Emmanuel Macron et Theresa May ont annoncé, lors d'un sommet franco-britannique jeudi 18 janvier dernier, un nouveau traité sur la question des migrants bloqués à Calais. Ce nouveau traité vise à « renforcer la gestion conjointe de notre frontière commune avec un traitement amélioré des mineurs non accompagnés demandeurs d'asile », selon un communiqué publié dans la soirée. Ce texte complète en réalité les accords du Touquet, signés en 2004. Il prévoit notamment une contribution complémentaire de Londres de 50 millions d'euros au contrôle de la frontière à Calais, où échouent de nombreux clandestins dans l'espoir de franchir la Manche.
Quel est le problème à Calais ?
Calais et la proche entrée du Tunnel sous la Manche sont les dernières étapes d'une longue route pour des milliers de migrants. Après avoir démantelé une première fois en 2009, la "jungle", ce vaste bidonville dans ce qui était un sous-bois situé entre la ville et la gare de Calais-Fréthun, comptait en 2016 jusqu'à 8.000 personnes… avant d'être démantelé une seconde fois. Depuis, des milliers de migrants, demandeurs d'asile ou sans-papiers, sont restés sur place, nourrissant toujours l'espoir de traverser la Manche. Selon la maire LR de Calais Natacha Bouchart, une telle situation est vecteur d'insécurité et nuit à l'image de sa ville.
Que disent les accords du Touquet ?
En 2004, les accords du Touquet entérinent un principe inédit dans l'histoire du droit européen : la frontière britannique est fixée sur la côte française, où les agents britanniques effectuent des contrôles. Ces derniers peuvent également intervenir dans les terminaux ferroviaires de la gare du Nord à Paris, de la gare de Bruxelles-Midi et de Calais-Fréthun. Dans ce cadre, le Royaume-Uni a dépensé plus de 100 millions de livres (113 millions d'euros) ces trois dernières années.
L'article 9 de ces accords a également induit une transformation majeure : le traitement des demandes d'asile doit être effectué sur le territoire de l'État sur lequel elles sont formulées, même si elles s'adressent à un l'Etat d'arrivée. Autrement dit, lorsqu'un étranger formule une demande de protection en France, c'est à la France qu'il revient de la traiter même si elle a été faite auprès des autorités britanniques. Un porte-parole de Downing Street a reconnu mercredi que ces accords, conclus à l'époque par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, étaient "très bénéfiques au Royaume-Uni".
Trois accords ont toutefois rééquilibré ceux du Touquet, en 2009, 2010 et 2014. Le dernier en date, scellé entre Bernard Cazeneuve et Theresa May – qui étaient alors tous deux ministre de l'Intérieur -, a permis la création d'un fonds de 15 millions d'euros abondé par les Britanniques, notamment pour sécuriser le port de Calais.
Qu'est-ce qui va changer ?
La Première ministre britannique Theresa May a surtout annoncé un geste financier jeudi. A savoir un chèque de 44,5 millions de livres (50,5 millions d'euros) supplémentaires pour renforcer les contrôles de la frontière à Calais. « Cet argent doit être investi dans l'amélioration de la sécurité à la frontière, a déclaré un porte-parole de l'exécutif britannique. Tout comme nous investissons pour nos frontières dans le reste du Royaume-Uni, il est normal de surveiller en permanence si nous pouvons renforcer les contrôles en France et en Belgique, pour s'assurer qu'ils soient aussi sécurisés que possible. »
Theresa May doit également annoncer une augmentation du nombre de mineurs isolés étrangers (MIE) pris en charge par le Royaume-Uni, conformément aux attentes de la France. Sur les quelque 2.000 mineurs pris en charge après le démantèlement de la "jungle" en 2006, le Royaume-Uni, qui s'était engagé à accueillir tous les enfants isolés ayant de la famille sur place et à étudier les dossiers des mineurs "vulnérables", en a finalement accueilli 769, selon les chiffres du ministère britannique de l'Intérieur. L'ONG France Terre d'Asile, elle, évoque 893 mineurs acceptés.
Source : LeJDD.fr 19-01-2018