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31 août 2017 4 31 /08 /août /2017 07:00
LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (34)

 

 

 

 

UN PREMER TOURNANT DANS LA CARRIERE DE MIRABEAU : JUIN 1789

  

 

 

 

    Dans le courant de la journée du 14 Juin, on a bien senti que les choses commençaient à bouger. L'Abbé Grégoire (1) qui déploie, depuis plusieurs jours, une énergie considérable pour tenter de convaincre le clergé de rejoindre les députés du Tiers, marque des points décisifs. Certains curés commencent à se montrer sensibles aux arguments qu'on leur présente.

    Et, effectivement, le lendemain, un groupe d'ecclésiastiques se rallie officiellement à l'assemblée du Tiers. Ils arrivent au moment où justement cette Assemblée s'échauffe. Le discours magistral de Mirabeau et le débat qui suit, les 15 et 16 juin, s'achève le 17 par une décision qui constitue un tournant dans la jeune histoire des Etats Généraux : l'assemblée du Tiers se proclame solennellement "Assemblée Nationale" aux cris de "Vive le Roi !"

 

    Mirabeau n'a pas réussi à convaincre ses collègues d'accepter la dénomination qu'il proposait; mais qu'importe ! Le Tiers Etat a enfin affirmé sa force et sa détermination. C'est bien là l'essentiel !.. D'ailleurs, chacun considère que l'événement qui vient de se produire est capital. Il n'y a guère que le roi, très mal conseillé depuis le début, pour considérer encore que sa position d'hostilité à l'égard de tout changement peut encore tenir. Certains lui suggèrent de faire quelques concessions pour calmer les esprits mais la reine et ses frères parviennent à le convaincre qu’il ne faut céder sur rien...

 

    Le 19 Juin,  après en avoir délibéré pendant plusieurs heures, le clergé vote sa réunion à l'Assemblée du Tiers par 149 voix contre 137. Le résultat du scrutin est serré, mais il montre bien que les curés ont finalement emporté la décision sur les prélats et le clergé de Cour.

 

    Le 20 Juin a lieu l'épisode connu du Jeu de Paume (2). Une partie des députés de la toute jeune Assemblée nationale trouvent porte close à la salle des Menus Plaisirs pour cause de travaux préparatoires à la séance royale. Après avoir crié au scandale et imaginé les pires manœuvres venant du pouvoir royal, ils s'installent dans la salle du Jeu de Paume, toute proche, et, au cours d'une séance mémorable, prennent le serment de ne se séparer qu'après avoir donné une Constitution à la France.

 

    La séance royale, prévue initialement le 22 Juin, est reportée au lendemain. Les députés doivent donc se mettre en quête, de nouveau le 22, d'une salle pour délibérer. Les ecclésiastiques proposent alors de prêter l'église Saint-Louis et, du coup, plus de la moitié des membres du clergé rejoignent l'Assemblée nationale.

    Enfin les choses bougent. On attend beaucoup de la séance royale du lendemain. On dit que le roi devrait annoncer de grandes nouvelles. Et pourquoi ne ferait-il pas des concessions ? Comment pourrait-il ignorer plus longtemps que la séparation des Etats Généraux en trois ordres est un principe dépassé ? Seule la noblesse campe encore sur ses positions...

 

    Le 23 Juin se tient la fameuse séance royale qui a été, par ses préparatifs dans la Salle des Menus Plaisirs, à l'origine de la fureur de l'Assemblée du Tiers.

    Le roi, fidèle aux principes qu'il a toujours énoncés, et contrairement à ce que certains avaient espéré, réaffirme sa volonté de voir les trois ordres siéger séparément. C'est ensuite le Garde des Sceaux, Barentin, qui prend la parole pour préciser les décisions de Louis XVI*. Il n'y a pas, là non plus, la moindre ouverture de la part du souverain : le vote, aux Etats Généraux, se fera bien par ordre, c’est à dire que le doublement des effectifs du Tiers Etat ne sert à rien; les décisions prises le 17 Juin par les députés du Tiers sont déclarées illégales et nulles. L'Assemblée nationale, née dans l’allégresse, et qui a tant échauffé les esprits ces derniers jours et fait germer tant d'espoirs chez les députés, vient d'être balayée d'un revers de main... (3)

    Les choses ayant été clairement précisées, le roi se retire, suivi de ses ministres. Les députés du clergé et de la noblesse quittent eux aussi la salle, obéissant ainsi aux ordres que vient de donner Louis XVI*. Les députés du Tiers restent sur leur banc, un peu ébahis par ce qu'ils viennent d'entendre, et c'est Mirabeau qui prend la parole :

