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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 07:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (18 / 52)

 

Les émeutiers attaquent les Tuileries et les Gardes Suisses répliquent

 

 

 

L'INSURRECTION : AOUT 1792

 

 

 

    Le 6 Juillet, Louis XVI* informe l'Assemblée de l'avance des troupes prussiennes. Il souhaite, par cette initiative, rassembler toutes les énergies et surtout donner un gage de sa bonne foi. Mais les Ministres, voyant arriver une grande crise, conseillent au Roi d'aller plus loin encore et de se rendre, à leur tête, devant les députés pour dénoncer les périls que les factieux font courir à la France en conspirant contre la monarchie. Louis XVI* hésite et finalement refuse après avoir pris l'avis de Duport qui, lui, ne voit plus de salut que dans une intervention de La Fayette*.

 

     Quatre jours plus tard, les Ministres Feuillants présentent leur démission. Ils veulent ainsi dénoncer l'anarchie qui règne dans le pays. Ils ont voulu protéger la monarchie, ils vont précipiter sa chute !..

    L'effet de ces événements est quasi immédiat : le 11 Juillet, Hérault de Séchelles (1) et les Girondins font proclamer par l'Assemblée la « Patrie en danger ». Tous les corps administratifs et les municipalités siègent en permanence. Toutes les gardes nationales sont rappelées sous les armes. On enrôle dans les rues de la capitale, alors même que des milliers de gardes nationaux, les « Fédérés »,  font route vers Paris pour célébrer la Fête de la Fédération du 14 Juillet.

  

    Ce sont ces Fédérés, invités à rejoindre la capitale, en dépit du veto du Roi, qui vont jouer un rôle déterminant dans la suite des événements. Dès leur arrivée, ils sont pris en main par les Sociétés populaires. Robespierre*, qui a bien compris quel parti on pouvait tirer de ce renfort d'hommes jeunes et tout dévoués à la cause de la Révolution, ne ménage pas ses efforts pour les « colérer », selon sa propre expression. Les sections siègent en permanence et rédigent des pétitions que les Fédérés vont, eux-mêmes, présenter à l'Assemblée nationale. Toutes sont inspirées par l'Incorruptible;  toutes demandent la déchéance du Roi.

    Dans le même temps, les Sections parisiennes s'organisent : elles créent le 27 Juillet un Bureau de Correspondance à l'intérieur de la Commune pour leur permettre de communiquer entre elles de manière plus efficace et surtout plus rapide.

    Mais la vacance du pouvoir, qui fait suite à la démission du ministère Feuillant, a aiguisé l'appétit des Girondins : déjà des tractations sont menées avec la Cour par des Vergniaud, Gensonné, Guadet. Ces mêmes députés adoptent, subitement, une attitude opposée à celle qu'ils avaient il y a quelques jours à peine ! Brissot se prononce ouvertement contre la déchéance du Roi et le suffrage universel. C'en est trop pour Robespierre* qui, le 29 Juillet, dénonce avec violence « le jeu concerté entre la Cour et les intrigants de la Législative ». Il réclame la dissolution immédiate de l'Assemblée et son remplacement par une Convention chargée de réformer la Constitution.

    Le 30 Juillet, la Section du Théâtre Français, ouverte jusqu'à ce jour, comme toutes les sections parisiennes aux seuls citoyens actifs (2), déclare la mise en place, en son sein, du suffrage universel. Danton, en tant que Président, fait voter une déclaration qui stipule :

 

« La patrie étant en danger, tous les hommes français sont, de fait, appelés à la défendre; que les citoyens vulgairement et aristocratiquement connus sous le nom de citoyens passifs sont des hommes français, partant qu'ils doivent être et qu'ils sont appelés tant dans le service de la garde nationale pour y porter les armes que dans les sections et dans les Assemblées primaires pour y délibérer (...) »

«  En conséquence, les citoyens qui ci-devant composaient exclusivement la Section du Théâtre Français déclarent hautement leur répugnance pour leur ancien privilège, appellent à eux tous les hommes français qui ont un domicile quelconque dans l'étendue de leur section, leur promettent de partager avec eux l'exercice de la portion de souveraineté qui appartient à la section, de les regarder comme des frères, concitoyens, co-intéressés à la même cause et comme défenseurs nécessaires à la déclaration des droits, de la liberté, de l'égalité et de tous les droits imprescriptibles du peuple et de chaque individu en particulier. »  (3)

 

    Rien ne prouve, mais tout laisse supposer que le texte de cette déclaration soit de la main de Danton. On reconnaît assez bien là le ton même de ses discours !

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (18 / 52)

 

La famille royale s'est réfugiée à l'Assemblée et a été installée dans la loge du logographe

 

 

Dès le lendemain, la Déclaration de la Section du Théâtre Français est affichée. Elle fait l'effet d'un véritable appel à la rébellion. Ce même jour arrivent à Paris les fédérés marseillais qui prennent leurs quartiers aux Cordeliers. Danton les harangue et leur fait même, selon un rapport de police, distribuer des cartouches.

