TAVERNY (VAL D'OISE)
EGLISE NOTRE-DAME DE L'ASSOMPTION
Pendant la première moitié du VIIème siècle, Taverny appartient à un certain Guntaud, qui dans son testament en fait don à l'abbaye Saint-Denis. Mais après sa mort, Ébroïn, maire du palais, reprend une partie du territoire. En 754, l'abbaye spoliée demande la restitution de ces terres au roi Pépin le Bref et obtient gain de cause. Le roi édicte une charte confirmant formellement la donation des terres de Taverny aux moines de Saint-Denis. Au XIème siècle toutefois, la puissante famille de Montmorency annexe Taverny à son domaine, au détriment des droits de l'abbaye. En 1122, Richard de Montmorency donne enfin l'église de Taverny à l'abbaye Saint-Martin de Pontoise. Un acte de l'évêque de Paris, aujourd'hui conservé aux archives départementales du Val-d'Oise, confirme ce don. L'église est dite de Moncelles, ce qui n'exclut pas qu'elle se situe près de l'église actuelle ou au même emplacement. Eugène Lefèvre-Pontalis la situe par contre dans la Grand-rue. Des fouilles au XIXème siècle ont en tout cas mis au jour les caves de l'ancien château seigneurial des Montmorency, au nord-est du chevet de l'église. L'implantation du château est décisive pour le choix de l'emplacement de l'église. L'on sait aussi que les rois de France furent fréquemment des hôtes dans ce château.
Il n'est donc pas étonnant que les Montmorency tiennent à disposer d'une église représentative en ces lieux, et l'édification d'une église entièrement neuve peut donner la preuve de leur munificence et véhiculer une image positive de la famille seigneuriale. Au début du XIIIème siècle, Mathieu II de Montmorency, dit le Grand, entreprend ainsi la fondation d'une nouvelle église près du château. D'après la tradition orale, Blanche de Castille aurait assisté à la pose de la première pierre, épisode illustré sur un vitrail du XIXème siècle recopiant un vitrail médiéval détérioré. Aucune source écrite n'en témoigne. Rien n'est connu non plus sur le déroulement des travaux, mais l'analyse stylistique montre qu'ils commencent par le chevet et se terminent par la façade occidentale. Après la mort de Mathieu II en 1230, son fils Bouchard fait poursuivre le chantier. En 1237, il rédige son testament et accorde la somme de dix livres pour des vitraux : l'on peut en conclure que l'achèvement de l'église n'est pas loin. Bouchard meurt en 1242. L'église est apparemment terminée à cette date. Elle est consacrée à la Vierge et à saint Barthélémy. Un petit prieuré est rattaché à l'église. L'abbé Lebeuf n'a trouvé que de rares mentions à son sujet, et il paraît tout à fait insignifiant et ne joue aucun rôle dans la vie de Taverny.
L'architecture de la nouvelle église est soignée, et le plan et l'élévation inspirés des cathédrales gothiques de l'époque. Les dimensions sont bien entendu nettement plus modestes, tout en étant généreuses par rapport à l'importance du bourg. Avec l'adhésion aux derniers développements de l'architecture, les Montmorency souhaitent afficher leur esprit novateur. Après son achèvement, l'église ne subira jamais de remaniements affectant sa physionomie globale et son plan ; le plus souvent, il s'agit de travaux de réparation pour remédier à des dégradations ou destructions partielles. Une exception est constituée par le portail méridional dans le croisillon sud. Il est offert en 1335 par le roi Philippe VI de Valois, quand il séjourne au château des Montmorency et quand il veut faire un geste pour obtenir de Dieu la guérison de son fils unique, le futur roi Jean II le Bon. Ce portail est dit la porte du roi Jean.
Ultérieurement, la Grande Jacquerie de 1358, la guerre de Cent Ans et un ouragan documenté dans les archives occasionnent certainement des dommages. Ce n'est toutefois qu'à la fin du XVème siècle que des travaux sont entrepris, financés pour partie par les paroissiens à la faveur d'une lente amélioration du contexte économique. Les fenêtres hautes de la nef et du croisillon nord sont pourvues d'un remplage flamboyant, le pignon du croisillon sud est remonté, certains arcs-boutants et certains chapiteaux sont remplacés, un petit clocher en charpente est édifié à cheval sur la toiture du croisillon sud, et la charpente des toitures est en partie modifiée. Au XVIème siècle, l'absidiole sud reçoit une nouvelle voûte Renaissance, et au XVIIIème siècle, les voûtes des bas-côtés sont remplacées et les arcs-boutants au nord remaniés. La Révolution française entraîne un déchaînement du vandalisme et les vitraux sont cassés, mais le toit est toutefois réparé en 1790 après un lourd orage de grêle. À l'instar de la plupart des autres églises, l'église Notre-Dame sert de Temple de la Raison de 1793 à 1794, et le prieuré, qui est susceptible de n'être plus qu'un simple bénéfice, est dissous.