 

«  Messieurs, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la Patrie si les présents du despotisme n'étaient pas toujours dangereux. Quelle est cette insultante dictature ? L'appareil des armes (4), la violation du temple national, pour vous commander d'être heureux. Qui vous fait ce commandement ? Votre mandataire. Qui vous donne des lois impérieuses ? Votre mandataire, lui qui doit les recevoir de vous, de nous, messieurs, qui sommes revêtus d'un sacerdoce politique et inviolable; de nous enfin, de qui seuls vingt-cinq millions d'hommes attendent un bonheur certain parce qu'il doit être consenti, donné et reçu par tous.

«  Mais la liberté de vos délibérations est enchaînée; une force militaire environne l'Assemblée ! Où sont les ennemis de la nation ?(...)

«  Je demande qu'en vous couvrant de votre dignité, de votre puissance législative, vous vous renfermiez dans la religion de votre serment; il ne nous permet de nous séparer qu'après avoir fait la Constitution. »   (5)

 

    Quelques instants plus tard, le marquis de Dreux-Brézé (6), Maître des Cérémonies, pénètre dans la salle des Menus Plaisirs et, s'adressant aux députés présents, clame d'une voix forte :

 

DREUX-BREZE : " Messieurs, vous avez entendu les intentions du Roi."

 

    Aussitôt Mirabeau se lève :

 

«  Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi; et vous, qui ne sauriez être son organe auprès des Etats Généraux; vous qui n'avez ici ni place, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »  (5)

 

    Des mots prononcés d'une voix de tonnerre et qui feront passer Mirabeau à la postérité même si la forme de cette intervention a été parfois contestée.

    Mais le Maître des Cérémonies, apostrophé par Mirabeau, réplique sur le même ton :

 

DREUX-BREZE : "  Je ne puis reconnaître en M. de Mirabeau que le député du bailliage d’Aix et non l’organe de l’Assemblée.. "

 

Et il se tourne vers Bailly (7) qui préside. Le célèbre astronome qui, depuis quelques jours, vit les moments les plus intenses de sa vie, en se demandant parfois ce qu’il vient faire là, répond avec une fermeté qui ne lui est pas habituelle :

 

BAILLY : "  Monsieur, l’Assemblée s’est ajournée après la séance royale; je ne puis la séparer sans qu’elle ait délibéré. "

 

DREUX-BREZE : " Est-ce bien votre réponse et puis-je en faire part au roi ? "

 

    Bailly acquiesce et Dreux-Brézé quitte la salle. Alors Mirabeau demande la parole pour, prévient-il, défendre une motion :

 

« C’est aujourd’hui que je bénis la liberté de ce qu’elle mûrit de si beaux fruits dans l’Assemblée nationale. Assurons notre ouvrage en déclarant inviolable la personne des députés aux Etats Généraux. Ce n’est pas manifester une crainte, c’est agir avec prudence; c’est un frein contre les conseils violents qui assiègent le trône.. »  (8)

 

    Mirabeau n’a en effet pas oublié les lettres de cachet qu’il a dû subir ni les années passées dans les prisons du roi. Il sait ce qu’il en coûte de braver l’autorité du monarque ou de ceux qui l’entourent. Mais, alors que Bailly se montre réticent à faire voter une telle motion, Mirabeau poursuit :

 

«  Si ma motion n’est pas adoptée, et si vous ne portez pas le décret, soixante députés, et vous tout le premier, serez arrêté cette nuit. »  (8)

 

    On passe finalement au vote et la motion de Mirabeau est adoptée par 493 contre 34 !.. Le député d’Aix, pour la première fois, a réussi à regrouper derrière lui la quasi-unanimité des représentants du Tiers. Il est devenu l’un des hommes clé de cette Assemblée.

 

 

 

 

 

(1)   Abbé GREGOIRE (Henri Baptiste) : Né le 4 Décembre 1750. Elève des Jésuites à Nancy, il est curé d'Emberménil à la Révolution. Elu aux Etats Généraux, il fréquente le Club Breton avec Barnave*, Pétion et Robespierre.

Il devient en 1790 le Président de la Société des Amis des Noirs. Il prête, dans les premiers, serment à la Constitution Civile du Clergé et est élu Evêque Constitutionnel du Loir et Cher.

