Tout le monde s’accorde à dire que « la rentrée sera dure ».  Elles le sont toutes mais celle là risque d’être encore un peu plus dure que les précédentes. Alors que les vacances d’été n’ont surement pas effacé les traces de l’affaire Benalla, alors que des réformes importantes sont annoncées retraites, assurance chômage, plan pauvreté, santé, finance publique, …l’opposition, semble-t-il ragaillardie après avoir réussi à déprogrammer la réforme de la Constitution, entend bien donner de la voix.

Déjà des polémiques enflent alors même que les textes des réformes n’ont pas encore été débattus. Pour les retraites c’est la rumeur concernant la suppression des pensions de réversion, mesure qui n’a jamais été à l’ordre du jour, qui continue à courir sur Internet. Pour l’Assurance chômage c’est le mode d’indemnisation des chômeurs qui fait le buzz alors qu’aucune décision n’a encore été prise.

Il faudra donc beaucoup de courage, de clairvoyance et de pugnacité à l’exécutif et au Gouvernement pour ne pas reculer devant les difficultés de mise en œuvre de ces réformes pour ne parler que de ces deux-là !.. Ce sera dur !.. Mais réformer la SNCF semblait être un projet hors d’atteinte et pourtant la loi est passée malgré les grèves et les manifestations diverses. Les partenaires sociaux sont aigris et pourtant ce sont eux qui devront redéfinir les règles de l’indemnisation du chômage. Car il faudra bien passer par là tant les chiffres qui défilent devant nos yeux de mois en mois semblent nous rappeler une évidence : les règles particulièrement généreuses appliquées en France ne permettent pas d’entrevoir une solution satisfaisante

La situation du marché du travail est très claire : 9,2 % de la population active est au chômage (données INSEE) au premier trimestre 2018. Un taux qui, malgré quelques mini-fluctuations, n’évolue pas de façon significative. Dans le même temps 41% des entreprises françaises de moins de 250 salariés éprouvent « d’importantes difficultés de recrutement ». (1) Certes les défaillances de la formation continue, l’absence quasi-totale de formation des chômeurs, la désaffection pour l’apprentissage,  .. sont des raisons qui expliquent, en partie la situation actuelle. Des corrections ont été mises en place mais il faudra du temps pour redresser la barre !..

La situation actuelle pose trois problèmes majeurs :

** Un problème social d’abord : le chômage, surtout lorsqu’il dure (près de la moitié des chômeurs le sont depuis plus d’un an), entraine perte de revenus et déqualification.

** Un problème économique : la croissance économique de la France qui avait été prévue à 2% en 2018 ne sera que de 1,6 ou 1,7 % et déjà certaines entreprises annoncent qu’elles ne peuvent produire davantage faute de recrutement de collaborateurs.

** Un problème financier : car même si le déficit de l’Assurance Chômage diminue, sa dette atteint encore plus de 33 Milliards d’euros en 2017 !..

Alors existe-t-il un lien entre le niveau de l’emploi et l’indemnisation du chômage ? Difficile d’en apporter la preuve même si les chiffres de la France semblent le démontrer. Les paramètre de l’indemnisation sont nombreux : taux de remplacement (qui rapporte le montant de l’indemnité versée au dernier salaire) ; non-imposition des indemnités, durée maximale d’indemnisation, conditions d’éligibilité, etc… Beaucoup de nos voisins européens ont déjà révisés à la baisse certains de ces paramètres. Saurons nous trouver une solution à la fois juste, humainement acceptable et économiquement raisonnable ?

Chacun devrait déjà admettre que la situation actuelle ne peut être durable. Ensuite il s’agira de trouver des solutions… Descendre dans la rue pour que rien ne change n’est pas une solution !...

Jean-Pierre ECHAVIDRE

(1) Bulletin conjoncturel de Bpifrance août 2018