Le château de Chamarande est un château situé dans la commune du même nom, dans le département de l'Essonne. Il est la propriété du conseil départemental de l'Essonne. Le parc de 98 hectares est ouvert au public toute l'année
Un premier château aurait été établi à Bonnes vers 811 par Arteld, missus dominicus et frère du biographe de Charlemagne, Éginhard. Toutefois, les fouilles effectuées à Chamarande établissent que le lieu ne fut jamais fortifié.
Un hôtel seigneurial y est en tout cas bâti au XVIème siècle probablement pour François Miron, prévôt des marchands de Paris et ami personnel du roi Henri IV, qui acquiert en 1603 les deux seigneuries constituant l'actuel domaine et y établit sa résidence. Cette demeure correspondait vraisemblablement aux bâtiments de l'actuelle « cour des communs ».
Après le décès de François Miron en 1609, son fils Jean agrandit le domaine, mais le château souffre durant la Fronde et il est en mauvais état lorsqu'il est vendu en 1654 à Pierre Mérault, ancien fermier des gabelles, enrichi et anobli par l'acquisition d'une charge d'écuyer et secrétaire du roi Louis XIV.
Mérault fait alors construire (probablement en 1645) le château actuel dans le plus pur style Louis XIII, attribué à Nicolas de L'Espine architecte du roi. Le quadrilatère entouré de douves comprend alors le logis, flanqué latéralement par les communs. L'entrée de la cour d'honneur est cantonnée de deux pavillons, celui de gauche abritant la chapelle dotée d'une coupole de style baroque, et dont la décoration en stuc est due au sculpteur Louis Lerambert, elle conserve deux grands vitraux « qui évoquent le rang élevé de ses anciens seigneurs ».
Le domaine est alors « orné de canaux, bassins et fontaines » dans le goût des jardins à la française.
Endetté, Mérault vend le domaine en 1684 à Clair Gilbert d'Ornaison, premier valet de chambre de Louis XIV, dit « Chamarande » (« La frontière sur le chemin » en celte) du nom de son fief dans le Forez, sur les rives du Fillerin (aujourd'hui sur la commune de Saint-Germain-Lespinasse dans la Loire), c'est pour lui qu'en 1685 des lettres patentes de Louis XIV érigent Bonnes en comté de Chamarande.
CHAMARANDE : LE CHATEAU
(Photo Reinhard HAUKE)
À sa mort en 1737, le château passe par héritage à son cousin germain, Louis de Talaru, marquis de Chalmazel, maître d'hôtel de la reine Marie Leszczynska. Celui-ci y fait travailler l'architecte réputé Pierre Contant d'Ivry, qui construit de nouvelles dépendances, au-delà du chemin vicinal près du village, fait poser un fronton sculpté d'un casque et de guirlandes, avec la maxime latine « Pax huic domui » (la paix soit dans cette maison) agrémente le parc d'une orangerie, d'un belvédère, d'une glacière, d'une cascatelle, d'un bosquet ovale et d'un « jeu d'oye » avec un « temple d'amour » en son centre.
Dans les années 1780, une pièce d'eau est créée, avec en son centre une île bordée de cyprès chauves de Louisiane : la tradition l'attribue au peintre paysagiste Hubert Robert.
Après la Révolution française, Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru, qui recouvre le domaine sous le Consulat, le fait remettre en état et fait redessiner le parc à l'anglaise. Maire de Chamarande, il réside au château jusqu'à sa mort, survenue en 1850.
En 1852, le domaine est vendu à Pierre et René Robineau puis en 1857 à Jean-Gilbert Victor Fialin, comte puis duc de Persigny, ministre de l'Intérieur de Napoléon III (qui prit le pouvoir en partie grâce à lui et en récompense le fit sénateur et membre de son conseil privé) alors ambassadeur de France à Londres. Comme Gilbert d'Ornaison, il connaissait le fief de Chamarande en Forez, étant originaire de Saint-Germain-Lespinasse (Loire) où se trouve ce fief (c'est probablement par ce biais qu'il a eu connaissance du domaine de Bonnes et peut-être suivi son histoire foncière).
