VILLEVEYRAC (HERAULT)
ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE
L'abbaye Sainte-Marie de Valmagne est une abbaye cistercienne située à Villeveyrac, dans le département de l'Hérault.
L'abbaye est fondée en 1138 par Raymond Trencavel, vicomte de Béziers. Cette fondation est confirmée l'année suivante par l'évêque d'Agde (1139). Les premiers moines viennent de l'abbaye Notre-Dame d'Ardorel. Dépendante de l'abbaye de Cadouin, Valmagne suit d'abord la règle bénédictine. Le fort développement de l'ordre cistercien amène cependant l'abbaye à demander assez vite, en 1144, son détachement d'Ardorel et de Cadouin afin d'être rattachée à Bonnevaux, fondation de Cîteaux, dans le Dauphiné. Trencavel s'y oppose sans succès : le rattachement est effectif en 1145. En 1159, le pape Adrien IV confirme cette affiliation cistercienne. L'abbaye respectera alors les règles morales et architecturales de saint Bernard.
À l'image de Cîteaux, l'abbaye de Valmagne connaît une époque de splendeur avec d'abondantes donations, qui font que la richesse de la communauté sera considérable. Ainsi, une série de granges est établie dans la région et les relations avec la noblesse locale sont excellentes. Au début du XIIIème siècle, le cartulaire de l'abbaye mentionne des granges à Crès, Marcouine, Vayrac, Fondouce, Mèze (pêcheries de l'étang de Thau), Saint-Martin-de-la-Garrigue ; une série de moulins sur l'Hérault entre Paulhan et Aumes. À ces possessions rurales s'ajoutent des maisons urbaines et suburbaines, à Béziers et à Montpellier. Un vignoble de 10 arpents (environ 5 hectares) est aussi mis en place par des moines bourguignons, eux-mêmes à l'origine du célèbre Clos-Vougeot. La décision de reconstruire en 1257 une nouvelle église gothique sur les bases du premier édifice roman devenu trop exigu, alors que celui-ci n'a qu'un siècle d'existence, témoigne aussi de cette puissance. Au XIVème siècle, un cloître gothique remplace le précédent, roman, tout en conservant des éléments. Du XIIème siècle au début du XIVème siècle, Valmagne est une des abbayes les plus riches du sud de la France. Elle compte alors près de 300 moines.
Les premiers problèmes surviennent lors de la guerre de Cent Ans, époque du "grand malheur". L'épidémie de peste noire dévaste la région en 1348 : de nombreux moines meurent, d'autres fuient l'abbaye. De même, le passage des grandes compagnies et autres mercenaires endommage Valmagne. Peu à peu, les abbés, élus par les moines, ne parviennent plus à faire face aux dépenses et certaines dépendances sont vendues. À partir de 1477, l'abbaye est alors dirigée par des abbés commendataires : pour améliorer la gestion, ces derniers, désignés par le roi, sont choisis au-dehors et non plus parmi les membres de la communauté. Ces modifications conduisent à un certain relâchement de la vie religieuse et au désintéressement relatif de l'abbé pour son abbaye. Lors des guerres de religion, l'abbaye est presque abandonnée. L'abbé Vincent Concomblet de Saint-Séverin, en poste depuis quatre ans, embrasse la religion réformée et fait le siège des lieux. En 1575, une attaque des Huguenots brise tous les vitraux de l'église ; les dégâts sont considérables, notamment dans le cloître. Les moines sont massacrés lors de ces conflits. L'un d'entre eux, le moine Nonenque était le moine cellérier de l'abbaye. Réputé pour ses grandes compétences vinicoles, Nonenque est aujourd'hui devenue le nom d'une des premières cuvées du domaine de Valmagne. En 1625, il est demandé à un maître-maçon installé à Saint-Pargoire de procéder à la consolidation de l'église en refermant par des pierres les anciennes ouvertures laissées béantes depuis la destruction des vitraux lors des guerres de religion.
