Encore une fois, le Président américain fait passer ses problèmes de politique intérieure avant les, problèmes du monde. C’était une de ses promesses de campagne, comme la sortie des USA des accords de Paris sur le climat, et personne n’a réussi à le faire changer d’avis. Donald Trump par cette décision, tourne le dos à une grande partie de la communauté internationale qui défend l'accord nucléaire iranien, un texte négocié durant 21 mois.
Lors d'une allocution en direct de la Maison Blanche, le président américain a annoncé son retrait de l'accord, qu'il a qualifié de « désastreux », délivrant sa décision quatre jours avant l'échéance prévue avec les signataires européens. Ce texte qui a pour but de lever progressivement des sanctions économiques afin que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire est fustigé par Donald Trump depuis sa campagne pour accéder à la présidence de l'Amérique.
Le soutien d’Israël
Dans un discours particulièrement véhément envers le régime iranien, il a repris les allégations du chef de l'Etat israélien Benjamin Netanyahou qui dit avoir des « preuves » d'un programme nucléaire clandestin de l'Iran. Ce dernier a déclaré mardi soir qu'il « soutenait totalement » la décision de son homologue américain la qualifiant de "courageuse". Le président américain a aussi annoncé l'imposition des sanctions les plus strictes contre l'Iran : « Nous allons mettre en place le niveau le plus élevé de sanctions économiques. » Quelques minutes après le discours, le Trésor américain a annoncé que d'ici 90 jours les USA révoqueront l’autorisation d'exporter des avions de ligne vers l'Iran.
Une rupture avec les signataires européens
Le président est allé encore plus loin en menaçant directement les pays qui continuent d'aider l'Iran de sanctions américaines « Tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis », a-t-il prévenu. Il fait donc le choix de l'isolement malgré la main tendue par Emmanuel Macron le 24 avril qui s'était dit prêt à négocier « un nouvel accord » durant sa visite d'Etat à Washington. Ce dernier a réagi mardi 8 avril au soir en déclarant que « la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni regrettent » le retrait des Etats-Unis. Le président français a indiqué qu'il souhaitait « travailler collectivement à un cadre plus large, couvrant l’activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient ».
Pour la France, l’accord n’est pas mort
A la sortie du conseil des Ministres, Benjamin Griveaux, le Porte-parole du gouvernement a tenu à préciser que, pour la France, l’accord avec l’Iran n’était pas mort. Il a indiqué que France, Grande-Bretagne et Allemagne affichaient la même détermination pour protéger les entreprises européennes qui, aujourd’hui, travaillent in Iran et qui pourraient être empêchées par l’embargo américain. C’est le cas d’Airbus, Renault ou PSA pour ne citer que les plus importantes.
Il reste que les Européens devront également convaincre les Russes et les Chinois d’adopter la même attitude afin d’isoler les Etats-Unis. Il faudra également, et ce sera beaucoup plus difficile, donner à l’Iran des garanties que l’accord prolongé sans les Etats-Unis peut leur apporter plus d’avantages que d’inconvénients. Les quelques semaines qui viennent vont voir des échanges diplomatiques intenses sur ce sujet.
L’Iran est dans l’attente
Hassan Rohani s'est exprimé à la télévision d'Etat et a critiqué la décision américaine. Il a annoncé vouloir rester dans l'accord : « Le ministère des affaires étrangères est chargé d'étudier si l'accord nucléaire est bénéfique pour notre peuple. Dans ce cas, nous resterons dans ce traité, malgré la désapprobation des Etats-Unis et d'Israël. »
Bien évidemment l’Iran attend le contenu des sanctions américaines annoncées par Donald Trump et ce que les autres partenaires de l’accord sont prêts à mettre en face…
Jean-Pierre ECHAVIDRE