On s’y attendait un peu. Le groupe Les Républicains est profondément divisé entre deux groupes qui semblent irréconciliables. D'un côté, les "Républicains constructifs UDI indépendants" dont le leader est Thierry Solère, de l'autre, Les Républicains de Christian Jacob : le principal parti de droite et du centre sera scindé en deux à l'Assemblée nationale.
Le député LR Thierry Solère, au côté du président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, a annoncé mercredi 21 juin la création d'un groupe de "constructifs" à l'Assemblée, qui rassemble jusqu'alors une vingtaine de députés LR et 18 UDI et sera entériné mardi prochain. "J'ai réuni des parlementaires Les Républicains, une vingtaine a acté l'envie de créer ce groupe" des "Républicains constructifs UDI indépendants", pour "accompagner les réformes qui vont dans le bon sens, s'opposer quand il le faudra" à la politique d'Emmanuel Macron, a déclaré M. Solère lors d'une conférence de presse.
Troisième force politique de l’Assemblée Nationale
Pour M. Lagarde, selon lequel "18 parlementaires" UDI ont déjà la "volonté de construire un groupe le plus large possible", celui-ci peut devenir "la troisième force politique de l'Assemblée". "D'autre parlementaires ont vocation à nous rejoindre, nous avons prévu un fonctionnement très ouvert", a ajouté M. Solère, en présence notamment des élus LR Franck Riester, Pierre-Yves Bournazel ainsi qu'Agnès Firmin Le Bodo, qui a succédé à Edouard Philippe dans sa circonscription de Seine-Maritime et des UDI Philippe Vigier et Yves Jégo.
Pas de nouveau parti politique pour le moment
Interrogé sur la création d'un futur parti commun, il a répondu: "Nous verrons ensuite les conséquences de tout cela". Quant à l'idée que ce groupe soit le fruit d'une demande du Premier ministre, il a réfuté être "aux ordres du gouvernement" et indiqué que les députés de ce groupe seraient "dans une logique soit de confiance a priori, soit dans une logique d'abstention" vis-à-vis d'Edouard Philippe. Le groupe n'a "pas vocation à obéir au Premier ministre", mais il serait "ridicule de ne pas discuter" avec lui, a renchéri M. Lagarde, précisant qu'il serait inscrit auprès de l'Assemblée "comme groupe d'opposition", ce qui octroie davantage de moyens.
Christian Jacob élu président du groupe Les Républicains
De son côté, Christian Jacob a été réélu mercredi 21 juin président du groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale, par 62 voix contre 32 à l'autre candidat, Damien Abad. Le député-maire de Provins (Seine-et-Marne), âgé de 57 ans et à la tête du groupe (ex-UMP) depuis l'automne 2010, a obtenu quasiment deux tiers des suffrages, le reste allant au député de l'Ain de 37 ans, un des anciens porte-parole de la campagne présidentielle de François Fillon.
Quelque 19 députés n'auraient pas pris part au scrutin, selon un participant. "Faire 33%, c'est un excellent résultat vu les circonstances. Notre ligne politique et notre demande de renouvellement ont été entendues dans les urnes", s'est M. Abad, un ancien proche de Bruno Le Maire.
Les deux candidats en lice se différenciaient notamment sur la stratégie face au nouveau pouvoir. "Notre groupe, réduit mais vivant, doit être le fer de lance de l'opposition que nous ne pouvons laisser ni à l'extrême gauche, ni à l'extrême droite", plaidait M. Jacob dans sa lettre de candidature. M. Abad défendait pour sa part la ligne d'une droite "ni ralliée, ni dans une opposition frontale" face à la majorité du président Emmanuel Macron.
Le président sortant du groupe LR, qui soulignait avoir "toujours servi sa famille politique, dans les bons comme les mauvais moments", promettait aussi de "continuer sans relâche, à veiller à l'expression de toutes les sensibilités gaulliste, libérale, démocrate-chrétienne, humaniste". M. Abad affichait pour sa part sa volonté d'être "le porte-voix des députés de terrain" et de "faire vivre la démocratie interne".