Elu à la Convention, il refusera, malgré les pressions, d'abandonner la prêtrise. Membre du Conseil des Cinq Cents, il réunira un premier Concile national en 1797, puis un second en 1801, pour réorganiser l'Eglise de France. Adversaire de Napoléon, il sera pourtant nommé Comte en 1808. Il mourra à Paris le 28 Mai 1831.

 

(2)   Voir Louis XVI*

 

(3)   Idem

 

(4)   Sans doute pour faire céder plus facilement les députés du Tiers, une force militaire importante a pris place autour de la salle des Menus Plaisirs.

 

(5)   Archives Parlementaires  tome VIII page 146 in François FURET et Ran HALEVI  " Orateurs de la Révolution française"  op. cit. Vol I, pages 643-644

 

(6)   DREUX-BREZE (Henri Evrard, marquis de) : Né le 6 Mars 1766 à Paris. Grand Maître des Cérémonies en succession de son père en 1781, il est chargé d'organiser les Etats Généraux alors qu'il n'a que vingt-deux ans.

Il défendra la famille royale lors des événements du 10 Août 1792, puis vivra retiré en province. Il reprendra ses fonctions de Grand Maître des Cérémonies à l'arrivée de Louis XVIII en 1814. Pair de France, il mourra à Paris le 27 Janvier 1829.

 

(7)   BAILLY (Jean Sylvain) : Né à Paris le 15 Septembre 1736. Astronome, physicien, membre de l'Académie des Sciences. Elu aux Etats Généraux, il est Président de l'Assemblée Constituante jusqu'au 2 Juillet 1789. Elu Maire de Paris, il portera une partie de la responsabilité des massacres du Champs de Mars le 17 Juillet 1791. Détesté des révolutionnaires comme des royalistes il devra quitter Paris. Arrêté le 6 Septembre 1793, il sera guillotiné au Champs de Mars le 12 Novembre 1793.

 

(8)   Cité par Duc de CASTRIES  "Mirabeau"  op. cit. Page 330

 

 

 

 

ILLUSTRATION : Serment du Jeu de Paume par david

 

 

 

 

A SUIVRE

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (35)

