour tenter de freiner l'inflation qui ne cesse d’augmenter.
Le 29 mai 2019 : Une nouvelle grève générale paralyse tout le pays.
Le 11 août 2019 - Macri perd les primaires : Le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez devance le Président Mauricio Macri aux primaires, qui sont une répétition de la présidentielle.
Le 14 août 2019 : M. Macri annonce, sous la pression populaire, une hausse du salaire minimum, des baisses d'impôts et le gel des prix de l'essence pendant trois mois.
Le 16 août 2019 : Les agences de notation Fitch et S&P abaissent la note de l'Argentine.
Le 17 août 2019 : Le ministre des Finances démissionne après une semaine de turbulences sur les marchés.
Le 28 août 2019 : L'Argentine demande au FMI de rééchelonner sa dette.
Le 1er septembre 2019 - « Urgence alimentaire » : Le gouvernement impose un contrôle des changes pour tenter de rassurer les marchés.
Le 19 septembre 2019 : Le Parlement approuve un « état d'urgence alimentaire », allouant des fonds supplémentaires aux programmes destinés aux plus démunis.
Le 27 octobre – Elections présidentielles : Alberto Fernandez remporte la présidentielle.
Le 28 octobre 2019 : Mauricio Macri durcit le contrôle des changes pour freiner la fuite des capitaux et la chute des réserves monétaires.
Le 26 novembre 2019 : Le président élu annonce qu'il ne demandera pas le décaissement de la dernière tranche du prêt du FMI.
Le 10 décembre 2019 : Dans son discours d'investiture, le président assure que l'Argentine « a la volonté de payer » sa dette extérieure, mais n'a pas « les moyens de le faire ».
15 décembre 2019 - Mesures d'urgence : Tandis que la dette publique atteint 93% du PIB (contre 52,6% en 2015) et le taux de pauvreté 41%, le gouvernement annonce des mesures d'urgence : hausse de la fiscalité pour les classes moyennes et supérieures, prestations sociales pour les plus défavorisés, taxe de 30% sur les achats en devises étrangères. Ces mesures sont validées par le Congrès, pour application le 23 décembre.
Le 20 décembre 2019 - Défaut sélectif, défaut virtuel : Après le report d'un paiement de neuf milliards de dollars, les agences de notation Fitch et S&P abaissent la note de l'Argentine, estimant que ce pays est en « défaut sélectif » (emprunteur qui n'a pas honoré une partie de ses obligations, mais qui rembourse ses autres emprunts à temps).
Le 22 décembre 2019 : Le président Fernandez confirme que l'Argentine est en « défaut de paiement virtuel » pour souligner la situation particulièrement difficile que lui a léguée son prédécesseur.
On attend la suite après la trêve de Noël. On ne voit pas comment le pays pourrait échapper à un nouveau train de mesures d’austérité encore plus sévère que les précédents ….
Source : LeFigaro.fr 23-12-2019