 

    Paris est en effervescence. La fièvre révolutionnaire monte de jour en jour, au fur et à mesure que les Fédérés rallient la capitale. C'est dans cette ambiance survoltée que le texte du Manifeste de Brunswick, rédigé à Coblence, est diffusé à Paris au matin du 1er Août. Très certainement inspiré par Marie-Antoinette* dans le but d'effrayer les révolutionnaires les plus ardents, le manifeste est une menace à l'encontre du peuple parisien :

 

« ...S'il était fait le moindre mal à la famille royale, la ville de Paris serait livrée à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés aux supplices qu'ils auront mérités.. »

 

    Le texte va produire l'effet inverse de celui qui était escompté par ses auteurs : il met le feu aux poudres. Les Sections de la capitale se réunissent en toute hâte et rédigent de nouvelles pétitions demandant, à nouveau, la déchéance du Roi. Certaines vont encore plus loin, comme la Section de Monconseil qui déclare solennellement ne plus reconnaître Louis XVI* comme Roi de France !

    Le 4 Août, la Section du Théâtre Français, encore elle, prend un arrêté qui supprime l'Etat Major de la Garde nationale composé « de courtisans plus empressés à complaire aux hommes puissants qu'à rendre des services à la Commune et à la Patrie.. » Quarante-sept sections demandent la déchéance du Roi par une pétition présentée à l'Assemblée nationale par le Maire Pétion. Dans le même temps, Robespierre* dénonce un complot formé par les aristocrates pour faire évader Louis XVI*. On parle, en effet, à nouveau d'une tentative de La Fayette* pour faire sortir le Roi et sa famille de la capitale.

 

    Le 6 Août, alors que les multiples pétitions sont toujours demeurées sans effet, la Section des Quinze-Vingt, présidée par Santerre, fixe au 9 Août la date extrême à laquelle l'Assemblée devra se prononcer sur la déchéance du Roi. « Sinon, à minuit, le tocsin sonnera, et la générale battra, et tout le monde se lèvera, à la fois, à l'instant.. » (4)  C'est un ultimatum !... Le processus est enclenché; rien ni personne ne pourra maintenant l'arrêter.

 

 

 

   

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (18 / 52)

 

Prise des Tuileries - Journée du 10 août 1792

   

 

Que fait Danton pendant ces préparatifs d'insurrection ? Il part à Arcis-sur-Aube ! Il en donnera l'explication lors de son procès devant le Tribunal révolutionnaire :

 

« Je fus à Arcis, parce que Danton est bon fils, passer trois jours, faire mes adieux à ma mère et régler mes affaires. Il y a des témoins... » (5)

 

    Danton craint-il à ce point pour sa vie, ou tout au moins pour sa liberté, à la veille d'événements dont la date est programmée et qu'il envisage comme des événements qui pourraient être tragiques ? On a beaucoup de mal à imaginer  le bouillonnant Danton sous ce jour là, et l'explication fournie au Tribunal révolutionnaire paraît bien mystérieuse !

 

    Au cours de la journée du 8 Août se déroule à l'Assemblée Législative un nouvel incident qui va finir d'exaspérer les patriotes : à une très forte majorité (les deux tiers) les députés refusent de décréter d'accusation La Fayette*. Le soir, plusieurs députés modérés sont conspués et même molestés par les sans-culottes.

 

    Arrive la soirée du 9 Août et l'heure à laquelle l'ultimatum des sections vient à expiration. Danton est revenu à Paris, plusieurs témoins en attestent. Il prend une part active à la préparation de l'insurrection. A la fin de l'après midi, alors que les rassemblements dans les sections se font de plus en plus nombreux, Danton est passé à l'action. De la tribune des Cordeliers, il appelle les parisiens aux armes :

 

« Hâtez-vous, car cette nuit même les satellites cachés dans le Château doivent faire une sortie sur le peuple et l'égorger avant de quitter Paris pour rejoindre Coblence. Sauvez-vous donc ! Aux armes ! » (6)

 

 On attend toujours des nouvelles de la Législative. Les députés vont-ils enfin prendre une décision ? L'Assemblée, au soir du 9 Août, est clairsemée; beaucoup de députés ne sont pas venus siéger par peur. Elle se sépare après avoir, une nouvelle fois, ajourné la décision relative à la déchéance du Roi. La mécanique de l'insurrection se met alors en marche.. Les sections parisiennes envoient leurs représentants à l'Hôtel de Ville pour siéger aux côtés du Conseil Général. Au petit matin, 28 sections sont ainsi représentées et s'instituent commune insurrectionnelle en remplacement du Conseil général. Pétion, le Maire, est assigné à résidence.

