Wilbur Gunn, fondateur de la Société Lagonda, est originaire de Springfield, Ohio. Il arrive en Angleterre vers 1897 et, dès 1898, construit un cyclecar, refroidi par air, dans une serre à Staines. En 1900, à ce même emplacement, est assemblé le premier véhicule Lagonda, version améliorée du cyclecar refroidi par air. Jusqu’en 1947, toutes les Lagonda seront fabriquées dans le petit atelier de Staines. Gunn appelle cette nouvelle production « Lagonda », forme française du nom que les Indiens d'Amérique donnaient à Buck Creek, rivière qui coulait près de sa ville natale.
En 1905, un cyclecar pourvu d'un moteur 2 cylindres, en V, remporte l'épreuve Londres-Edinbourg, première victoire de la société. Gunn est alors encouragé à se lancer dans la construction automobile. La Torpédo 4 cylindres, de 20 cv, conçue en 1906, présentée en 1907, est suivie par une version 6 cylindres. En 1910 Wilbur Gunn et Bert Hammond, au volant de cette dernière, remportent l'Epreuve d`Endurance Moscou-Saint-Petersbourg. La grosse « tourisme » gagne ainsi les faveurs du Tsar Nicolas II, et la fortune précoce de la société repose alors sur l'exportation en Russie de ses voitures. Une situation qui va durer jusqu'au début de la guerre 14-18.
En 1909, en Angleterre, une élégante 14/4 remplace la première 12/4. En 1913, celle-ci cède la place à une voiture légère de 11 CV de conception très avant-gardiste. Une carrosserie châssis-coque, rivée, et une barre stabilisatrice sont les innovations les plus frappantes. La marque Lagonda atteint la célébrité avec ses modèles de sport 2 litres de 1928-1929 et 4,5 litres de 1935. La qualité, la simplicité et la résistance de ces voitures leur valent un bon accueil du grand public et de beaux records en courses, dont le plus glorieux est la victoire aux « 24 Heures du Mans » en 1935.
En 1933, Lagonda remplace ses modèles 2 et 3 Litres quelque peu sous-motorisées par la grosse M45 dotée d’un moteur six cylindres en ligne de 4,5 litres fourni par la firme de Henry Meadows basée à Wolverhampton. La voiture est d’abord équipée de la boîte de vitesses de la 3 litres construite par Lagonda. Elle sera rapidement remplacée par une transmission Meadows.
Lancée en 1934, la « Rapide » constitue une version plus sportive de la M45 produite parallèlement au modèle normal. La M45R est construite sur le châssis plus court de la 3,5 litres, mais renforcé à l’avant pour recevoir le lourd moteur de 4,5 litres. Elle permet d’atteindre le cap symbolique des 100 miles à l’heure (160 km/h). La puissance passe à 140 ch avec un bas moteur renforcé (bielles et paliers de vilebrequin).
En 1935, année de la victoire de Lagonda aux 24 Heures du Mans, la marque, alors en grandes difficultés financières, est rachetée par Alan Good. L’une des premières décisions du nouveau propriétaire est d’engager W.O. Bentley au poste de directeur technique, Bentley étant peu satisfait de la place qui lui a été réservée chez Rolls-Royce. Malgré l’arrivée de ce dernier, le moteur Meadows prolongera sa carrière jusqu’à la guerre sous le capot de la LG45 et de la LG6 présentée en 1938 et entièrement conçue par Bentley.
La voiture présentée ici est a été réalisée en un seul exemplaire par le carrossier britannique John Charles, dont l’atelier était situé à Ealing (Londres). Ce dernier a travaillé sur la base d’un design dû au carrossier Brainsby Woollard. Immatriculée en mai 1934, cette berline deux portes s’inspire de la mode aérodynamique, qui vient de naître et dont le lancement de la Chrysler Airflow (beaucoup plus évoluée), la même année aux Etats-Unis, constitue l’étendard. Avec son pavillon et son pare-brise profilés, la Lagonda a beaucoup d’allure, même si sa poupe paraît moins réussie.
Après la Seconde Guerre mondiale, la voiture connaîtra les affres de l’abandon. Finalement sauvée, elle sera restaurée. Le moteur d’origine sera alors remplacé par un Meadows identique. La M45 est motorisée par le six cylindres en ligne Meadows. Largement éprouvé et monté également sur l’Invicta., Ce six cylindres de 4,5 litres à soupapes en tête est alimenté par deux carburateurs SU. En 1934, il développe 108 ch et offre à la voiture une vitesse de l’ordre de 140 km/h.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
netcarshow.com
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)