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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 07:00
LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (9)

 

 

   

UN RICHE MARIAGE : 1772

 

 

 

    Avec la complicité de son oncle le Bailli, avec qui il s'est complètement réconcilié, Gabriel-Honoré de Mirabeau va donc se lancer dans ses recherches concernant l'épouse idéale. La tâche n'est pas extrêmement difficile. Les terres provençales abritent une ville plus brillante, plus raffinée, plus riche que toutes les autres ; il s'agit bien sûr d'Aix. Il lui faut donc orienter ses recherches de ce côté là. Parmi les membres de l'aristocratie aixoise, ceux qui ont édifié des beaux hôtels particuliers autour des places ombragées, une famille a acquis une renommée dans toute la région : les Covet de Marignane. Le marquis de Marignane a fait bâtir de magnifiques seigneuries sur les rives de l'Etang de Berre. Et il se trouve que la famille a une fille unique, Emilie, qui bien évidemment est une demoiselle fort courtisée, bien qu'elle ne soit pas très jolie. On connaît bon nombre de ses prétendants, forts riches et bien nés eux aussi, tous prêts à fermer les yeux sur les aspects disgracieux de la jeune fille à qui ils trouvent beaucoup d'autres attraits !... On cite, parmi ceux-ci, le marquis de Grammont et le marquis de La Valette, sans savoir encore qui de ces deux fils de famille l'emportera.

 

    Probablement parce qu'il n'a aucune confiance dans les capacités de négociateur de son frère aîné, c'est le Bailli qui prend les opérations en mains. Il rencontre le marquis de Marignane et lui demande officiellement la main de sa fille pour son neveu Gabriel-Honoré, comte de Mirabeau. Dans son esprit, le renom des Mirabeau doit, à lui seul, suffire à convaincre le marquis. Et pourtant, le Bailli s'entend répondre que la jeune fille est déjà fiancée au marquis de La Valette et qu'il serait mal venu d'insister. Il en conclut donc qu'il faut renoncer à ce projet mais cette conclusion, pourtant logique, ne satisfait pas du tout Gabriel-Honoré. Celui-ci se refuse à renoncer avant qu'il n'ait reçu la preuve que tout est définitivement perdu. De plus en plus sur de ses talents de séducteur il décide donc de faire sa cour à mademoiselle de Marignane et il verra bien...

    Mirabeau se montre alors dans toutes les soirées fréquentées par les bonnes familles aixoises. Il parade dans son uniforme flambant neuf de capitaine des Dragons, déploie des trésors de séduction pour amadouer tout ce qui à Aix peut compter. Bien sûr, il poursuit avec assiduité mademoiselle de Marignane qui, après quelques semaines, reconnaît en privé qu'elle le trouve beaucoup plus drôle que le marquis de La Valette. On voit Gabriel-Honoré et Emilie de plus en plus souvent ensemble. Elle rit beaucoup, ce qui n'était pas dans ses habitudes. On aperçoit même, de temps à autre, la voiture du comte de Mirabeau stationnée la nuit dans une petite rue à l'angle de l’hôtel de Marignane. Les habitants du quartier s'en amusent; d'autant plus que le marquis de Marignane n'est évidemment pas au courant. Jusqu'à ce matin de Juin ou M. de Marignane découvre le pot aux roses : il se précipite dans la chambre de sa fille, y trouve Gabriel-Honoré dans le plus simple appareil et entre dans une fureur épouvantable.

    Il jure à sa fille qu'il est hors de question qu'elle épouse ce malotru. Quelques jours plus tard, la famille de Marignane, qui a analysé la situation avec toute la sérénité requise, a tôt fait de convaincre le marquis de laisser faire ce mariage. Emilie étant compromise, il est évident que le mariage avec ce comte de Mirabeau, pour lequel elle dit éprouver des sentiments, est tout de même la moins mauvaise solution !..

 

    M. de Marignane, la mort dans l'âme, se résout enfin à écrire à l'Ami des Hommes pour lui proposer Emilie pour son fils aîné. Profondément humilié et naturellement avare, M. de Marignane se montre parfaitement odieux dans les discussions relatives au contrat. On disait que la jeune Emilie pouvait disposer d'une fortune d'environ cinq cent mille livres. En fait, elle devra se contenter d'une dot de deux cent quarante mille livres, qu'elle ne pourra toucher qu'à la mort de son père, et d'une rente annuelle de trois mille livres.

 

    C'est beaucoup, beaucoup moins que ce que Gabriel-Honoré avait espéré.

 

    Le 23 Juin 1772, lorsque les mariés sortent de l’église du Saint-Esprit à Aix, où l'on vient de célébrer leur union, Mirabeau n'a pas eu encore le loisir de faire ses comptes.

    Il ne sait pas encore que son mariage avec Emilie de Marignane va rapidement devenir un cauchemar....

 

 

 

 

ILLUSTRATION : Emilie de Marignane

 

 

 

A SUIVRE

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (10)

LES LETTRES DE CACHET : 1773 - 1774

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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