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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 08:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (22 / 52)

 

Salle du Manège des Tuileries où se réunira la Convention Nationale jusqu’au 9 mai 1793  

 

 

 

 

LES PREMIERS CONFLITS : 21 - 22 SEPTEMBRE 1792

 

 

 

 

    Le 21 Septembre a lieu l'ouverture officielle de la Convention nationale. Elle comprend 750 députés élus, qui ne siégeront jamais à plus de 400 ou 450, en raison des missions qui leur seront confiées ou des absences diverses. Seuls les scrutins qui auront lieu lors du procès du Roi parviendront à réunir une large majorité des représentants du peuple.

    A droite de cette nouvelle Assemblée, on retrouve l'ancienne « gauche » de la Législative : la Gironde qui penche maintenant vers un certain modérantisme dans la conduite de la Révolution. A l'extrême gauche, autour de la députation parisienne, siège un petit groupe qui ne va cesser de grossir dans les mois qui vont suivre : la Montagne. Il se réduit aujourd'hui à une trentaine d'hommes, dont tous les députés de Paris; il aura près de 270 représentants en 1793. Au centre, la Plaine qui demeure la principale composante de cette Assemblée.

    Danton, dès l'ouverture de la Convention, siège sur les bancs de la Montagne. Non pas par conviction politique, mais simplement parce qu'il appartient à cette députation de Paris, issue de la Commune, qui constitue le noyau actif du groupe Montagnard. Fort de sa popularité, il ne tarde pas, ce jour là, à gagner la tribune sous de « forts applaudissements », pour annoncer qu'il donne sa démission du ministère :

 

«  Avant d'exprimer mon opinion sur le premier acte que doit faire l'Assemblée nationale (1), qu'il me soit permis de résigner dans son sein les fonctions qui m'avaient été déléguées par l'Assemblée Législative. Je les ai reçues au son du canon, dont les citoyens de la capitale foudroyèrent le despotisme. Maintenant que la jonction des armées est faite, que la jonction des représentants du peuple est opérée, je ne dois plus reconnaître mes fonctions premières; je ne suis qu'un mandataire du peuple et c'est en cette qualité que je vais parler (...) »

« Il ne peut exister de Constitution que celle qui sera textuellement, nominativement acceptée que par la majorité des Assemblées primaires. Voilà ce que vous devez déclarer au peuple (...) Après cette déclaration, vous en devez faire une autre qui n'est pas moins importante pour la liberté et pour la tranquillité publique. Jusqu'ici, on a agité le peuple, parce qu'il fallait lui donner l'éveil contre les tyrans. Maintenant, il faut que les lois soient aussi terribles contre ceux qui y porteraient atteinte, que le peuple l'a été en foudroyant la tyrannie; il faut qu'elles punissent tous les coupables pour que le peuple n'ait plus rien à désirer (..) »

«  Souvenons-nous ensuite que nous avons tout à revoir, tout à recréer; que la déclaration des Droits elle-même n'est pas sans tache, et qu'elle doit passer à la révision d'un peuple vraiment libre.. »  (2)

 

    Après un long moment d'applaudissements, l'Assemblée vote, à une très large majorité, les principes suivants :

 

«  Il ne peut y avoir de Constitution que celle qui est approuvée par le peuple... »

«  Les personnes et les propriétés sont sous la sauvegarde du peuple français... »

 

    Elle vote ensuite, à l'unanimité, l'abolition de la royauté. La belle unanimité, que chacun peut constater en ce jour d'ouverture solennelle de la nouvelle Convention, va pourtant être de très courte durée. Car, au delà des quelques principes évoqués ce jour là, les querelles nées entre la Commune de Paris et les brissotins n'ont pas disparu avec l'apparition des Montagnards et des Girondins. Bien au contraire; les élections parisiennes au cours desquelles ont été éliminés, de manière parfois douteuse, tous les candidats de la Gironde (3), n'ont fait que raviver les rancœurs entre les deux groupes. Des escarmouches, souvent d'une extrême violence, vont rapidement opposer à nouveau les deux clans ennemis. Ainsi le 22 Septembre, Danton est à la tribune pour soutenir le projet de Tallien (4) qui s'oppose aux Girondins à propos de l'élection de tous les citoyens au poste de juge, quelle que soit leur formation ou leur compétence.

