VITRE (ILE-ET-VILAINE)
LE CHATEAU
Vitré est au Moyen Âge le siège d'une baronnie, de 1008 (Riwallon de Vitré fut le premier baron de Vitré entre 1008 et 1040 environ) jusqu'en 1254, date à laquelle la seigneurie passa aux mains de la deuxième maison de Laval jusqu'en 1547, puis des Montfort-Laval jusqu'en 1605 et enfin des La Trémoille-Laval jusqu'à la Révolution française.
Le début du XIème siècle marque la naissance d'une véritable agglomération de Vitré par la fusion avec les villages environnants. Vers 1060-1070, la construction du château entraîne une réorganisation de la population autour du pouvoir. Un petit château en bois sur une motte féodale est construit sur la colline Sainte-Croix. Le château est construit par Robert Ier qui devient très vite seigneur, bénéficiaire d'un pouvoir banal, autorité princière majeure. Il est proche du duc de Bretagne. Le château est référencé en 1047 dans le cartulaire de Redon où on apprend que Robert est le gardien de Vitré et non pas le propriétaire. Il n'en est pas le seigneur. La motte féodale est incendiée à plusieurs reprises à cause de son mauvais emplacement, puis un prieuré de l'abbaye de Marmoutier fondée par saint Martin de Tours a été construit (l'actuelle église Sainte-Croix desservait ce prieuré). Un autre château en pierre est construit en 1047 par Robert Ier sur son emplacement actuel, sur un éperon rocheux dominant la Vilaine. En 1144, les troupes de Conan III, duc de Bretagne, furent battues au pont de Visseiche par celles de Robert II, baron de Vitré. Toutefois le duc tenait la place forte de Vitré dont Robert ne parvint pas à s'emparer.
Puis, au XIIIème siècle, le château est agrandi et le « Vieil Bourg » avec l'église Notre-Dame se sont développés sur le plateau est. La place du Château qui était considérée comme une avant-cour, était urbanisée en réalité. La ville s'est vue encerclée par des remparts et des fossés extérieurs. C'est donc à cette époque que la ville close prend sa forme actuelle. En même temps, des « bourgs privilégiés », c'est-à-dire des faubourgs nés à la demande du baron, se sont développés autour de la ville close. Dès le XIIIème siècle, Vitré réunit tous les éléments de la ville.
Au XVème siècle, le château se transforme avec les progrès de l'artillerie comme les canonnières. Dans le même temps, la ville se développe et édifie des maisons à pans de bois et des hôtels particuliers à l'intérieur de l'enceinte. Vitré, ville prospère, fonda en 1472 une confrérie, la Confrérie des Marchands d'Outre-Mer, dédiée à l'Annonciation et alors constituée de 39 marchands « fréquentant pays estrangers tant par mer que par terre », qui faisaient le commerce international des toiles, fabriquées de manière éparse dans les campagnes avoisinantes, en particulier avec les Flandres. Ces marchands avaient participé, avec Pierre Landais, à la construction d'une chapelle dans l'église Notre-Dame de Vitré. La ville, à son apogée, rentra dans l'aisance de la Renaissance.
Les habitants de Vitré et de la baronnie ne ressentirent aucun attrait pour la domination française et le prouvèrent en pillant à plusieurs reprises les terres du Craonnais qui appartenaient au généralissime (Louis II de la Trémoille) de Charles VIII qui menaça, en représailles, de brûler les faubourgs de la ville. Du 30 juin au 2 juillet 1488, l'armée française campe au Pont d'Étrelles, quelques jours avant la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier qui provoqua la fin de l'indépendance bretonne.
VITRE : LE CHATEAU
Vitré était une ville avec une économie parmi les plus florissantes du duché de Bretagne. Son apogée se situe au XVIème siècle lorsque la Confrérie des Marchands d'Outre-Mer, ou Confrérie de l'Annonciation, vendait ses toiles de chanvre dont le canevas de Vitré, dans toute l'Europe.
Durant les guerres de religion à la fin du XVIème siècle, la ville protestante fut assiégée durant 5 mois entre le 22 mars 1589 et le 14 août 1589 par les troupes de la Ligue sous le commandement du duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, aidées par des habitants de 53 paroisses de la baronnie de Vitré. La même année, en août 1589, Henri de Bourbon, prince de Dombes et commandant des forces royales en Bretagne installe son campement à Vitré pour combattre les Ligueurs. « En août 1589, René de Montbourcher brûle les faubourgs de Vitré. Les soldats violent femmes et filles, pillent l'église Saint-Martin, emprisonnent les prêtres ».
Vitré est alors une place forte de la religion réformée. En 1583, le 12e synode des Églises réformées de France se tient à Vitré, de même que le 22e synode en 1617. Les pasteurs vitréens assurent aussi le culte protestant au château de Terchant entre 1583 et au moins jusqu'au milieu du XVIIème siècle.
