Créé en 1886 par un immigré allemand, Siegfried Bettmann, le fabricant de motos « Triumph Cycle Company » se convertit à la fabrication automobile en 1923 avec l'arrivée de son compatriote Moritz Schulte et la fondation de la « Triumph Motor Company ». Forte des profits réalisés durant la première guerre mondiale, la marque se consacre tout d'abord aux petites voitures économiques. Mais déjà on peut voir apparaître quelques dérivés sportifs baptisés roadster. La montée en gamme s'opère via les modèles Gloria et Dolomite mais cela se fait au détriment de la rentabilité. Triumph est contraint de revendre sa branche motos avant de finalement être mise en liquidation en 1939.
L'usine historique de Triumph, réquisitionnée pendant la guerre, est dévastée par les bombardements de 1940. En Novembre 1944, la Standard Motor Company, rachète alors ce qui devient sa filiale sous le nom de Triumph Motor Company Limited. La production est transférée chez Standard à Canley, dans la banlieue de Coventry. Le premier modèle Triumph sorti d'usine après guerre est la 1800 Roadster, en 1946. Malgré son châssis tubulaire et sa carrosserie en aluminium (les stocks d'acier étant très limités), il ne peut séduire la clientèle américaine avec ses performances modestes et sa ligne baroque signée Frank Callaby.
John Black, patron de Standard-Triumph, souhaite emboîter le pas à son ancien partenaire SS, devenu Jaguar, dont le roadster XK120 va afficher un succès insolent outre-Atlantique à partir de 1948. Pour gagner en puissance, la Triumph Roadster adopte le moteur 2 088 cm3 de Standard en septembre 1948 mais sans plus de succès commercial. Alors John Black tente un rapprochement avec Morgan. C'est suite au refus de Morgan que Black, sans doute blessé dans son orgueil, se met réellement en tête de construire son propre roadster sportif.
Afin de revoir la tenue de route et le châssis de son futur roadster, Triumph fait appel au pilote de Formule 1 Ken Richardson qui vient de quitter BRM. Au niveau de la carrosserie, les lignes du roadster 20TS avec ses deux phares ronds à demi intégrés et ses portières échancrées dépourvues de vitres ont été globalement conservées. La roue de secours est camouflée dans le coffre tandis que le porte-à-faux arrière est allongé pour effiler la ligne.
En février 1953, avant sa présentation au salon de Genève, la nouvelle Triumph TR2 est encore loin d'être au point mais elle fait pourtant déjà parler d'elle comme rivale potentielle des Austin Healey, Morgan et Jaguar avec son rapport prix/performances très agressif. L'objectif de proposer une voiture robuste, économique, simple et performante est définitivement concrétisé en juillet 1953, lorsque la TR2 est commercialisée. Avec une longueur dépassant à peine les 3.80 m et une faible largueur, la Triumph TR2 est une petite voiture de sport, légère et attractive. L'habitacle, rudimentaire, est traité avec un certain soin et possède de nombreux manomètres. Le mariage des cuirs et des chromes fait quant à lui toujours son effet.
Ken Richardson s’emploie également à tirer des chevaux supplémentaires du 4 cylindres en ligne Standard de 2088 cm3. Des pistons en aluminium sont montés dans des chemises en alliage spécial (nickel-chrome). Selon le principe des chemises humides inspiré de la célèbre Citroën "Traction Avant", elles sont insérées dans le bloc-cylindres. Par ailleurs, Triumph songeant déjà à la compétition, l’alésage est judicieusement réduit pour obtenir une cylindrée de 1 991 cm3 permettant de concourir dans la catégorie des moins de 2 litres. Au final, le moteur développe 90 ch à 4800 tr/mn, soit 15 de plus qu'à l'origine.
A l'usage, ce quatre cylindres procure au roadster Triumph TR2 des performances plus qu’honorables pour l’époque et le meilleur rapport prix/performances du moment. Pari tenu ! La boîte de vitesses à quatre rapports de la Vanguard entraînant les roues arrière est plutôt agréable à manier. La combinaison d’une vitesse supérieure à 160 km/h et d’une consommation de "seulement" 11,3 l aux 100 km en conduite mixte offre à la Triumph TR2 un succès immédiat, notamment aux États-Unis qui vont absorber plus de 70 % de la production. Il faut dire que son prix de 2.400$ (soit environ 840.000 anciens francs de l'époque, contre plus de 1,1 million pour une XK120) était un autre argument majeur. On se rendra compte d'ailleurs assez vite chez Triumph qu'un prix aussi bas n'est pas tenable et ce dernier sera revu à la hausse de 20% en l'espace de 2 ans !
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
netcarshow.com
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)