 

    Le rôle de Danton dans cette nuit, au cours de laquelle l'émeute se prépare, est bien équivoque. Des témoins prétendent que Danton, dans la nuit du 9 est allé se coucher. Puis on l'a vu sortir vers minuit, se rendre à sa section, avant de regagner son domicile pour se remettre au lit. C'est à l'aube, le 10 Août, sur la demande expresse de nombreux patriotes qui viennent le solliciter chez lui, qu'il se rend à l'Hôtel de Ville et prend place au sein de la Commune insurrectionnelle qui vient de remplacer l'Assemblée municipale légale.

 

    La milice est commandée, cette nuit là, par le Marquis de Mandat. La Commune insurrectionnelle le fait convoquer et l'accuse aussitôt de trahison. On l'arrête, on prépare son transfert à la prison de l'Abbaye lorsque, vers 7 heures du matin, il est abattu par un des lieutenants de Santerre, sur les marches de l'Hôtel de Ville. Ordre de Danton, dira-t-on ! Et Danton lui-même ne démentira pas cette accusation devant le Tribunal révolutionnaire.

     Santerre prend alors le commandement de la Garde nationale.

  Vers huit heures, ce sont les Fédérés marseillais qui pénètrent les premiers dans la cour du Château. La garde Suisse ouvre le feu, obligeant les Marseillais à reculer. Louis XVI*, dès le début de l'assaut, a quitté les Tuileries avec sa famille pour se réfugier à l'Assemblée nationale toute proche. C'est de l'enceinte du Manège qu'il entendra le bruit de la fusillade : les Fédérés se sont regroupés, ils ont été rejoints par le peuple des Faubourgs et l'assaut est donné. Les Suisses repliés à l'intérieur du Palais sont littéralement massacrés. On tue et on égorge les soldats en armes mais aussi les domestiques et les quelques nobles qui se trouvaient encore dans les lieux. Une véritable fureur meurtrière s'empare des assaillants; ceux du château qui tentent désespérément d'échapper sont poursuivis jusque dans les jardins et les rues avoisinantes. Le Roi aurait bien fait passer, au plus fort de la fusillade, un billet donnant ordre de faire cesser le feu. Mais certains démentiront cette version des faits; et puis, de toute façon, il était déjà trop tard ! On dénombrera, à la fin de la matinée, un millier de morts dont près de 800 gardes Suisses.

 

 

    Comme dans d'autres circonstances et comme pour d'autres responsables révolutionnaires, tels Robespierre* ou Marat*, Danton ne se montre pas aux Tuileries. Il demeure à l'Hôtel de Ville pendant toute la journée du 10 Août où il se tient au courant du déroulement des événements. Ce n'est que tard, le soir du 10, qu'il regagne son domicile.

 

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (18 / 52)

 

Prise des Tuileries - Journée du 10 août 1792

 

 

 

 

 

(1)   HERAULT de SECHELLES (Marie Jean) : Né à Paris le 20 Octobre 1759. Riche, beau, intelligent, il est à 18 ans avocat au Châtelet de Paris. Parent de la Duchesse de Polignac, il est présenté à la Reine et obtient, en 1785, la charge d'avocat général.

Il est élu par Paris à la Législative puis par la Seine et Oise à la Convention. Il sera successivement Feuillant, Girondin puis Montagnard. Le 11 Juillet 1792, il prononce le discours célèbre demandant la proclamation de la "patrie en danger".

Il entrera au Comité de Salut Public en 1793 et se fâchera avec Saint-Just* qui lui reprochait sa désinvolture. Celui-ci l'accusera bientôt d'avoir livré des secrets diplomatiques à l'Autriche.

Mêlé à Danton, Fabre d'Eglantine, Camille Desmoulins*, il sera guillotiné le 5 Avril 1794 à Paris.

 

(2)   citoyens actifs : Les citoyens "actifs" ont seuls le droit de vote pour choisir les élus municipaux et les électeurs qui voteront pour les Administrateurs de Districts ou de Département et les représentants à l'Assemblée.

Il faut être de sexe masculin, avoir plus de vingt-cinq ans, être domicilié dans le canton depuis au moins un an, ne pas être fonctionnaire ni en situation de banqueroute ou de faillite et payer un impôt direct au moins égal à trois jours de salaire d'un ouvrier non qualifié.

En Mai 1791, le nombre de citoyens actifs est de 15,6 % de la population totale de la France.

 

(3)   cité par Louis BARTHOU  "Danton"  op. cit. Pages 80-81

 

(4)   cité par Albert MATHIEZ  "Le 10 Août"  op. cit. Page 90

 

(5)   cité par Louis BARTHOU  "Danton"  op. cit. Page 83

 

(6)   cité par Pierre LABRACHERIE  "Camille Desmoulins"

       Hachette, Paris, 1948,  page 143

 

 

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (18 / 52)

 

Prise des Tuileries - Journée du 10 août 1792

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (19/52)

 

DANTON ENTRE AU MINISTERE :  AOUT 1792

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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