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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (16/35)

 

Charles Alexandre de Calonne par Madame Vigée Lebrun

 

 

 

 

LA BANQUEROUTE DE L'ETAT : JUILLET 1786 - JUILLET 1788

   

 

 

 

    C'est le 9 Juillet 1786 que Marie-Antoinette met au monde son quatrième enfant : une fille baptisée Sophie-Hélène-Béatrice. Aucune fête n'est donnée, ni à Versailles ni encore moins à Paris, pour célébrer la naissance de ce quatrième enfant royal.  Marie-Antoinette se réfugie à Trianon où, à l'abri des regards et du tumulte de la Cour, elle veille à l'éducation de sa petite famille. C'est d'ailleurs maintenant sa préoccupation essentielle.

   Le comportement de la Reine a changé totalement au cours de ces derniers mois. Elle prend ses distances avec les Polignac : monsieur de Vaudreuil, amant de la duchesse, est écarté au profit du duc d'Harcourt, comme gouverneur du Dauphin. Elle ne paraît plus en public qu'en présence d'hommes mariés et veille à éloigner de son entourage les jeunes gens trop familiers dont elle recherchait, il y a quelque temps encore, la compagnie. Enfin, et surtout, elle supprime les plumes et les coiffures extravagantes, les fleurs et les couleurs trop voyantes dans ses toilettes. A la suite de ce changement, certains croient même apercevoir chez la Reine quelque penchant pour la dévotion.

   L'affaire du Collier a produit sur Marie-Antoinette des effets inattendus...  En ce début d'automne 1786, la Reine de France est devenue grave...

 

    Personne ne s'en étonne car la gravité de la Reine s'accorde parfaitement avec la situation présente du pays.  Calonne avait promis des miracles ; il a été bien imprudent, car les miracles n'ont pas eu lieu. La situation des finances de la France, qui était très inquiétante, depuis un bon nombre d'années, est maintenant désespérée : le déficit annuel atteint cent millions de Livres et personne n'est en mesure de proposer la moindre solution pour parvenir à le combler.

    Le Roi, après une longue réflexion, se résout enfin à convoquer une "assemblée nationale" et la nouvelle de cette convocation est rendue publique le 3 Janvier 1787. Nouvelle lueur d'espoir qui, à son tour, ne va pas tarder à s'éteindre ! Le peuple accueille pourtant fort bien cette annonce, ce qui a pour conséquence d'inciter Marie-Antoinette à réapparaître en public : en Février, elle se rend à l'Opéra mais le parterre la siffle lorsqu'elle fait son entrée. Décidément, ses soucis  sont bien loin d'être terminés. Pour compliquer encore un peu plus sa vie, madame de Polignac, qui, depuis quelques mois, voit de moins en moins la Reine, donne sa démission du poste de gouvernante des enfants de France. La démission est refusée. Marie-Antoinette n'est finalement pas fâchée que la Gouvernante en titre soit si souvent absente ; les Enfants de France seront ainsi tout à leur mère et rien qu'à leur mère.

 

 

    Les affaires du  pays continuent à se dégrader ; l'Assemblée des Notables s'est soldée par un tel échec que le Roi se voit contraint de demander à Calonne sa démission le 8 Avril 1787. La chute du Contrôleur Général, l'intrigant, comme l'appelait Marie-Antoinette, n'est pas faite pour lui déplaire. Paris aussi fête l'événement par des manifestations de joie populaire.

    Il s'agit maintenant de le remplacer. Qui donc pourrait avoir à la fois la poigne suffisante et l'imagination nécessaire pour redresser une situation aussi catastrophique ? Marie-Antoinette réussit à imposer à Louis-Auguste Loménie de Brienne, Archevêque de Toulouse. L'Archevêque, disent les plus mauvaises langues, ne croit pas en Dieu ; il mène une vie dissolue, mais il a un avantage de taille sur tous les autres prétendants : il plaît beaucoup à Joseph II qui l'a, bien sûr, fait savoir à sa sœur. Louis XVI* cède une nouvelle fois aux désirs de son épouse et, malgré ses propres réticences, nomme Loménie de Brienne Ministre Principal le 1er Mai 1787. La Reine est donc maintenant mêlée directement à la conduite des affaires de l'Etat et elle tient beaucoup à le faire savoir. Sortant de la Salle du Conseil où elle vient de s'entretenir avec le Roi elle dit d'une voix forte, afin d'être entendue de tout le monde :

 

«  Il ne faut pas s'y tromper, Messieurs, c'est un Premier Ministre.. » (1)

 

    Marie-Antoinette vient enfin de retrouver son équilibre et sa sérénité. La nomination de ce nouveau premier ministre, pour laquelle elle a eu une influence déterminante, lui donne l'illusion d'être devenue une Marie-Thérèse, impératrice, puissante et déterminée. Les affaires politiques de la France lui procurent quelques satisfactions et elle n'est pas loin de se croire dotée de quelques talents. Dans un courrier à son frère Joseph II elle donne son sentiment sur les réformes en cours et analyse, de manière assez lucide, la situation :

 

«  Nous sommes au moment de faire de grands changements dans les parlements. Depuis quelques mois, les ordres et les réponses du roi ont annoncé grande suite et fermeté de principes. Les parlements sont étonnés et inquiets, mais ils n'en continuent pas moins leurs arrêts et remontrances séditieuses. On pense à les borner aux fonctions de juges et à former une autre assemblée qui aura le droit d'enregistrer les impôts et les lois générales du royaume. Il me semble qu'on a pris toutes les mesures et précautions compatibles avec le plus grand secret, qui était nécessaire, mais ce secret entraîne incertitude sur les dispositions de grand nombre de gens qui peuvent nuire ou contribuer au succès.

