Lorsqu'elle est présentée au Salon de Paris 1936, la Mercedes 540 K est l'aboutissement de deux modèles qui lui ont, en quelque sorte, servi de banc d'essai : la 380 et la 500 K. La 380, présentée en 1933, bénéficie des travaux de Hans Nibel, ingénieur qui a mis au point quelques redoutables modèles de compétition. Ainsi, la nouvelle Mercedes bénéficie d'une suspension particulièrement évoluée, à doubles triangles à l'avant et essieu brisé à l'arrière, le tout supporté par des ressorts hélicoïdaux. Ces caractéristiques lui permettent d'offrir un comportement routier extrêmement sûr et confortable même sur mauvais revêtement, ce que salue la presse d'époque. Côté moteur, la 380 arbore un nouveau huit-cylindres culbuté, avec un compresseur en option. Il manque toutefois un peu de puissance pour faire oublier les fameuses S et SS que cette voiture est censée remplacer, si bien que Mercedes lance dès 1934 une version plus étoffée, la 500 K.
Son huit-cylindres en ligne présente la particularité d'un compresseur débrayable : lorsqu'elle est appuyée à fond, la pédale d'accélérateur commande un petit embrayage qui entraîne le compresseur, tout en ouvrant un dispositif d'enrichissement de carburant. Ainsi, la puissance augmente de façon significative en fonction des besoins du conducteur. C'est le même système qui est retenu deux ans plus tard sur la 540 K, plus puissante encore. Son moteur 5,4 litres délivre 180 ch à 3 400 tr/mn lorsque le compresseur est enclenché, ce qui permet à cette considérable automobile d'atteindre 170 km/h, grâce à une boîte de vitesses à quatre rapports.
Pour l'époque, c'est remarquable, et surtout cette vitesse est obtenue dans un confort et une sécurité qui sont déjà les marques de fabrique de Mercedes. La finition de la voiture est évidemment à la hauteur de son standing et plusieurs carrosseries sont disponibles en cabriolet, roadster ou coupé. Mais la plus impressionnante est alors la version Spezial Roadster. Voiture symbolisant l'âge d'or du classicisme automobile dans sa forme la plus prestigieuse, la 540 K est en plus d'une grande rareté puisqu'à peine plus de 400 exemplaires ont vu le jour entre 1936 et 1939.
La voiture présentée ici (châssis n°154072) est une Mercedes-Benz 540K Cabriolet B qui fut commandée par l'importateur de la marque au Royaume-Uni. D'après les archives de l'usine Mercedes, ce modèle carrossé par Sindelfingen a été commandé pour participer au Salon de Londres 1937. Il est exposé sur le stand Mercedes puis vendu à son premier propriétaire, un certain Sir Leonard Lyle peu après le Salon. Ce dernier, un brillant homme d'affaires issu d'une famille d'importateur qui s'était ensuite diversifié dans la raffinerie de sucre dans les années 20, fonda en 1921 la célèbre sucrerie Tate&Lyle. Membre du Parlement dans les années 20, le Baron Leonard Lyle est aussi un athlète accompli avec trois participations au Tournoi de Wimbledon.
Sir Lyle finit par se séparer de ce Cabriolet B 540K à une date qui reste malheureusement inconnue. Quelques années plus tard, l'auto réapparait en Espagne à la fin des années 90 où elle est alors à vendre. Une restauration de grande qualité, probablement allemande, a été réalisée il y a quelques temps. Cette 540K cabriolet B Sindelfingen se présente ainsi aujourd'hui dans une superbe combinaison de couleurs peinture noire et intérieur en cuir rouge.
Un modèle de haut de gamme qui, depuis, est devenu mythique.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
netcarshow.com
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)