Au début du XIXème siècle, la moitié de la première et de la troisième voûte de la nef sont remplacées, ainsi que la deuxième voûte en totalité. Les chapiteaux supérieurs contigus sont refaits à la même occasion. En 1837, douze des baies hautes sont aveugles ; les vitraux cassés sous la Révolution sont protégés sous une couche de plâtre, mais leur réparation s'avère problématique. L'église est confortée provisoirement par des étrésillons en bois : elle n'est pas loin de menacer ruine. Il faut attendre le classement de l'église aux monuments historiques par liste de 1846 ou, d'après d'autres sources, en 1842, pour que les travaux de remise en état puissent commencer. Les mesures les plus urgentes sont entreprises en 1843, quand l'architecte Garrey fait remplacer les étrésillons par des tirants en fer. En 1861, le pourtour de l'église est dégagé de bâtiments parasites, et le grand escalier d'accès est refait. C'est à ce moment que le cimetière actuel est créé au nord de l'église. La restauration proprement dite commence sous la direction de l'architecte Maurice Ouradou et est poursuivi par l'architecte en chef des monuments historiques, Alphonse Simil. Entre 1867 et 1878, le calfeutrage des fenêtres est retiré et de nouveaux vitraux installés, copiés sur les anciens. La porte, la claire-voie et le pignon de façade occidentale sont restaurés ; deux colonnes de la nef sont reprises en sous-œuvre ; le réseau flamboyant de huit fenêtres est repris, ainsi que la grande rosace du croisillon sud ; le pignon du croisillon nord est reconstruit. Les travaux s'achèvent en 1886. Émile Lambin atteste à Simil une restauration respectueuse du patrimoine, en ne faisant pas débadigeonner tous les chapiteaux pour éviter leur endommagement, et en ne remplaçant le vieux par le neuf qu'en cas de stricte nécessité. Il a ainsi su rendre sa splendeur ancienne au monument.
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Chevet.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Chevet.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Croisillon sud, parties hautes.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Porte du roi Jean.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Nef, arcs-boutants côté sud.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Croisillon sud, fenêtres hautes côté est.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Croisillon nord, 2e fenêtre haute côté est.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Chapelle Saint-Barthélemy.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Abside.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Le clocher
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Porche occidental
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Chapelle St-Barthélémy, chapiteaux au nord de l'arcade.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Nef, grandes arcades du nord, chapiteau du 2e pilier.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Maître autel, retable Renaissance.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Aigle-lutrin.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Orgue de tribune.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Orgue de tribune (panneaux en bois taillé, provenant du jubé, classés Monuments Historiques.).
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Bas-reliefs de la tribune d'orgue
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Bas-reliefs de la tribune d'orgue
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Bas-reliefs de la tribune d'orgue
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Chapelle de la Vierge, tabernacle style Louis XIII, restauré en 1998.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Statue en bois Notre-Dame de Taverny, XIIIe siècle.
(Photo Pierre POSCHADEL)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Les vitraux au-dessus du portail ouest. Représentations allégoriques des vertus
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitraux au-dessus du portail ouest représentant : l'apôtre Jean (à gauche), Louis le Saint (centre), hl. Dionysius (à droite)
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitrail représentant des scènes de la Passion du Christ ; en bas : le dernier repas, au milieu la trahison de Pierre et l’arrestation, en haut : la condamnation
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitrail représentant Jésus et ses disciples endormis sur le mont des Oliviers
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitrail représentant des scènes de la passion du Christ ; en haut : la flagellation, an bas : le couronnement d'épines
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Rosace sur la façade ouest
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitraux supérieurs représentant les apôtres Pierre (à droite), Bartholomé (au centre) et Paul (à gauche)
(Photo G. FREIHALTER)
TAVERNY : EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION - Vitrail représentant le roi Philippe VI. de Valois, son fils couché dans son lit, les moines de l'abbaye de Saint-Denis avec des reliques
(Photo G. FREIHALTER)