LE VISIONNAIRE : 23 JUIN - 11 JUILLET 1789

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

K
Je l'ai trouvé !<br /> En revanche, je n'ai pas trouvé le 31
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J
Bonjour<br /> <br /> Et merci beaucoup pour l'intérêt que vous portez à mon Blog<br /> Mystère de l'informatique l'article du chapitre 31 a disparu. Je vous joins ci après le texte initial<br /> Bien cordialement<br /> <br /> Jean Pierre Ecxhavidre<br /> <br /> LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (31/62)<br /> <br /> <br /> <br /> UNE CAMPAGNE ELECTORALE AGITEEE : FEVRIER - AVRIL 1789<br /> <br /> <br /> <br /> Alors même qu'en Provence, Mirabeau peut espérer remporter ses premiers succès politiques, une nouvelle vague d'ennuis, en provenance de Paris, menace dangereusement la crédibilité du candidat aux élections. On a vu que son « Histoire secrète de la cour de Berlin », publiée sans nom d'auteur, avait fait quelque bruit dans la capitale. La description des dernières semaines de vie du Grand Frédéric II et des premiers mois de règne de son neveu Frédéric-Guillaume II, n'est pas toujours très élogieuse pour les deux monarques. La cour de Berlin s'en est plainte auprès du Ministre des Affaires Etrangères. L'ouvrage a d'ailleurs été brûlé sur les marches du Parlement mais le ministre Montmorin n'en est pas moins obligé de faire des excuses officielles à l'Ambassadeur de Prusse à Paris. Et l'on peut craindre que l’affaire ne s’arrête pas là !..<br /> Certains vont même jusqu’à réclamer une punition exemplaire pour l'auteur de ces lignes qui ont semé la zizanie entre la France et la Prusse. Pour ceux là, il ne fait aucun doute que l'auteur de l'ouvrage ne peut être que l'émissaire de Calonne à Berlin. Mirabeau est donc, une fois encore, en passe d'être poursuivi et peut-être même condamné. Il y là de quoi anéantir toutes ses ambitions politiques...<br /> <br /> Aussi, il n'hésite pas un seul instant. Avec un bel aplomb, il nie être l'auteur du livre incriminé et publie même un démenti dans le "Journal de Paris" :<br /> <br /> « Je ne connais point l'ouvrage dont il est question. Le crédit, une habile noirceur, la dextérité de la perfidie se seraient-ils emparés d'une partie des lettres que j'ai pu et dû écrire aux ministres du Roi ? Aurait-on trouvé plaisant ou jugé utile de les mutiler, de les falsifier, de les empoisonner, d'y faire des additions répréhensibles ?<br /> « Cet ouvrage pourrait faire croire que je suis méchant ou fou !.. » (1)<br /> <br /> Quoiqu’il soit tout à fait invraisemblable que l'on ait pu dérober aux ministres du Roi les lettres de Mirabeau, comme il le prétend, sa thèse va finir par triompher car personne ne peut apporter de preuves suffisantes pour le faire inculper. Et Mirabeau, toujours fort habile, on le sait bien, profite du fait que l'on parle beaucoup de lui pour exploiter la situation à son avantage :<br /> <br /> « Je ne suis pas moins qu'un chien enragé, auxquels les provençaux ne sauraient donner la moindre confiance. J'ai répondu à ceux qui m'ont dit cela : c'est une grande raison de m'élire si je suis un chien enragé, car le despotisme et les privilèges mourront de ma morsure... » (2)<br /> <br /> Heureusement, toutes ces histoires qui viennent de Paris ne semblent pas passionner les aixois qui continuent à accorder toute leur confiance à Mirabeau. Le succès qu'il a reçu ici lors de son arrivée ne s'est pas démenti depuis, bien au contraire. Il se sort finalement de cette nouvelle affaire sans grand dommage si ce n’est une brouille sévère avec son ami Talleyrand qui ne lui pardonnera que sur son lit de mort.<br /> <br /> Ses démêlés avec la noblesse ont définitivement convaincu Mirabeau de se présenter aux élections comme représentant du Tiers Etat. Ce qu'il a dit, et surtout écrit sur le sujet, lui interdit d'ailleurs de changer d'avis. La question qui se pose encore est de savoir où se porter candidat. Certes l'accueil chaleureux que lui a réservé la ville d'Aix le fait pencher vers cette solution. Mais il hésite encore... Marseille est une ville bien plus importante. Est-ce que son prestige ne serait pas plus grand s'il allait plutôt briguer les suffrages des marseillais ? Avant de faire un choix définitif, il décide d'aller voir sur place. Lorsqu'il arrive à Marseille, le 16 Mars 1789, la population lui fait un véritable triomphe. Il va séjourner plusieurs jours dans la ville et l'enthousiasme des marseillais à son égard ne fléchira pas. Cette liesse populaire déclenchée par sa visite à Marseille, Mirabeau en fait lui-même la description dans une lettre au comte de Caraman (3). Il faut, bien sûr, interpréter un peu ce récit et tenir compte d'une certaine part d'exagération. Il faut également noter que la modestie de Mirabeau n'a guère progressé avec le temps !<br /> <br /> « Figurez-vous, Monsieur le Comte, cent vingt mille individus dans les rues de Marseille, toute une ville si industrieuse et si commerçante ayant perdu sa journée, les fenêtres louées un ou deux louis, les chevaux autant; mon carrosse couvert de palmes, de lauriers et d'oliviers; le peuple baisant les roues; les femmes m'offrant leurs enfants en oblation; cent vingt mille voix, depuis le mousse jusqu'au millionnaire, poussant des acclamations et criant -Vive le Roi ! Quatre ou cinq cents jeunes gens des plus distingués de la ville me précédant à cheval, trois cents carrosses me suivant... » (4)<br /> <br /> Mirabeau, on s'en rend compte, est totalement conquis par Marseille. Même s'il y a une ombre au tableau idyllique qu'il vient de dresser : la présence d'un autre candidat potentiel, et non des moindres, puisqu'il s'agit de l'abbé Raynal. Lorsqu'il quitte Marseille le 20 Mars, Mirabeau a pris la décision d'affronter ce rival en étant persuadé que son prestige personnel finirait par l'emporter. Il apprend, quelque temps plus tard, que c'est l'abbé qui a finalement renoncé, pensant probablement que la tâche serait trop rude pour lui !..