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE - Vue de la façade et portail ouest de l'abbatiale
(Photo Romain BREGET)
Pendant une quarantaine d'années, l'abbaye reste déserte : elle devient un repaire de brigands. Les moines reviennent à Valmagne au début du XVIIème siècle. Ils font revivre l'abbaye en commençant par des travaux de restauration. Des parties de l'église, notamment les fenêtres aux vitraux brisés, sont ainsi murées pour éviter toute chute. Quant au cloître, il est restauré. La remise en ordre des bâtiments s'étend cependant sur toute la durée du siècle. À partir de 1680, un nouvel abbé commendataire, le cardinal Pierre de Bonzi, archevêque de Toulouse et Narbonne et président des États du Languedoc, cherche à transformer Valmagne en palais épiscopal et à lui rendre son lustre passé. En prélat bâtisseur, il dote l'abbaye d'un bel escalier d'honneur, réhausse le cloître d'un étage et créé un jardin à la française. En 1698, Bonzi cède l'abbaye à son neveu, Armand Pierre de La Croix de Castries. Toutefois, au début du siècle suivant, des travaux importants sont encore nécessaires dans l'église mais les moyens financiers commencent à manquer : l'abbaye est endettée ! Dans les dernières années du XVIIIème siècle, la communauté des moines est très réduite. Lors de la Révolution française, l'abbaye est à nouveau saccagée. Des paysans révoltés brûlent mobilier, tableaux et archives. En 1790, les trois derniers moines quittent Valmagne et se réfugient à Barcelone en emportant le peu d'objets de valeur restant. L'abbaye devient bien national. Elle est vendue en 1791 à M. Granier-Joyeuse qui transforme l'église en chai (cave à vin). Des foudres sont alors installées dans les chapelles latérales et axiales de l'église. En raison de mésententes, les héritiers de l'entrepreneur cherchent ensuite à s'en séparer. Avec la permission de l'Évêché (?) , elle est rachetée par le comte de Turenne en 1838. Jamais revendue depuis, l'abbaye de Valmagne demeure désormais dans la descendance de cette famille qui se consacre elle aussi à la viticulture.
L'église, le cloître et la salle capitulaire sont classés aux monuments historiques le 11 avril 1947, et l'abbaye tout entière inscrite le 25 mars 1994 ; ce classement et cette inscription sont annulés par l'arrêté du 10 mars 1997, qui classe l'ensemble de l'abbaye. Celle-ci accueille aujourd'hui de temps en temps des manifestations culturelles (concerts classiques). Elle est également ouverte aux visites touristiques depuis 1975.
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE - Dortoir
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE - Façade occidentale
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Abbatiale. La nef et le chœur
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Collégiale. Couronnement de la Vierge, clef de voûte de l’abside.
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Abbatiale. Déambulatoire
(Photo Romain BREGET)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Abbatiale. Voute du choeur
(Photo Romain BREGET)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Vierge à l’enfant dans l’abbatiale
(Photo Jean-Pierre ECHAVIDRE)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Fontaine lavabo
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Fontaine lavabo. Détail
(Photo Jean-Pierre ECHAVIDRE)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Cheminée du réfectoire
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Salle du Chapitre, vue depuis le cloître.
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Salle du Chapitre
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Ornements de jardin, commandés par le cardinal Pierre de Bonzi qui n’ont, jamais été mis en place en raison de l’arrêt des travaux d’agrandissement de l’abbaye et qui ont été déposés entre les colonnes de la salle capitulaire.
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Salle capitulaire
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Le cloître
(Photo Adrena)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Le cloître
(Photo Jean-Pierre ECHAVIDRE)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE – Le cloître travée nord
(Photo Daniel VILLAFRUELA)
VILLEVEYRAC : ABBAYE SAINTE-MARIE DE VALMAGNE
(Photo Jochen JAHNKE)