Candidats diamétralement opposés sur l'Europe, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont des projets radicalement différents pour l'Union européenne.
Quand la candidate du Front National fait retirer le drapeau européen du plateau de TF1, celui d’ »En marche ! » le brandit dans ses meetings. Si l’une parle beaucoup de l’euro (93 occurrences, contre 40 pour lui depuis le 30 janvier selon «Le poids des mots») qu’elle souhaite remplacer par le franc, l’autre met au contraire l’Europe en avant (260 mentions, contre 105 pour elle). Voici leurs mesures clés.
Marine Le Pen
Sortir de la zone euro
La candidate a précisé son calendrier. D’abord, des négociations avec l’Union européenne dans les six mois, jusqu’aux élections allemandes et italiennes, pour créer « une nouvelle Europe ». Et un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne et le retour au franc. En cas de désaveu, elle s’engage à démissionner de la Présidence de la République donc une nouvelle élection présidentielle serait organisée. Pour la candidate du Front national, l’euro serait un «boulet», responsable de tous les maux économiques du pays. Son abandon ferait baisser le chômage et redonnerait sa « liberté » à la France. Une vision dénoncée par la majorité des économistes, qui soulignent le chaos et la crise que cette décision engendrerait. Quant aux nombreux Prix Nobel que Le Pen cite souvent, 25 d’entre eux viennent de signer une tribune dans « Le Monde » pour dénoncer l’instrumentalisation de leur pensée par le FN.
Créer une Europe des nations et des coopérations
Fustigeant la Commission européenne, « néfaste » à ses yeux, elle voudrait fonder une « Europe des nations libres et souveraines » qu’elle détaille peu, mais dans laquelle elle pense que « la Russie a sa place ».
Rétablir les frontières
La suspension des accords de Schengen serait la première des dix mesures qu’elle prendrait sitôt élue (meeting d’Arcis-sur-Aube). Elle la justifie ainsi : « Nous avons ouvert la porte de la maison France aux mafias et aux terroristes » (meeting à Paris). Sans mentionner que la plupart de ceux ayant commis un attentat sur le territoire sont de nationalité française.
Supprimer la directive "détachement"
Ce texte, selon la députée européenne, créerait une «priorité étrangère à l’emploi».
Refuser les traités de libre-échange
Avec le choix du protectionnisme, Marine Le Pen promet « de retrouver des armes dans la mondialisation » et prend exemple sur Donald Trump.
Emmanuel Macron
Renforcer la gouvernance de la zone euro
Le plus « europhile » des candidats souhaite la création d’un Parlement, d’un ministère de l’Economie et d’un budget pour les 19 membres de la zone euro. Objectif : davantage d’efficacité et d’autonomie au sein de l’Union européenne. Encore faudra-t-il réussir à convaincre les autres, à commencer par l’Allemagne.
Harmoniser les mesures sociales
Conscient des différences dans ce domaine, le candidat veut élaborer un socle commun pour les droits sociaux. En tenant compte du développement inégal des Etats membres. « Nous nous battrons contre les abus liés au travail détaché », promet-il aussi, en proposant des contrats d’une durée maximale d’un an pour lutter contre une « concurrence sociale déloyale ».
Batailler contre l’optimisation fiscale
C’est la priorité de son action européenne : le blocage des tactiques utilisées par les grands groupes de l’Internet pour réduire leurs impôts. Elle implique l’invalidation des arrangements fiscaux comme celui entre Apple et l’Irlande. « Nous défendrons, au niveau européen, une taxe sur le chiffre d’affaires réalisé dans nos pays pour des prestations de service électronique. Cela éliminera ainsi les montages consistant à rapatrier les profits dans des paradis fiscaux. » Mais l’harmonisation fiscale (assiette commune) est discutée depuis plus de dix ans à Bruxelles, qui échoue à aboutir.
Favoriser les initiatives citoyennes
Le candidat projette d’organiser des « conventions démocratiques » dans chacun des 27 Etats. Un moyen de permettre l’expression des critiques contre Bruxelles, avec l’élaboration d’une « feuille de route » qui aboutirait à un projet validé par les participants le souhaitant et à sa mise en œuvre dans les cinq ans.
Renforcer la coopération en matière de sécurité
Avec deux suggestions : créer une force de 5 000 gardes frontières européens et mettre en place une politique commune dans le renseignement.
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