<br /> <br /> La liesse des marseillais accueillant Mirabeau se transforme quasiment en émeute après son départ. Le comte de Caraman, chargé du maintien de l'ordre, semble même débordé. A tel point qu'il adresse à Mirabeau un véritable appel au secours :<br /> <br /> « Vous aimez trop l'ordre pour ne pas sentir la conséquence des assemblées nombreuses dans un moment où il règne (..) une effervescence effrayante. Vous ne pouvez donner une plus grande preuve de votre amour pour le roi qu'en calmant les esprits. » (5)<br /> <br /> Mais, lorsque lui parvient ce message, Mirabeau est encore sous le coup de l'euphorie de la victoire remportée à Marseille; les vivats et les acclamations lui résonnent encore aux oreilles. Au représentant du pouvoir royal il répond, le 22 Mars, sur un ton extrêmement sec et hautain et, pour donner plus d’ampleur à sa réplique, il fait aussitôt publier, à Aix et à Marseille, le contenu de leur correspondance :<br /> <br /> « Le mécontentement universel que vous traitez d'effervescence a des motifs trop connus pour ne pas lever tous vos doutes.<br /> - D'abord le peuple meurt de faim; voilà un sujet.<br /> - Les principaux mandataires de l'autorité dans cette province sont accusés depuis quatre ans des brigandages des blés; voilà un autre sujet. » (6)<br /> <br /> Chacun doit pourtant se rendre à l'évidence : les rassemblements qui se multiplient dans Marseille, les 23 et 24 Mars, ressemblent de plus en plus à une émeute. Il ne s'agit plus de célébrer les mérites de Mirabeau mais plutôt de manifester contre les autorités constituées. La situation est en effet catastrophique : le peuple a faim, les prix ne cessent d'augmenter, la spéculation bat son plein. D'ailleurs, dans les rassemblements, on peut voir de plus en plus d'hommes en armes. Des compagnies se forment et marchent sur l'Hôtel de Ville.<br /> Mirabeau s'adresse à la foule assemblée. Il parvient à ramener le calme après avoir ordonné, pour le lendemain 25 Mars, une distribution de blé à prix réduit. L'autorité est maintenant entre ses mains, sans d’ailleurs qu’il n’ait rien fait pour cela !.. Caraman, totalement dépassé par les récents événements, laisse faire. Il laisse faire encore, lorsque Mirabeau décide d'aller rendre visite à l'évêque de Marseille pour lui demander que les curés de paroisses réunissent la population dans les églises et incitent les habitants à ramener le calme. L'opération réussit : le nom de Mirabeau semble faire des miracles.<br /> Mais, contre l'incendie qui se répand maintenant dans toute la Provence, même Mirabeau a beaucoup de mal à faire face. Après Marseille, les émeutes gagnent Toulon où la violence fait rage. La Mairie est assiégée, le maire manque de très peu d'y laisser la vie tant la foule est furieuse. Dans les villages alentours, on attaque les châteaux, on pille, on assassine les nobles. Le 27 Mars, la vague de violence atteint la ville d'Aix. Mirabeau s'y rend le 28 dans l'après-midi et fait appliquer des mesures analogues à celles qu’il avait fait prendre à Marseille. Il parcourt la ville, se fait reconnaître, lance des appels au calme, organise une garde bourgeoise. Le lendemain la ville d’Aix, à son tour, est apaisée et Mirabeau peut reprendre le chemin de Marseille. A peine arrivé, il apprend avec fureur que les autorités d'Aix ont lancé des représailles contre les émeutiers.<br /> <br /> Toute cette agitation a eu un mérite : elle a beaucoup servi la popularité de Mirabeau qui s’est montré partout où le peuple était assemblé, qui a su lui parler et lui montrer qu’il était un homme de confiance plus qu’un agitateur !..<br /> Ramenant le calme au plus fort des émeutes, sachant prendre les décisions courageuses, Mirabeau est parvenu à se donner, en quelques jours, et avec l’aide d’un concours de circonstances heureux, un profil d’homme d’état. Il est donc plutôt serein lorsque, dans les premiers jours d’Avril, il attend les élections.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) Cité par Antonia VALENTIN "Mirabeau avant la Révolution" op. cit. Page 491<br /> Egalement par Claude MANCERON "Les Hommes de la Liberté" op. cit. Vol V, page 339<br /> <br /> (2) Mémoires de Mirabeau cité par Claude MANCERON "Les Hommes de la Liberté" op. cit. Vol V, page 340<br /> <br /> (3) Commandant de la Provence<br /> <br /> (4) Cité par G. GUIBAL "Mirabeau et la Provence" op. cit. Page 321 et Claude MANCERON "Les Hommes de la Liberté" op. cit. Vol V, page 356<br /> <br /> (5) Mémoires de Mirabeau cité par Claude MANCERON "Les Hommes de la Liberté" op. cit. Vol V, page 358<br /> <br /> (6) Cité par G. GUIBAL "Mirabeau et la Provence" op. cit. Page 323<br /> Egalement par Claude MANCERON "Les Hommes de la Liberté" op. cit. Vol V, page 358<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />

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