Après les cafouillages dans l’affaire du glyphosate (qui d’ailleuirs n’est pas terminée), d’autres chantiers pourraient provoquer de violentes batailles
La loi agriculture et alimentation a frustré les défenseurs de l'environnement. Ces derniers se disent partout dépités de ne trouver dans ce texte qui se voulait ambitieux aucune mesure sur l'interdiction du glyphosate ou sur le bien-être animal. D'autres dossiers, déjà lancés ou à venir, vont cristalliser espoirs et combats des écologistes. Et mettre à nouveau Nicolas Hulot sur le grill. Energie, transports, biodiversité, pollution et carburants... Tour d'horizon des prochains enjeux qui attendent encore le ministre de la Transition écologique.
1 - Plan hydrogène : il faudra trouver (beaucoup) plus d'argent
Nouveau projet de Nicolas Hulot, présenté vendredi : son ambitieux plan hydrogène pour « faire de la France un leader mondial » de la filière. L’idée est bonne mais cela fait déjà des années que l’on en parle sans avancer beaucoup sur le sujet. Le ministre souhaite que plus de 5.000 véhicules circulent grâce à cette énergie propre d'ici à 2023 (un peu plus de 200 aujourd'hui). Mais le projet qui pourtant n’est pas très ambitieux, nourrit déjà les critiques. Car l'enveloppe de 100 millions d'euros est insuffisante. Les professionnels du secteur tablent plutôt sur 5 à 10 milliards d'euros nécessaires, et le montant promis par Nicolas Hulot n'a même pas encore été validé par Bercy. « Il a fait ses annonces trop vite », explique un ministre.
2 - Loi Littoral : un dispositif polémique évité
La loi Elan sur le logement, actuellement en examen à l'Assemblée, portait, elle aussi, son lot d'inquiétudes pour les écologistes, mais le gouvernement a reculé face à la grogne des élus et des ONG. Plusieurs amendements proposaient d'assouplir la loi de 1986, qui protège le littoral français, notamment en permettant de construire sur les "dents creuses", ces parcelles vides situées entre deux édifices bâtis en bord de mer. Des conditions pour limiter ces autorisations ont finalement été votées. Nicolas Hulot a salué « le travail du Parlement, qui reste fidèle à cette loi pilier du droit de l'environnement ».
3 - Transports : un plan vélo et un budget déjà source de tensions
La loi sur les mobilités préparée par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, sera aussi scrutée. Le projet, qui devrait être présenté autour du 13 juin, intégrera des annonces sur la pollution. Et notamment un plan vélo, dont le budget est déjà source de tensions. Le texte se penchera aussi sur les projets d'infrastructures à abandonner ou non, comme l'autoroute A45, entre Lyon et Saint-Etienne. Un sujet sensible pour les ONG qui luttent pour réduire la place de la voiture dans nos sociétés.
4 - Montagne d'or en Guyane : Macron est pour, Hulot est contre
« Je pense qu'il y a des impacts environnementaux pour un bénéfice économique et un bénéfice d'emplois me semble-t-il assez réduits », affirmait Nicolas Hulot à ce sujet en novembre. Le message est clair : le ministre ne veut pas de la Montagne d'or. Ce projet de mine d'or dans l'ouest de la Guyane risque de provoquer un nouveau bras de fer avec Emmanuel Macron, qui a toujours affirmé son soutien au chantier. Aucune décision ne sera prise avant la fin du débat public, le 7 juillet. Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat auprès de Nicolas Hulot, se rendra dans le département en juillet.
5 - Biodiversité : un plan pour juillet
Après un comité interministériel le 28 juin, le plan pour la biodiversité devrait être présenté en juillet. Le ministre a esquissé ses premières pistes, le 18 mai à Marseille, comme le « zéro artificialisation nette » – chaque utilisation d'un sol pour une construction ou un projet agricole entraînerait la création ailleurs d'un espace naturel équivalent. L'ambition de l'écolo le plus connu de France trouvera-t-elle un écho dans les autres ministères? Lui souhaite « que nous soyons capables […] à l'horizon 2030 de ne plus contribuer à détruire la nature ».
6 - Energie : comment réduire la consommation de 30% en 17 ans?
Le chantier de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit être lancé avant la fin de l'année, mais le gouvernement ne se prononcera pas avant la fin du débat public, le 30 juin. La PPE définira les modes d'approvisionnement et de consommation énergétiques, mais aussi la part allouée aux ressources renouvelables pour les périodes 2018-2023 et 2024-2028. Un dossier colossal. Et sensible. L'Agence pour le développement et la maîtrise de l'énergie (Ademe) a alerté la semaine dernière sur l'urgence à réduire la consommation française de 30% d'ici à 2035, si le gouvernement veut tenir les engagements pris dans la loi de 2015 sur la transition énergétique.
7 - Glyphosate : le dossier sera rouvert avant 2021
L'interdiction du pesticide n'est pas inscrite dans la loi, mais le gouvernement l'assure : la promesse d'Emmanuel Macron sera tenue. Le Président avait promis dans un tweet de novembre 2017 que l'herbicide serait prohibé « au plus tard dans trois ans ». A charge pour les organisations professionnelles de trouver des alternatives au glyphosate d'ici à 2021. Sans "avancées" dans les dix-huit à vingt-quatre mois, le délégué général d'En marche, Christophe Castaner, a annoncé qu'il soutiendrait une proposition de loi interdisant l'herbicide. Le dossier serait donc rouvert avant 2021.
Source : LeJDD.fr 03-06-2018