    Pourquoi Danton, qui occupe encore pour quelques jours les fonctions de Ministre de la Justice, lui qui est  avocat de profession, se lance-t-il dans un tel débat ? Par conviction ? Sans doute pas.... Plus probablement pour occuper la tribune, pour tenter de briller; parce qu'il ne résiste pas à ses pulsions oratoires, qui parfois lui donnent du génie, et qui, en d'autres circonstances, lui font commettre d'énormes bévues.

    C'est à un discours à classer plutôt dans la deuxième catégorie auquel Danton va se livrer ce jour là. Quelques bons mots; quelques phrases frappantes; beaucoup de démagogie, beaucoup d'ironie à l'encontre du monde judiciaire dont il est pourtant issu mais aussi et surtout beaucoup de banalités :

 

«  Je ne crois pas que vous deviez dans ce moment changer l'ordre judiciaire; mais je pense que vous devez étendre la faculté des choix. Remarquez que tous les hommes de loi sont d'une aristocratie révoltante; si le peuple est forcé de choisir parmi ces hommes, il ne saura où reposer sa confiance. Je pense que si l'on pouvait, au contraire, établir dans les élections un principe d'exclusion, ce devrait être contre ces hommes de loi qui, jusqu'ici, se sont arrogé un privilège exclusif, qui a été une des grandes plaies du genre humain (...) »

« Elevez-vous à la hauteur des grandes considérations. Le peuple ne veut point de ses ennemis dans les emplois publics; laissez-lui donc la possibilité de choisir ses amis. Ceux qui se sont fait un état de juger les hommes étaient comme les prêtres; les uns et les autres ont éternellement trompé le peuple. La justice doit se rendre par les simples lois de la raison.. Et moi aussi, je connais les formes; et si l'on défend l'ancien régime judiciaire, je prends l'engagement de combattre, pied à pied, ceux qui se montreront les sectateurs de ce régime (brouhaha dans l'Assemblée...) »

«  Il s'agit de savoir s'il y a de graves inconvénients à décréter que le peuple pourra choisir indistinctement, parmi tous les citoyens, les hommes qu'il croira les plus capables d'appliquer la justice (..) »

«  Je dois dire, moi, que (les) hommes infiniment versés dans l'étude des lois sont extrêmement rares (..) Ces mêmes hommes, loin d'avoir une connaissance approfondie des lois, n'ont qu'un jargon de chicane; et cette science, loin d'être utile, est infiniment funeste.... »  (5)

 

    Le décret est voté par l'Assemblée, après un débat assez tumultueux, et malgré l'opposition des Girondins. Danton n'a pas gagné grand chose en intervenant dans ce débat; la justice y a, par contre, beaucoup perdu : pendant des années les tribunaux seront souvent remplis d'incapables, élus sur leur simple popularité ou sur leur appartenance politique !....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   L'abolition de la royauté qui, le 10 Août dernier, n'avait été que "suspendue".

 

(2)   cité par Hector FLEISCHMANN  "Discours civiques de Danton"

        op. cit. Pages 16 à 18

 

(3)   En particulier Brissot et Pétion qui ont dû aller se faire élire dans le département d'Eure-et-Loir.

 

(4)  TALLIEN (Jean Lambert) : Né à Paris le 23 Janvier 1767, il est clerc de notaire à la veille de la Révolution. Fondateur d'une société fraternelle au Faubourg Saint-Antoine, il lance en 1791 un journal qui copie celui de Marat* : "L'Ami des Citoyens". Il participe à la Commune du 10 Août et porte une part de responsabilité dans les massacres de Septembre.

Elu par la Seine et Oise à la Convention, il se range dans le camp des Montagnards et est envoyé à Bordeaux où il commet de nombreux excès. Cela lui vaut d'être rappelé rapidement à Paris. Sa maîtresse, la Cabarus, ayant été arrêtée, Tallien se range parmi les adversaires les plus acharnés de Robespierre le 9 Thermidor.

Le 13 Thermidor il entre au Comité de Salut Public et participe à la réaction demandant la mort de Billaud-Varenne et Collot-d'Herbois. Il siégera au Cinq-Cents et participera même à l'expédition d'Egypte.  Il mourra dans la misère le 16 Novembre 1820.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (23/52)

 

VAINES TENTATIVES DE CONCILIATION : 

22 - 25 SEPTEMBRE 1792

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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