Persigny, qui reçut 500 000 francs de l'empereur lors de son mariage en 1852 avec la petite-fille de maréchal Ney et du banquier Jacques Laffitte, crée au rez-de-chaussée du château une galerie qu'il meuble avec luxe, construit le mur d'enceinte du domaine, achève la transformation du parc à l'anglaise grâce au comte de Paul de Choulot, spécialiste du genre, fait planter une grande allée d'arbres devant le château dont la perspective axiale était tronquée par la voie de chemin de fer (1865), et des essences exotiques. Près de la nouvelle grille d'honneur est placé un obélisque inspiré du Songe de Poliphile, qui se réfère probablement aux amours de Henri II et de Diane de Poitiers. En 1862, Persigny donne à Chamarande une fête pour l'anniversaire de l'impératrice Eugénie, le baron Haussmann offrira au châtelain une lanterne à gaz, conservée dans le vestibule de style néo-classique.
Persigny meurt en 1872 et en 1876, le domaine est vendu à Anthony Boucicaut, fils du fondateur du Bon Marché, qui fait aménager une « salle à manger des chasses » dans le goût néo-Renaissance, aux boiseries ornées de laiton, ainsi qu'une ferme et un chenil. Il meurt l'année suivante et sa veuve épouse en secondes noces, en 1881, le docteur Laurent Amodru, qui sera maire de Chamarande jusqu'en 1922 et député de Seine-et-Oise. Après 1913, la cascade sera ornée de copies des statues des fleuves du parc de Versailles.
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Vue d’ensemble
(Photo Miwok)
De 1922 à 1951, le château, devenu propriété de la famille Thome, est un haut lieu de formation du scoutisme en France (la formation des responsables territoriaux des Scouts et Guides de France s'appelle toujours le Cham en référence à Chamarande). Autour du Manoir une partie du parc est réservée à cette activité qui a concerné des milliers de stagiaires. Une impulsion décisive a été ainsi donnée au développement du scoutisme en France mais aussi dans certains pays européens qui y envoient leurs futurs instructeurs. Pendant la guerre, dès juin 1940, le château et le parc sont investis par les forces allemandes.
Les Scouts de France ne retrouvent leur camp-école qu'en 1947 et en 1950, le premier rassemblement des chorales À Cœur Joie, alors liées au scoutisme a lieu à Chamarande, avant de devenir le festival des Choralies à Vaison-la-Romaine.
En 1957, le dernier propriétaire privé est Auguste Mione, directeur d'une grande entreprise de travaux publics « La Construction moderne française », avant le rachat du domaine, en 1978, par le conseil général de l'Essonne. Le 23 février 1955, une partie du parc est inscrit au titre des monuments historiques et le 23 juillet 1981, le château et les bâtiments annexes sont classés.
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Vue d’ensemble
(Photo Remi MATHIS)
CHAMARANDE : LE CHATEAU
(Photo Maria BOISMAIN)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Les douves
(Photo Gaël BONNAND)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Les douves
(Photo Remi MATHIS)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Les douves
(Photo Reinhard HAUKE)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – La grille d’entrée
(Photo Maria BOISMAIN)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - La grille d’entrée et la chapelle
(Photo Reinhard HAUKE)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Façade sud
(Photo Remi MATHIS)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Façade sud
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - La cour
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU - Porte de la cour
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – Le canal du parc
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – Le canal du parc
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – Dans le parc
(Photo Reinhard HAUKE)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – La Juine au fond du parc
(Photo Laurent JERRY)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – "La Madeleine pénitente" par Antonio Canova dans le parc.
(Photo Evan Bench)
CHAMARANDE : LE CHATEAU – Platane marcotté du parc
(Photo Laurent JERRY)