«  Il est fâcheux d'être obligé à des changements de cette espèce, mais par l'état des affaires, il est clair que si on différait, on aurait moins de moyens pour conserver et maintenir l'autorité du roi.. »  (2)

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (16/35)

 

Etienne, Charles Loménie de Brienne, Principal Ministre d'Etat 1787

 

 

    Certes, Marie-Antoinette n'a pas idée des conséquences des réformes qui se préparent mais, sur ce plan, elle n'est pas la seule ! ..

    Elle n'aura pas le loisir d'approfondir ses connaissances dans la politique intérieure du royaume. En effet, un nouveau drame va détourner la reine, au moins pour un temps, de la chose politique : le 15 Juin 1787, sa fille Sophie-Hélène-Béatrice meurt à l'âge de quinze mois. Marie-Antoinette et Louis-Auguste s'enferment seuls à Trianon pour pleurer leur enfant. Délaissée depuis plusieurs mois, par tous ceux qui ont été ses fidèles, Marie-Antoinette ne peut plus compter, dans ces moments de grande douleur, que sur sa belle sœur Elisabeth ; et encore faut-il qu'elle lui demande son aide :

 

«  Venez, nous pleurons sur la mort de notre pauvre petite ange... J'ai besoin de tout votre cœur pour consoler le mien.....  »   (3)

 

    Pour tromper sa peine, la Reine va, assez rapidement, revenir "aux affaires". Elle a enfin pris une grande décision : celle de remettre de l'ordre dans ses propres finances, pour montrer l'exemple. Les faveurs accordées jadis aux Polignac sont, les unes après les autres, supprimées. Le règne de la modiste-couturière Rose Bertin et de ses chapeaux hors de prix, lui aussi s'achève. Des économies substantielles sont ainsi dégagées mais sans commune mesure avec celles que cherche Loménie de Brienne pour renflouer le Trésor Public. Le Ministre se voit donc contraint de présenter des impôts nouveaux qui, bien entendu, ne reçoivent pas l'agrément du Parlement. Poussé par Marie-Antoinette le ministre tente alors le coup de force : il fait enregistrer les édits par un Lit de Justice qui se tient à Versailles le 6 Août 1787 et Louis XVI* exile les Parlementaires récalcitrants à Troyes.

    Aussitôt l'émeute éclate dans Paris ; on brûle en effigie dans les rues le "principal ministre" ; on réclame le retour dans la capitale des "pères de la Patrie" exilés à Troyes. Mais c'est à nouveau la Reine que l'on rend responsable de la promulgation de ces édits impopulaires et de la décision autoritaire de Louis XVI*. N'est-ce pas elle, en effet, qui a imposé Loménie de Brienne ?

    Le pouvoir du Roi est également contesté. Fait nouveau : des libelles circulent à son sujet ; on ose même parler de tuer le souverain en placardant sur les murs de Paris ces quelques vers injurieux :

 

                                   " Tant qu'il était imbécile

                                   " On pouvait lui pardonner

                                   " Mais voulant être despote

                                   " Il faudra bien le tuer"   (4)

 

    C'est un nouvel échec pour Marie-Antoinette que ce retour dans les affaires politiques de la France. Elle semble maintenant convaincue qu'elle n'aura jamais les talents de sa mère.. Sa seule consolation, en cette fin d'année 1787, elle la trouve dans la compagnie de ses enfants et dans ses entrevues avec Axel de Fersen. L'absence quasi permanente de madame de Polignac lui laisse, comme elle l'avait prévu, tout loisir de s'occuper de ses deux fils et de sa fille ; de Louis-Joseph surtout, dont la santé est de plus en plus fragile. C'est d'ailleurs avec une inquiétude grandissante qu'elle observe la croissance du Dauphin et c'est à son frère Joseph II qu'elle fera les premières confidences sur ce sujet :

 

«  Mon fils aîné me donne bien de l'inquiétude. Quoiqu'il ait été toujours faible et délicat, je ne m'attendais pas à la crise qu'il éprouve. Sa taille est dérangée, et pour une hanche qui est plus haute que l'autre, et pour le dos dont les vertèbres sont un peu déplacées et en saillie. Depuis quelque temps, il a tous les jours la fièvre, est fort maigre et affaibli... »  (5)

 

    Il est maintenant établi avec certitude par les médecins que si Louis-Joseph survit, il sera rachitique. Marie-Antoinette l'installe à Meudon où l'air est, dit-on, meilleur qu'à Versailles.

 

 

    Pour ce qui est des affaires de l'Etat, elles ne s'arrangent guère. Comme son prédécesseur Calonne, Loménie de Brienne ne parvient pas, lui non plus, à faire de miracles. Pendant tout le début de l'année 1788 des émeutes éclatent ça et là, tant à Paris qu'en province. Le pain, toujours de plus en plus cher, pousse le peuple désespéré à des violences, aussitôt  réprimées...

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Cité par André CASTELOT  "Marie-Antoinette"  op. cit. Page 289.

 

(2)   Cité par Evelyne LEVER  "Marie-Antoinette"  op. cit. Page 439.

 

(3)   Jean CHALON  "Chère Marie-Antoinette" op. cit. Page 230.

 

(4)   Idem page 232.

 

(5)   Cité par Sabine FLAISSIER   "Marie-Antoinette en Accusation"  op. cit. Page 197.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE : 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (17/35)

 

LES ETATS GENERAUX : AOUT 1788 - SEPTEMBRE 1789

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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