C'est au cours du XVIIème siècle que les barons désertent la cité pour préférer la cour de Versailles. La ville perd sa notoriété et devient un peu endormie dans ses remparts au centre d'une campagne active. Elle coupa les liens avec la campagne environnante qui lui fournissait le chanvre et le lin. Cela engendra le début du déclin de Vitré aussi bien au niveau économique qu'urbanistique. Cette situation s'accentua surtout au XVIIIème siècle.
La Révolution française marque la fin de la seigneurie de Vitré et le début d'un statut nouveau et important pour la ville : celui de chef-lieu de district, puis de sous-préfecture. L'organisation des fêtes révolutionnaires témoigne également de ce sentiment favorable à la République.
Tout autour de Vitré, la chouannerie se développe dans les campagnes, en particulier la division de Vitré, membre de l'Armée catholique et royale de Rennes et de Fougères, dirigée par Alexis Louis Gordien du Bouays de Couësbouc d'une part, et les Chevaliers catholiques, dirigés par Joseph de Puisaye et René Augustin de Chalus, d'autre part, et mènent la guérilla contre la République.
Le 6 novembre 1793, Vitré est pris par des insurgés locaux, agissant de concert avec « des brigands mayennais et hauts-bretons de la troupe des Chouans » ; les locaux administratifs sont saccagés, l'arbre de la Liberté est abattu et le drapeau blanc hissé. Les Chouans ne restèrent que deux jours dans la ville, réoccupée par les patriotes dès le 9 novembre. Dans le district de Vitré on signale 17 assassinats de patriotes entre novembre 1793 et mai 1794.
À la fin d'octobre 1795, une armée chouanne commandée par le marquis de Pontbriand fit mettre bas les armes un corps d'infanterie escortant un approvisionnement destiné à l'armée républicaine qui campait sur une hauteur dominant le pont sur la Cantache. Le général Chalbos, alors commandant en chef par intérim de l'Armée de l'Ouest, s'installe à l'hôtel de l'Angle à Vitré et marche sur Rennes le 23 brumaire an II (13 novembre 1793). Son successeur, le général Rossignol, s'installe aussi un temps à Vitré et le général Kléber s'y trouve entre le 13 et le 19 germinal an II (3 avril 1794 et 8 avril 1794) et à nouveau le 1er floréal an II (20 avril 1794). Dans le « Projet de destruction des chouans » en date du 5 germinal an II (25 mars 1794) présenté par les commissaires nommés à cet effet par les Sociétés populaires de Rennes et de Vitré en présence du représentant en mission Dubois-Crancé, il est prévu d'affecter 2 000 hommes de troupes qui s'ajouteront aux forces déjà en place dans le district de Vitré et d'y transporter deux à trois cents fusils de chasse afin de lutter contre les « brigands » [chouans].
VITRE : LE CHATEAU – Pont-levis
(Photo Chisloup)
VITRE : LE CHATEAU - Et l'on comprend toute la puissance de la cité à l'époque médiévale...
(Photo Erwan CORRE)
VITRE : LE CHATEAU
(Photo Jacques Le LETTY)
VITRE : LE CHATEAU - Front ouest au coucher du soleil. De gauche à droite : Tours de Montafilant, de l'oratoire, de l'Argenterie et Saint-Laurent.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU - Front ouest au coucher du soleil. De gauche à droite : Tours de Montafilant, de l'oratoire, de l'Argenterie.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU - Façade nord.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU - Façade romane dans la cour intérieure du château
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – Vue panoramique
(Photo Moonik)
VITRE : LE CHATEAU – Le châtelet d’entrée
(Photo Erwan CORRE)
VITRE : LE CHATEAU – Le châtelet d’entrée et les tours
(Photo Erwan CORRE)
VITRE : LE CHATEAU – Tours de l'Argenterie et Saint-Laurent
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – Cette absidiole de la tour de l’Oratoire vient tout juste d'être restaurée et révèle toute sa splendeur originelle.
(Photo Erwan CORRE)
VITRE : LE CHATEAU – Tour de l'Oratoire.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – Vue de la cour d'honneur.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – La Tour Saint-Laurent vue de la cour du château
(Photo Emwalker100)
VITRE : LE CHATEAU – Coucher de soleil sur la Tour Saint-Laurent.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – Tour Saint-Laurent.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – Toitures de la Tour Saint-Laurent
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – La Tour Saint-Laurent du Château vue des fossés.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – La Tour Saint-Laurent du Château vue de la Tour de l'Argenterie.
(Photo GO69)
VITRE : LE CHATEAU – La galerie de la cour intérieure
VITRE : LE CHATEAU – Hôtel de ville de Vitré situé dans la cour intérieure du château